Dansle cadre de Bruges 2002, capitale culturelle de l'Europe, une expérience originale fut tentée par l'association «Art en marge». Quatre artistes plasticiens (Jacques Charlier, Bob Verschuren, Ronny Delrue et Frédéric Gaillard) ont préparé des oeuvres avec quatre handicapés. Ils ont travaillé en duos pendant cinq
AccueilArtsLe photographe Antoine Bruy est parti Ă  la rencontre de ceux qui ont choisi de vivre en marge des villes et de leurs autant une sĂ©rie de portraits que le carnet de bord d’une annĂ©e sur la route. Ce sont bien sĂ»r les paysages, les points de vue Ă©poustouflants, mais Ă©galement ces traces de vie dans une nature luxuriante qu’Antoine Bruy a tentĂ© de documenter avec Scrublands “les brousses” en français. La sĂ©rie du jeune photographe lillois a rapidement attirĂ© l’attention d’une foule de mĂ©dias anglo-saxons dĂ©sirant l’interroger sur son rapport avec cet “objet” singulier, mais Ă©galement connaĂźtre l’histoire derriĂšre cette galerie de de routeC’est le hasard et le voyage qui ont amenĂ© Antoine Bruy Ă  Scrublands. D’abord en stop Ă  travers les campagnes françaises, le photographe rencontre pour la premiĂšre fois l’objet qu’il tentera d’apprĂ©hender quelques annĂ©es plus tard. C’est ensuite en Australie, au cours d’un sĂ©jour dans une ferme, grĂące au rĂ©seau WWOOF pour “World Wide Opportunities on Organic Farms” qu’il prĂ©cise son projet de reportage et planifie le voyage qui en 2010 et 2013, grĂące au rĂ©seau, Antoine Bruy visitera de nombreuses fermes et vivra mĂȘme un an sur la route en Europe, passant de fermes en fermes.“Pour ce qui est du rĂ©seau WWOOF, un site internet rĂ©pertorie toutes les annonces des fermiers qui se proposent d’accueillir des gens. À partir de lĂ , j’ai choisi certains types de fermes j’ai commencĂ© Ă  m’intĂ©resser Ă  des Ă©leveurs qui faisaient du bio, puis aux gens qui avaient une activitĂ© agricole et surtout, qui Ă©levaient sans l’intention de vendre.”Les photos du diplĂŽmĂ© de l’école nationale des arts visuels de Bruxelles sont plus que documentaires. Flirtant avec la sphĂšre de l’intime, elles dĂ©voilent un mode de vie autant que des scĂšnes que l’intĂ©ressĂ© n’aurait pu capturer sans ĂȘtre pleinement en immersion. Et il ne s’en cache pas.“Quand j’arrivais dans une ferme, je ne disais pas que j’étais photographe. C’était important pour moi d’avoir un premier contact et de voir s’il y avait une alchimie avec les personnes que je dĂ©sirais photographier. C’est ce qui m’intĂ©resse dans la photo tisser des liens avec des gens et prendre des images que je n’aurais pas pu prendre autrement.”Certains clichĂ©s en sont un tĂ©moignage poignant.“Je voulais photographier l’autosuffisance, pas l’autarcie !”Face Ă  ces populations, c’est un sujet particulier que l’artiste voulait traiter et tout un tas de fils philosophiques qu’il voulait tirer comment peut-on vivre Ă  l’écart des villes et de leurs fracas ? Quelles sont les raisons et la nature de cet exil ? De quoi est-il fait et comment ces populations parviennent Ă  survivre Ă  l’écart de tout, dans des territoires qui semblent hostiles pour le commun des “citadines” ? Autant de questions qu’Antoine Bruy a Ă©prouvĂ©es au contact des fermiers qu’il a rencontrĂ©s.“Aucune personne n’était complĂštement exilĂ©e, ne serait-ce que parce qu’ils accueillaient des Woofer
 La thĂ©matique que j’aborde dans cette sĂ©rie reste celle de l’autosuffisance, pas de l’autarcie. Pour ce qui est de l’exil en tant que tel, les situations Ă©taient assez disparates certains avaient fait des choix extrĂȘmes – pas de machines, pas de pĂ©trole – mais la plupart possĂ©daient des ordinateurs, des portables. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, cet exil Ă©tait fait pour des raisons militantes.”Des fermes isolĂ©es des campagnes europĂ©ennes et leurs galeries de visages, Antoine Bruy est depuis passĂ© Ă  une sĂ©rie tout aussi documentaire, mais peut-ĂȘtre plus ancrĂ©e dans la rĂ©alitĂ© politique de l’époque. Avec Behind the Bushes, le jeune homme dĂ©sire offrir un visage plus “laudatif” aux Roms. Une dĂ©marche assez proche de Scrublands, malgrĂ© les diffĂ©rences manifestes entre les deux objets. Le photographe commente “Il y a un lien Ă©vident entre les deux sĂ©ries, ne serait-ce qu’en termes d’architecture. J’ai essayĂ© de montrer dans les deux cas comment ces gens sont acteurs de leur propre habitat. Je trouvais que c’était une maniĂšre intĂ©ressante de poser la question de leur survie. On appelle ça de l’autoconstruction. Dans le cas des Roms, j’ai trouvĂ© ce biais’ intĂ©ressant pour sortir d’une description misĂ©rabiliste de cette population.”Froids, bruts, les clichĂ©s d’Antoine Bruy interpellent. En raison du sujet qu’ils traitent, bien Ă©videmment, mais aussi pour leur qualitĂ© esthĂ©tique. C’est Ă  l’essence des personnalitĂ©s rencontrĂ©es qu’il s’attaque, Ă  ce qui fait leur intimitĂ© la plus cachĂ©e. Il traque leur personnalitĂ© dans les moindres poses, les habitudes, les expressions du visage, la rencontre des de la teneur politique qu’on peut leur attribuer, ces photographies ne semblent ĂȘtre que le tĂ©moignage des maniĂšres qu’a l’ĂȘtre humain de rĂ©pondre aux dĂ©fis du milieu qu’il habite. Elles sont le journal de la survie de populations particuliĂšres, mais aussi une fenĂȘtre sur une alternative ou une altĂ©ritĂ© qu’on se cache bien trop des clichĂ©s d’Antoine Bruy sont disponibles sur son voir aussi sur Konbini LaSociĂ©tĂ© Nationale des Beaux Arts fondĂ©e en 1861 par Louis Martinet et ThĂ©ophile Gautier, puis refondĂ©e en 1890 autour de Messonier de de Puvis de Chavanne. Les brouilles de personnalitĂ©s fortes et les querelles de principe ont amenĂ© la scission de plusieurs sociĂ©tĂ©s d'artistes. EncouragĂ©s par le La solution Ă  ce puzzle est constituéÚ de 6 lettres et commence par la lettre B CodyCross Solution ✅ pour MODE DE VIE DES ARTISTES EN MARGE DE LA SOCIÉTÉ de mots flĂ©chĂ©s et mots croisĂ©s. 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ImplantĂ©e dans la rĂ©gion de Zubair, prĂšs de Bassora dans l'extrĂȘme sud irakien, la communautĂ© tire ses origines d'Afrique de l'Est. Ici, comme dans tous les villages reculĂ©s d'Irak, s'affichent Ă  chaque coin de rue pauvretĂ© et dĂ©liquescence des services publics, avec des routes poussiĂ©reuses bordĂ©es de maisons borgnes en suite aprĂšs la publicitĂ© Si des militants dĂ©noncent la marginalisation de la communautĂ©, parler Ă  Zubair de racisme ou de discriminations froissent les habitants qui prĂ©fĂšrent en arabe l'euphĂ©misme de "peau foncĂ©e" Ă  l'emploi du mot noir. A 56 ans, M. Abdelrahmane fait partie d'une de ces troupes de musique populaire ayant fait la cĂ©lĂ©britĂ© de Zubair dans tout le pays et jusqu'au KoweĂŻt frontalier, Ă  une trentaine de kilomĂštres seulement. "A Zubair, on ne compte plus le nombre de troupes", dit Ă  l'AFP le musicien, installĂ© sur un matelas au sol dans son salon. "C'est une profession dont on hĂ©rite. Si quelqu'un meurt, son fils prend sa place, pour que l'art ne disparaisse pas", explique-t-il, ajoutant que dans sa famille, son oncle chantait et son pĂšre jouait du tambour. Munis de darboukas, tambours et daf grand tambour en peau de chĂšvre, les musiciens animent notamment les mariages en menant la "zaffa", procession consistant Ă  cĂ©lĂ©brer les mariĂ©s, en dansant et chantant. M. Abdelrahman, qui se produit depuis quatre ans au sein d'une "Association du patrimoine", parrainĂ©e par le ministĂšre de la Culture, reconnait que "la majoritĂ©" des artistes sont noirs mais assure ne pas ressentir de racisme. - "Discrimination positive" -La suite aprĂšs la publicitĂ© Des militants tiennent cependant un tout autre discours. "Ceux qui ont la peau foncĂ©e sont des citoyens de cinquiĂšme classe, mĂȘme pas de seconde classe", dĂ©plore Majed al-Khalidy, employĂ© dans une compagnie pĂ©troliĂšre de Bassora. Le trentenaire rĂ©clame des opportunitĂ©s d'emplois et logements dignes et dĂ©nonce la dĂ©scolarisation qui fait des ravages. Il fustige aussi des abus de langage, rĂ©pandus mĂȘme chez les clercs religieux, le terme "esclave" en arabe Ă©tant encore utilisĂ© pour dĂ©signer un noir. Historiquement la minoritĂ© noire -entre et deux millions d'Ăąmes, selon des estimations informelles- a des ancĂȘtres venus du Kenya, d'Ethiopie ou encore du Soudan, indique Ă  l'AFP l'historien Ibrahim suite aprĂšs la publicitĂ© C'est dans la rĂ©gion de Bassora qu'arrivaient des esclaves pour rĂ©aliser "le travail Ă©reintant d'assĂšchement des marais salants". "Dans les Ă©crits historiques, la premiĂšre mention de la communautĂ© remonte Ă  869 quand ils se sont rĂ©voltĂ©s", ajoute l'expert, en rĂ©fĂ©rence Ă  la "rĂ©bellion des Zanj". Ce soulĂšvement contre la dynastie arabe des Abassides a permis aux anciens esclaves d'Ă©tablir pendant une quinzaine d'annĂ©es leur propre citĂ©, avant d'ĂȘtre dĂ©faits. Aujourd'hui, Majed al-Khalidy croit en la "discrimination positive" dans le pays multiconfessionnel et multi-ethnique, et rĂ©clame l'inclusion de sa communautĂ© au systĂšme actuel des quotas permettant Ă  certaines minoritĂ©s, chrĂ©tiens ou yazidis par exemple, d'Ă©lire un reprĂ©sentant au Parlement. "Pour rĂ©clamer ses droits, il faut ĂȘtre proche des dĂ©cideurs", justifie M. Khalidy. Car mĂȘme s'il est antisystĂšme, il reste rĂ©aliste dans un Irak oĂč un tiers de la population de 41 millions vit dans la pauvretĂ© et est dirigĂ©e par des partis clientĂ©listes, dont les dĂ©putĂ©s peuvent garantir des emplois suite aprĂšs la publicitĂ© - "Long chemin" - Illustration d'un timide changement? La premiĂšre chaĂźne d'information Ă©tatique compte depuis plus d'un an parmi ses prĂ©sentatrices une jeune femme noire, Randa Abdel Aziz, qui dĂ©sormais dĂ©cline les interviews pour Ă©chapper au feu des projecteurs aprĂšs avoir fait le buzz. Sur son site Internet, l'ONG internationale Minority Rights Group MRG Ă©voque "des taux disproportionnellement Ă©levĂ©s d'analphabĂ©tisme et de chĂŽmage" dans une communautĂ© largement confinĂ©e aux emplois d'ouvriers et de travailleurs domestiques. "La discrimination se constate Ă  tous les niveaux", reconnaĂźt Saad Salloum, expert des questions de diversitĂ© religieuse et ethnique en suite aprĂšs la publicitĂ© "Politiquement ils n'ont pas de reprĂ©sentation. Socialement certains stĂ©rĂ©otypes restent enracinĂ©s dans la culture dominante. Economiquement la majoritĂ© vit sous le seuil de pauvretĂ©", rĂ©sume l'expert. En 2013, Jalal Thiyab, fondateur de la premiĂšre association de dĂ©fense des droits de la minoritĂ©, avait Ă©tĂ© assassinĂ©, peu aprĂšs des Ă©lections locales Ă  Bassora. "Il reste un long chemin Ă  parcourir afin de parvenir Ă  l'Ă©galitĂ© pour cette minoritĂ© et toutes les autres", estime M. Salloum.

Lavie en marge par Dominique BarbĂ©ris aux Ă©ditions Editions Gallimard. Le roman se passe dans le Jura, Ă  la frontiĂšre suisse, dans les jours qui prĂ©cĂšdent et qui suivent immĂ©diatement l’arrivĂ©e de l’an 2000 et de la neige. La narra

1Ce chapitre se propose d’éclairer le rĂŽle de l’art et des artistes dans les sociĂ©tĂ©s française, espagnole et anglaise du xviie siĂšcle. Le xviie siĂšcle voit dans les pays considĂ©rĂ©s l’affirmation de l’écrivain et de l’artiste qui doivent leur place sociale nouvelle aux fonctions que leurs Ɠuvres remplissent, au service des pouvoirs spirituels et temporels. Lettres et arts partagent au xviie siĂšcle un mĂȘme souci de la rhĂ©torique, c’est-Ă -dire du maniement des moyens de faire voir et comprendre Ă  autrui, pour la plus grande gloire du souverain, de la religion, ou la dĂ©lectation d’un collectionneur. L’existence de modĂšles et de rĂšgles, la plupart issus de l’AntiquitĂ© et sans cesse retravaillĂ©s, Ă©loigne Ă©galement l’artiste du xviie siĂšcle de notre idĂ©al romantique du crĂ©ateur original, voire incompris. 2Aussi convient-il dans un premier temps de tracer un portrait d’ensemble de la condition des artistes qui restitue leur place particuliĂšre dans la sociĂ©tĂ©. Il s’agit d’un monde hiĂ©rarchisĂ©, notamment en France au sein des structures acadĂ©miques, bien que ces derniĂšres n’exercent jamais qu’un contrĂŽle imparfait sur l’activitĂ© artistique. Dans un deuxiĂšme temps, on s’attachera Ă  comprendre comment le dĂ©veloppement des collections et du marchĂ© de l’art modifie les anciens liens de dĂ©pendance par rapport Ă  la commande publique et privĂ©e. On assiste au xviie siĂšcle Ă  une transformation de la valeur du produit artistique, parallĂšle Ă  l’émergence de l’individu social artiste ». Une troisiĂšme partie se propose, Ă  la lumiĂšre des conditions de production de l’Ɠuvre esquissĂ©e jusqu’ici, de s’interroger sur la reprĂ©sentation de la sociĂ©tĂ© dans les arts. Quelques exemples permettront de rappeler l’intĂ©rĂȘt mais aussi les problĂšmes posĂ©s par les documents littĂ©raires et artistiques en histoire sociale. IdentitĂ© de l’art et des artistes Émergence des notions d’art et de littĂ©rature. Promotion sociale de l’artiste 3On voit indĂ©niablement se prĂ©ciser les statuts de l’artiste et de l’écrivain au xviie siĂšcle, avec une chronologie et des incidences diffĂ©rentes d’un pays Ă  l’autre. Ce mouvement prend naissance dans la Renaissance italienne, deux siĂšcles plus tĂŽt, Ă  travers une institution bientĂŽt officialisĂ©e et protĂ©gĂ©e par les princes, l’acadĂ©mie. La premiĂšre rĂ©union d’humanistes voulant faire revivre les rĂ©unions de Platon et de ses disciples dans les jardins d’AkadĂ©mos est celle initiĂ©e par Marsile Ficin et Pic de la Mirandole Ă  Florence sous le rĂšgne de Laurent le Magnifique. Le mouvement acadĂ©mique va prendre une grande ampleur en Italie au xvie siĂšcle on y compte pas moins de 500 acadĂ©mies vers 1530. Elles se spĂ©cialisent et acquiĂšrent un statut officiel avec devises, rĂ©unions rĂ©guliĂšres, voire enseignement. D’abord nettement philosophiques et littĂ©raires, en opposition Ă  l’enseignement universitaire, des acadĂ©mies de peinture et de sculpture voient le jour, en opposition aux contraintes des corporations, avec le soutien des princes. CĂŽme de MĂ©dicis prĂ©side l’Academia fiorentina créée en 1540 et l’Accademia del disegno créée en 1563. Par un dĂ©cret de 1571, il libĂšre les artistes de son AcadĂ©mie des obligations corporatives. De la mĂȘme maniĂšre, Ă  Rome, la crĂ©ation de l’AcadĂ©mie de Saint-Luc, protĂ©gĂ©e par le cardinal BorromĂ©e, est le signe et le moyen d’une promotion des peintres, puisque, par une abondante production thĂ©orique, elle s’efforce de creuser la distance entre le travail manuel de l’artisan et le travail conceptuel de l’artiste la peinture est d’abord cosa mentale » une production de l’esprit. Comme le poĂšte, l’architecte, le peintre ou le sculpteur affirment que leur art est libĂ©ral » et non mĂ©canique ». Voir le plaidoyer prononcĂ© en 1667 par Nicolas Lamoignon pour le recteur de l’AcadĂ©mie, GĂ©rard Von Opstal qui rĂ©clamait le paiement d’ouvrages pour lesquels, selon le rĂšglement des mĂ©tiers, il y avait prescription N’a-t-on pas sujet Ă  dire que les peintres sont inspirĂ©s par quelque divinitĂ© aussi bien que les poĂštes ? Et que pour donner la vie Ă  des choses inanimĂ©es, il faut ĂȘtre en quelque sorte au-dessus de l’homme ? » La promotion des uns induit une dĂ©valorisation des mĂ©tiers demeurĂ©s au sein des corporations et des querelles infinies entre anciennes et nouvelles institutions. Les acadĂ©mies, qui contrĂŽlent les artistes, leur assurent en Ă©change libertĂ© et supĂ©rioritĂ© par rapport aux autres artisans. Christian Jouhaud a montrĂ© que les auteurs trouvent paradoxalement une autonomie croissante Ă  l’intĂ©rieur d’une dĂ©pendance de plus en plus forte par rapport au pouvoir 1 Dotoli G., LittĂ©rature populaire et groupe dominant. Évasion et contre-Ă©vasion chez Adam Billaut ... 2 La Roque de la LontiĂšre G. A., TraitĂ© de la noblesse, Paris, E. Michalet, 1678, p. 413, citĂ© ibide ... 4Les artistes en viennent donc Ă  occuper ou Ă  ambitionner une place sociale particuliĂšre en raison du lien qu’ils entretiennent avec le pouvoir, mĂȘme si, comme nous le verrons, tous n’appartiennent pas Ă  une structure officielle de type acadĂ©mique et mĂȘme si les artistes de cour constituent une minoritĂ© enviĂ©e. Hommes de lettres et praticiens des arts libĂ©raux sont animĂ©s, certes Ă  des degrĂ©s divers, d’une volontĂ© de distinction sociale. Si la pratique d’un art anoblit, elle pose le problĂšme de la distribution sociale des talents. Un homme du peuple peut-il ĂȘtre poĂšte ? Une origine ignoble ne s’oppose-t-elle pas Ă  la pratique d’un art ? La carriĂšre d’Adam Billaut, poĂšte menuisier, analysĂ©e par Giovanni Dotoli permet au moins de poser la question. Une des plus rares choses du siĂšcle », selon l’abbĂ© de Marolles qui l’a dĂ©couvert, ce fils de paysans pauvres, menuisier Ă  Nevers, a formĂ© sa muse au catĂ©chisme paroissial, Ă  la lecture des livres de colporteurs et des almanachs populaires. En 1636 il rencontre Ă  Nevers l’abbĂ© de Marolles, ancien prĂ©cepteur et bibliothĂ©caire de la duchesse Marie de Gonzague. Cette rencontre est dĂ©cisive en 1638 il est Ă  Paris, il obtient une pension de Richelieu et du chancelier SĂ©guier, qui ne sera cependant jamais versĂ©e. Il se met Ă  l’école des libertins et connaĂźt un succĂšs Ă©phĂ©mĂšre dans la capitale. DĂšs son deuxiĂšme sĂ©jour Ă  Paris 1640, il est en butte aux sarcasmes de ses collĂšgues. ScudĂ©ry, dans l’Approbation du Parnasse qui prĂ©cĂšde son premier recueil, les Chevilles 1644, s’interroge ainsi Quel Dieu t’a rendu son oracle ?/[
] Dois-tu passer dans l’univers/Pour un monstre ou pour un miracle/O prodige entre les esprits/Qui sait tout et n’a rien appris1. » Bien vite, on va trancher pour le monstre plutĂŽt que pour le prodige. Au moment de la naissance de l’artiste par la valorisation de l’étude et du savoir, on rĂ©pugne Ă  admettre dans la sociĂ©tĂ© des poĂštes un artisan, que la pratique et l’appĂ©tit du gain nĂ©cessaire Ă  sa subsistance rend comme esclave, et ne lui inspirent que des sentiments de bassesse et de subjection incompatible avec ceux d’un gentilhomme2 ». L’approbation du Parnasse n’a guĂšre durĂ© ; l’échec de Billaut tĂ©moigne du souci de distinction sociale des littĂ©rateurs parisiens et de leurs protecteurs. Le poĂšte menuisier menace les efforts de promotion des arts, insĂ©parables d’une dĂ©valorisation des mĂ©tiers. G. Dotoli estime que l’Ɠuvre de Billaut confirme que l’opposition entre culture populaire et culture savante est absolument insoutenable ». Au contraire, on pourrait utiliser l’échec du poĂšte menuisier pour montrer une sĂ©paration croissante dans la France du xviie siĂšcle entre culture populaire et culture des Ă©lites, culture de rĂ©fĂ©rence Ă  partir de la formation humaniste, [
] culture Ă©loignĂ©e de tout ce qui est concret, du monde des mĂ©tiers, de tout ce qui est dĂ©sormais jugĂ© vulgaire, sale ou ridicule » Rioux et Sirinelli. 5On voit ainsi se dessiner une conscience sociale, mĂȘme si les artistes entretiennent des liens familiaux forts avec le monde des mĂ©tiers urbains. Le pĂšre de Puget est maçon, celui de Girardon fondeur ; Shakespeare est le fils d’un boucher de Stratford-sur-Avon. On trouve, dans les alliances familiales de Charles Le Brun, beaucoup de peintres et de sculpteurs, mais aussi des Ă©crivains, des tapissiers, des charpentiers et des fondeurs. Le peintre et architecte Inigo Jones, qui domine l’art anglais dans la premiĂšre moitiĂ© du xviie siĂšcle, est fils de tailleur et reçoit une formation de peintre, costumier et dĂ©corateur de théùtre. La solidaritĂ© est renforcĂ©e par des mariages, qui permettent les collaborations entre beaux-pĂšres et gendres et entre beaux-frĂšres ; les fratries sont nombreuses Vouet, Boullogne, Anguier
. Une relative mobilitĂ© permet en France Ă  des fils d’artistes d’embrasser la carriĂšre juridique et des artistes peuvent descendre de petits officiers les Le Nain. Une volontĂ© de distinction s’observe dans les gĂ©nĂ©alogies romancĂ©es que se forgent des familles d’artistes Ă  succĂšs, comme les Mansart, qui prĂ©tendent descendre d’un mythique chevalier romain, chargĂ© par Hugues Capet d’édifier des monastĂšres. Il se lit aussi dans la rĂ©alisation d’autoportraits, individuels ou familiaux, dans lesquels les artistes se reprĂ©sentent en costumes soignĂ©s, avec des attributs du savoir livres, de la sociabilitĂ© Ă©lĂ©gante ou des arts libĂ©raux musique, mathĂ©matique. 6Il faut souligner que la promotion des artistes reste un phĂ©nomĂšne trĂšs limitĂ© en Espagne, oĂč leur position sociale est peu enviable malgrĂ© la rĂ©flexion sur la noblesse des arts et les procĂ©dures engagĂ©es par exemple pour faire reconnaĂźtre Ă  la peinture le statut d’art libĂ©ral, procĂ©dures encouragĂ©es par des hommes de lettres comme Calderon J. Gallego. La plupart des peintres vivent dans une grande pauvretĂ© et une part importante de leurs revenus provient de la dorure et de la mise en couleur des sculptures religieuses, le plus souvent polychromes. Ils ne s’émancipent que difficilement. De cette situation tĂ©moigne par exemple Le Vendeur de tableaux de JosĂ© Antolinez v. 1670, Munich, Alte Pinakothek oĂč l’on voit un homme en guenille, le marchand tratante, visiter l’atelier du peintre, oĂč rĂšgne le plus grand dĂ©nuement et lui acheter une copie d’une Vierge Ă  l’Enfant de Scipion Pulzone. 7Les plus ambitieux des artistes espagnols cherchent donc Ă  Madrid une meilleure reconnaissance. De mĂȘme, l’installation Ă  Paris tĂ©moigne d’une volontĂ© d’ascension vers le statut d’artiste. David Maland a calculĂ©, sur un Ă©chantillon de 200 auteurs pour chaque siĂšcle, que 70 % des littĂ©rateurs français meurent en province au xvie siĂšcle, contre 48 % seulement au xviie siĂšcle. La mobilitĂ© caractĂ©rise dans une large mesure les artistes, qui se dĂ©placent pour suivre la commande, dans les arts plastiques, ou le public, dans les arts de la scĂšne. Quelques centres, caractĂ©risĂ©s par la prĂ©sence de la cour, se renforcent Rome, Paris, et, dans une moindre mesure, Madrid. Si les artistes constituent un milieu solidaire, il n’est pas pour autant fermĂ© ; les Ă©trangers, surtout les Italiens et les Flamands, dominent la scĂšne picturale anglaise, et, pour une bonne partie du siĂšcle, espagnole. La piĂštre considĂ©ration portĂ©e aux peintres nationaux est cause, selon le peintre et historien de l’art Jusepe MartĂ­nez, de l’exil dĂ©finitif d’Antonio Ribera Ă  Naples. Nationaux et Ă©trangers contractent ensemble des mariages. Chez les peintres, les sculpteurs et les architectes, le voyage, en particulier le voyage d’Italie, est un Ă©lĂ©ment essentiel de formation. En Angleterre, la rupture dĂ©cisive avec l’art de la fin du Moyen Âge est le rĂ©sultat du voyage d’Inigo Jones en Italie, en 1615, oĂč il accompagnait le comte d’Arundel. Cinquante ans plus tard, Christopher Wren visite les Provinces Unies, les Pays-Bas et la France. En France, on date traditionnellement du retour de Rome de Simon Vouet, en 1627, la naissance de l’école française. Les peintres espagnols voyagent peu en Italie, en revanche, les Français se retrouvent en nombre Ă  Rome, oĂč ils font quelquefois carriĂšre pendant plusieurs annĂ©es, voire s’y installent dĂ©finitivement Nicolas Poussin, Claude Lorrain. Vers 1600-1620, le mode de vie des peintres qui se retrouvent autour de la Piazza del Popolo, Ă  Rome, prĂ©figure dĂ©jĂ  celui des sociĂ©tĂ©s d’artistes telles qu’on les connaĂźtra jusqu’au Montparnasse des annĂ©es 1920, avec son recrutement international, ses lieux d’échanges les ateliers, les tavernes, sa libertĂ© de recherche artistique et de mƓurs. De la mĂȘme maniĂšre on voit se dĂ©velopper la sociabilitĂ© littĂ©raire autour des cabarets, certains investis par un groupe particulier, comme les libertins qui, Ă  Paris, se retrouvent À la Pomme du Pin, Au Cormier ou encore À la Fosseaux-Lions. Organisation des artistes et diffĂ©rences des carriĂšres 8Le xviie siĂšcle est un moment de thĂ©orisation et de hiĂ©rarchisation des arts et des artistes. La notion fondamentale est celle de genre. Le genre est en art et en littĂ©rature une sĂ©rie homogĂšne d’Ɠuvres rĂ©pondant Ă  des attentes dĂ©terminĂ©es et tendant Ă  se fixer par la reproduction de modĂšles Ă©prouvĂ©s. BĂ©rĂ©nice de Racine ou la Princesse de ClĂšves de Mme de Lafayette ont Ă©tĂ© critiquĂ©s parce qu’ils mĂ©langeaient les genres. Une hiĂ©rarchie trĂšs forte met au premier rang, en vers, l’épopĂ©e et la tragĂ©die, en prose, l’éloquence. Le roman est au bas de l’échelle et ses praticiens cherchent Ă  l’anoblir en lui confĂ©rant des rĂšgles. En peinture, se met en place progressivement une dĂ©finition et une hiĂ©rarchisation des genres, la peinture la plus noble et la plus prestigieuse Ă©tant la peinture d’histoire sacrĂ©e ou profane. Ces rĂ©flexions se dĂ©veloppent au sein des acadĂ©mies. 9Le systĂšme des AcadĂ©mies en France cherche Ă  mettre l’action des artistes au service de l’État. En crĂ©ant un discours cohĂ©rent sur la langue et le goĂ»t, les acadĂ©mies contribuent Ă  crĂ©er une culture commune aux Ă©lites et un consensus autour du pouvoir royal, que tous les arts sont chargĂ©s de cĂ©lĂ©brer. Unissant les artistes dans des institutions contrĂŽlĂ©es par l’État, les AcadĂ©mies engendrent une vĂ©ritable rĂ©volution dans la centralisation et la hiĂ©rarchisation des arts. 10L’AcadĂ©mie française reste le modĂšle de toutes les acadĂ©mies. Créée en 1634 par un groupe de lettrĂ©s, officialisĂ©e par Richelieu, son rĂŽle est d’institutionnaliser la langue commune de la nation. Il s’agit de mettre en place un lissage de la langue, de donner un langage commun. Chaque discours s’achĂšve par l’apologie du monarque. À l’image de l’AcadĂ©mie française, l’AcadĂ©mie royale de peinture et sculpture est créée en 1648. Le principe de sa fondation en est un peu diffĂ©rent, Charles Le Brun et d’autres artistes conçoivent une AcadĂ©mie placĂ©e sous la protection du chancelier SĂ©guier pour que les peintres puissent s’affranchir de la tutelle de la maĂźtrise qui succĂšde aux corporations mĂ©diĂ©vales. Elle fonde son enseignement sur le dessin et le modĂšle vivant, Ă  l’image de l’acadĂ©mie que les Carrache avaient fondĂ©, Ă  la fin du xvie siĂšcle, Ă  Bologne. L’institution rompt avec les pratiques corporatistes, par l’utilisation du dessin et l’approche directe de la nature, et donne un statut libĂ©ral Ă  la peinture qui n’est pas seulement affaire d’imitation. En 1663, Louis XIV restructure l’institution en la hiĂ©rarchisant. Son rĂŽle doctrinal est affirmĂ©. Il nomme Le Brun chancelier permanent. En 1668, l’artiste cumule les fonctions de chancelier et de recteur, enfin, en 1683, il est nommĂ© directeur. On assiste Ă  la mise en place d’expositions prĂ©vues normalement tous les deux ans et accompagnĂ© d’un livret, ancĂȘtre des catalogues. Mais il n’y en aura que dix sous Louis XIV. 11Un rĂŽle de coordinateur » est assurĂ© par la Petite AcadĂ©mie fondĂ©e en 1663. Elle comprend cinq membres reprĂ©sentant des cinq arts. Elle administre l’ensemble de la production intellectuelle et tient lieu de direction gĂ©nĂ©rale de la vie culturelle. Elle est dirigĂ©e par un conseil restreint dĂšs sa crĂ©ation les hommes de lettres Bourzeis, Cassagne, Chapelain et Perrault. C’est l’Ɠil du pouvoir sur la production intellectuelle française. Ce rĂŽle de coordination limite la libertĂ© et l’originalitĂ© dans la crĂ©ation. La petite AcadĂ©mie contrĂŽle tout, elle chapeaute l’ensemble des institutions. La souplesse de sa structure s’oppose Ă  la rigiditĂ© hiĂ©rarchique des autres AcadĂ©mies. Celles-ci, d’ailleurs, ne sont pas seulement des AcadĂ©mies artistiques Ă  l’image de l’AcadĂ©mie d’escrime. La petite AcadĂ©mie n’a pas de rĂšglement avant juillet 1701, aprĂšs cette date, elle devient officiellement l’AcadĂ©mie des inscriptions et des mĂ©dailles. 12À partir de 1661, on assiste Ă  une institutionnalisation de tous les arts sous Louis XIV les maĂźtres Ă  danser, puis les musiciens et les danseurs se fĂ©dĂšrent en AcadĂ©mies, toujours dans le but de lutter contre la maĂźtrise, accusĂ©e de dĂ©cadence des arts. En 1666 est fondĂ©e l’AcadĂ©mie de France Ă  Rome qui accueille les meilleurs jeunes artistes français afin de complĂ©ter leur formation. La mĂȘme annĂ©e voit la crĂ©ation de l’acadĂ©mie des sciences. En 1669, c’est la fondation de l’AcadĂ©mie royale de musique puis, en 1671, celle d’architecture qui scelle la sĂ©paration entre les architectes et les maçons. Il y a mĂȘme eu une tentative de crĂ©ation d’une acadĂ©mie de thĂ©ologie, mais celle-ci est rapidement dissoute en raison des inquiĂ©tudes formulĂ©es par la Sorbonne qui craint de perdre ses privilĂšges. Il en va de mĂȘme pour le théùtre. AprĂšs la mort de MoliĂšre, on ne crĂ©e pas explicitement une acadĂ©mie de théùtre, mais il y a bien un monopole de fait car un seul type de spectacle doit recevoir le label du Roi, comme pour l’opĂ©ra. La volontĂ© de diffusion des grandes Ɠuvres du rĂ©pertoire aboutie, en 1680, Ă  la fondation la ComĂ©die française. 13Le monopole des AcadĂ©mies sur les diffĂ©rents arts traduit le corps du Roi en peinture, en sculpture et en poĂ©sie » ApostolidĂšs. Avec ces institutions, c’est l’ensemble des arts qui se met au service de la gloire monarchique. À partir de 1660, on assiste Ă  une multiplication des AcadĂ©mies en province qui vont rĂ©pandre la mode en vigueur Ă  la cour. L’exemple de celle de Lyon, fondĂ©e en 1667, va servir de modĂšle pour d’autres villes. 14L’Angleterre a Ă©tĂ© tentĂ©e par ce modĂšle, mais l’instabilitĂ© politique qui y rĂšgne ne s’y prĂȘte pas. Les artistes se rassemblent dans des clubs ou des sociĂ©tĂ©s. Une tentative d’organisation des arts se met en place sous Charles II dans la deuxiĂšme moitiĂ© du xviie siĂšcle. Ambitionnant de rivaliser avec Louis XIV, il reprend le modĂšle français de l’AcadĂ©mie et place Ă  sa tĂȘte le peintre italien Antonio Verrio v. 1636-1707. Mais, l’absence d’une autoritĂ© centrale organisĂ©e pour contrĂŽler le travail comme c’est le cas en France avec Colbert et la nature sporadique des mĂ©cĂšnes anglais ont rendu cette volontĂ© difficile, voire impossible. 15En Espagne, la crĂ©ation des acadĂ©mies de Madrid et de Valence est un Ă©chec. Leur volontĂ© de contrĂŽler l’activitĂ© des peintres en favorisant un monopole de la production et du marchĂ© de la peinture se heurte Ă  une opposition trĂšs forte des corporations. Il se dĂ©veloppe alors un dĂ©bat original sur la peinture en tant qu’art libĂ©ral. Le colegio » AcadĂ©mie de Valence tend en effet Ă  favoriser le nĂ©potisme en fixant le prix des examens, empĂȘchant ainsi Ă  tout un groupe de la population de rĂ©aliser et de vendre leurs Ɠuvres. L’institution crĂ©e Ă©galement d’énormes difficultĂ©s aux artistes Ă©trangers voulant s’installer dans la ville et interdit purement et simplement la vente de peintures Ă©trangĂšres qui Ă©taient moins chĂšres que celles fabriquĂ©es Ă  Valence. Tout cela va aboutir Ă  un nombre important de plaintes arguant du statut d’art libĂ©ral de la peinture. Les plaignants infĂ©rant que si la peinture est effectivement un art libĂ©ral, elle doit suivre le modĂšle des autres arts libĂ©raux. Dans une ville comme Valence, on devrait trouver des peintures de diffĂ©rentes qualitĂ©s et Ă  des prix diffĂ©rents ; en fait, un accĂšs Ă  la peinture pour tous. Finalement, en 1617, Philippe II se range du cĂŽtĂ© de la ville contre l’AcadĂ©mie. L’AcadĂ©mie de Madrid, créée en 1603, attend toujours la protection royale en 1619. L’échec est moins clair qu’à Valence, mais lĂ  encore, il semble que l’opposition soit venue de peintres individuels, certainement ceux qui s’opposaient Ă  l’examen pour obtenir la licence. 16En France mĂȘme, oĂč l’hĂ©gĂ©monie du pouvoir royal est quasi complĂšte, l’institutionnalisation des arts ne s’est pourtant pas faite sans heurts. La rĂ©action au mouvement acadĂ©mique va trouver un soutien auprĂšs d’autres corps qui, Ă  ce moment, perdent aussi de leurs privilĂšges, les Parlements. Ainsi le Parlement de Paris va-t-il soutenir les corporations pour tenter d’enrayer l’effritement de son pouvoir et ce, dĂšs la fondation de l’AcadĂ©mie française. Entre 1648 et 1663, la corporation des maĂźtres peintres, soutenue par le Parlement, et l’AcadĂ©mie de peinture, soutenue par Colbert et le pouvoir royal, se heurtent Ă  des oppositions constantes. Ils se livrent une vĂ©ritable guerre d’usure qui voit finalement la dĂ©route de la maĂźtrise. Enfin, les dĂ©bats esthĂ©tiques continuent comme celui entre le dessin et la couleur qui on lieu Ă  Paris, dans la deuxiĂšme moitiĂ© du siĂšcle. 17On peut dire que deux carriĂšres s’offre Ă  l’artiste, celle de la cour et celle de la ville, bien que les plus rĂ©ussies marient les deux. Diego VĂ©lasquez 1599-1660 est l’exemple de l’artiste-courtisan. Il passe plus de trente ans au service de Philippe IV d’Espagne. Le roi l’emploie comme peintre, architecte dĂ©corateur, mais aussi fournisseur d’Ɠuvres d’art et courtisan jusqu’à devenir grand marĂ©chal du palais » en 1652. Plus encore que Charles Le Brun auprĂšs de Louis XIV ou qu’Antonio Verrio auprĂšs des rois d’Angleterre, il est le modĂšle de l’artiste de cour. Il faut distinguer, en Espagne, deux types de peintres rattachĂ©s au palais, les peintres du Roi et le peintre de la Chambre. Si les premiers sont de nombre variable entre quatre et six, il n’y a qu’un seul peintre de la Chambre dont l’occupation principale est de portraiturer le monarque et sa famille. C’est le cas de VĂ©lasquez sous le rĂšgne de Philippe IV, ce sera Juan Carreno de Miranda au temps de Charles II. 18En dehors des capitales, certains foyers sont trĂšs actifs et les artistes y vivent de commandes et de protections rĂ©gionales, publiques ou privĂ©es. À Toulouse se dĂ©veloppe ainsi un foyer original et trĂšs actif autour notamment de la figure de Nicolas Tournier qui, aprĂšs un voyage Ă  Rome, synthĂ©tise les formes caravagesques et les formes locales. Dans la deuxiĂšme moitiĂ© du siĂšcle, l’invention des AcadĂ©mies tend en France Ă  lisser les diffĂ©rences rĂ©gionales. L’exemple du sculpteur, peintre et architecte Pierre Puget, le Michel Ange de la France », semble relativement unique dans l’art français du deuxiĂšme xviie siĂšcle. Il rĂ©ussit Ă  mener une carriĂšre en Italie et en Provence loin de la cour et de l’AcadĂ©mie. Devenu cĂ©lĂšbre, Colbert lui commandes de grands marbres Milon de Crotone, achevĂ© 1682. 19La situation dans les arts du spectacle est assez similaire. Le dramaturge du xviie siĂšcle voit s’ouvrir devant lui deux voies. Celle, traditionnelle, de la protection d’un prince ou d’un grand et celle, nouvelle, d’entrepreneur de spectacles. Avec l’ouverture de théùtres publics et l’organisation de tournĂ©es, l’activitĂ© de l’auteur se commercialise. Il vend sa piĂšce Ă  une compagnie ou, s’il en est actionnaire, il obtient une participation aux bĂ©nĂ©fices. La publication des piĂšces est un autre facteur de commercialisation du mĂ©tier d’auteur, bien que le dĂ©sir d’exclusivitĂ© des troupes fasse quelquefois obstacle Ă  l’impression des piĂšces. Cependant un dramaturge qui rĂ©ussit est celui qui associe les deux carriĂšres, comme Shakespeare, auteur et acteur d’une troupe qui joue aussi bien pour la cour que la ville ou encore Lope de Vega, protĂ©gĂ© du duc d’Albe mais dont les piĂšces sont aussi jouĂ©es dans les théùtres publics corrales. Les tensions entre artistes de la cour et de la ville peuvent ĂȘtre plus aiguĂ«s et s’exercer aux dĂ©pens de la ville. A Paris, la musique en vient Ă  ĂȘtre gĂ©rĂ©e entiĂšrement par la Maison du roi, entraĂźnant une situation trĂšs prĂ©caire pour les musiciens de la ville rĂ©gis par la confrĂ©rie de saint Julien des MĂ©nestriers. Collections et marchĂ© de l’art 20Les Ɠuvres d’art rĂ©pondent Ă  diffĂ©rentes attentes, entre Ă©dification, glorification monarchique et dĂ©lectation. Un trait significatif du xviie siĂšcle europĂ©en est le dĂ©veloppement des collections, dans lesquelles peintures et sculptures, dĂ©tachĂ©es de toute autre fonction, notamment religieuse, acquiĂšrent rĂ©ellement le statut d’Ɠuvres d’art. Le dĂ©veloppement des collections 21La collection princiĂšre existe au xvie siĂšcle, mais elle prend une tout autre ampleur au siĂšcle suivant. Les souverains espagnols, en particulier, hĂ©ritent ce goĂ»t du grand collectionneur que fut Philippe II. Le Prado est le premier palais royal oĂč les peintures sont exposĂ©es en permanence, concurrençant la tapisserie pour la dĂ©coration murale. La dĂ©coration du palais de l’Escorial, dans les annĂ©es 1580, est conçue pour l’exposition de peintures de prestige. En 1700, le roi d’Espagne possĂšde 5 500 tableaux, dont la moitiĂ© acquise par Philippe IV. Les rois de France prĂ©fĂšrent le prestige du bĂątisseur Ă  celui du collectionneur A. Schnapper ; cependant, Louis XIV renoue avec le collectionisme somme toute modeste de François Ier ; entre 1660 et 1693, il forme une des premiĂšres collections d’Europe pour les mĂ©dailles et les pierres gravĂ©es, les pierres prĂ©cieuses, les tableaux, les dessins et les gravures. Assez peu intĂ©ressĂ© personnellement, il laisse Ă  ses ministres le soin de rassembler les trĂ©sors du cabinet du roi. Selon A. Schnapper, les collections ne sont ni nĂ©cessaires ni bien efficaces pour assurer la gloire du roi et l’étendre aux nations Ă©trangĂšres ». Charles Ier est bien d’avantage un amateur d’art. Lors de la vente de ses biens par les rĂ©publicains, ce sont prĂšs de 2 000 peintures, tapisseries, statues et dessins qui sont destinĂ©s Ă  Ă©ponger les dettes du monarque dĂ©funt. Au-delĂ  des princes, les grandes collections se rencontrent chez les personnages qui exercent un rĂŽle important, ou parmi ceux qui sont les plus liĂ©s Ă  la reprĂ©sentation du pouvoir, les ambassadeurs. La collection s’épanouit dans les lieux de pouvoir. Les ministres et les favoris – en France, Richelieu et Mazarin ; en Angleterre, avant la RĂ©volution, Arundel, Buckingham et Hamilton – sont au premier rang des collectionneurs. Sous Philippe IV, le marquis de LeganĂ©s possĂšde 1100 tableaux, le marquis de Carpio, plus de 3 000. 22Progressivement, les collections universelles, du type cabinet de curiositĂ©s, cĂšdent le pas aux collections spĂ©cialisĂ©es. Le xviie siĂšcle voit Ă  la fois l’apogĂ©e et le dĂ©but du dĂ©clin de la Kunst-und Wunderkamern K. Pomian. Apparaissent des collections autonomes de tableaux. Rome a un rĂŽle capital dans le collectionisme, puisque c’est lĂ  avec Venise que s’approvisionne toute l’Europe. C’est lĂ  aussi oĂč se forme le goĂ»t international qui met au premier rang de la valeur la peinture vĂ©nitienne et bolonaise du xvie siĂšcle. En Espagne, en Angleterre ou en France, ce sont toujours Titien et les VĂ©nitiens Tintoret, VĂ©ronĂšse d’une part, les Carrache et leurs suiveurs Guido Reni, l’Albane etc. d’autre part qui dominent les collections prestigieuses. 23Il faut noter que bien souvent les lettres et les arts ont des mĂ©cĂšnes communs. Souvent une belle collection s’accompagne d’une belle bibliothĂšque. Le peintre Eustache Le Sueur et le plus cĂ©lĂšbre luthiste français de l’époque, Denis Gaultier, ont pour mĂ©cĂšne Anne de ChambrĂ©, trĂ©sorier des guerres de Louis XIII et gentilhomme du prince de CondĂ©. ChambrĂ© commande Ă  ces deux artistes un manuscrit de luxe, La RhĂ©torique des dieux, recueil de piĂšces de luth de illustrĂ©. La collection suscite l’Ɠuvre littĂ©raire. Arts et lettres font partie d’une sociabilitĂ© dont le cƓur est l’art de la conversation. Les objets de collection sont, selon le mot de Krzysztof Pomian, des sĂ©miophores ». Au Moyen Âge, les collections de reliques, d’objets sacrĂ©s ou d' Ɠuvres d’art » sont aux mains de l’Église et du pouvoir temporel. Quand une hiĂ©rarchie de richesse se met en place, l’achat de sĂ©miophores, l’achat d’Ɠuvres d’art, la formation de bibliothĂšques ou de collections est une des opĂ©rations qui, transformant l’utilitĂ© en signification, permettent Ă  quelqu’un de haut placĂ© dans la hiĂ©rarchie de la richesse d’occuper une position correspondante dans celle du goĂ»t et du savoir » K. Pomian. Le dĂ©veloppement des collections est ainsi insĂ©parable du dĂ©veloppement d’un marchĂ©. Le dĂ©veloppement du marchĂ© de l’art le marchĂ© de la peinture 24La demande d’images augmente au cours du siĂšcle. On constate un Ă©largissement progressif du public de la peinture, en particulier dans les pays catholiques. L’imagerie dĂ©votionnelle nourrit le mouvement, mais Ă  la marge se diffusent aussi les genres portrait, nature morte, paysage
, en raison des nouveaux usages de la peinture, qui apparaĂźt de plus en plus dans les intĂ©rieurs. Plus tardivement, cet appĂ©tit d’images est lisible aussi en Angleterre en 1705, 80 % des inventaires de l’Orphan’s Court de Londres rĂ©vĂšlent la possession de tableaux, contre 44 % seulement en 1675. Certes, cette prĂ©sence de la peinture est liĂ©e Ă  la richesse mais ces inventaires montrent que les ordinary tradespeople ont autant de tableaux que les professionals et les gentryhouseholders. 25Le mĂ©tier de marchand de tableaux s’autonomise et se professionnalise peu Ă  peu. Les formes les plus structurĂ©es de marchĂ© de l’art se rencontrent Ă  Anvers, qui nourrit toute l’Europe de ses peintures, de tous les genres et de tous les prix. Il faut noter le fort goĂ»t pour la peinture flamande, parallĂšle au goĂ»t dominant vĂ©nĂ©to-bolonais. Anvers vend pour tous les publics et Ă  tous les prix. Mais d’autres lieux prennent de l’importance, oĂč l’on retrouve souvent les marchands du Nord. À Paris, la foire Saint-Germain, une des trois plus importantes de Paris, se spĂ©cialise au dĂ©but du xviie siĂšcle en marchĂ© des objets de luxe soie, bijoux, or mais aussi tableaux. Depuis la deuxiĂšme moitiĂ© du xvie siĂšcle, les marchands d’Anvers ont le monopole du marchĂ© parisien de la peinture. Ils viennent Ă  Paris chaque annĂ©e pour la foire. Vers 1620-1630, ils font face aux efforts protectionnistes de la maĂźtrise des peintres de Paris, qui les obligent Ă  tenir boutique de façon permanente en France, voire de demander la naturalisation, pour continuer leur commerce. Les Français rĂ©ussissent ainsi Ă  endiguer l’influence des marchands d’Anvers. Mais une autre compĂ©tition pour le contrĂŽle du marchĂ© se dĂ©roule alors entre les artistes-marchands et les marchands merciers qui finiront par l’emporter Ă  la fin du siĂšcle on connaĂźt par Watteau la boutique du cĂ©lĂšbre Gersaint. 26Diverses formes de transaction existent mais les ventes publiques aux enchĂšres prennent progressivement de l’importance, notamment en Angleterre ; elles permettent en effet aux comportements agonistiques de se donner libre cours dans un face Ă  face pendant lequel on manifeste simultanĂ©ment son goĂ»t, sa capacitĂ© de sacrifier de la richesse pour le satisfaire et ses possibilitĂ©s financiĂšres » K. Pomian. Les grandes ventes aux enchĂšres publiques deviennent ainsi des Ă©vĂ©nements mondains. À Londres, avant l’introduction des ventes aux enchĂšres d’Ɠuvres d’art, vers 1670, Samuel Pepys achĂšte directement aux artistes ou Ă  des stationers qui vendent aussi des livres. Le marchĂ© du livre est beaucoup plus organisĂ© que celui de l’art, grĂące Ă  la Stationers Company. Il n’y a pas de telle communautĂ© de marchands spĂ©cialisĂ©s dans l’art. Ce sont d’abord les virtuosi, les hommes de lettres londoniens, qui font la popularitĂ© des ventes aux enchĂšres, dont ils se servent comme d’une arĂšne des connaisseurs ». Elles touchent ensuite un public beaucoup plus large, les femmes aussi peuvent y assister. Les commissaires-priseurs ne peuvent pas encore se spĂ©cialiser dans les marchandises artistiques. La plupart vendent Ă  la fois des livres et des Ɠuvres d’art. 27Ces enchĂšres se dĂ©roulent surtout dans des coffeehouses comme Tom’s Coffeehouse ou Barbadoes Coffeehouse. À la mort de Charles II 1685, Londres est ainsi devenue un des marchĂ©s de l’art les plus actifs d’Europe. Au cours des ventes de Covent Garden, entre 1669 et 1692, plus de 35 000 peintures Ă  l’huile s’échangent. On a retrouvĂ©, protagonistes de ces Ă©changes, le nom de 20 nobles, 20 marchands et plus de 100 commoners. J. Brotton insiste sur le rĂŽle de la vente des biens de Charles Ier, qui a mis sur le marchĂ© des centaines d’Ɠuvres. Contrairement Ă  une opinion largement rĂ©pandue, Brotton soutient que cette vente n’est pas le seul fait de rĂ©publicains iconoclastes et ignorants des choses de l’art. Elle a Ă©tĂ© importante pour la formation du goĂ»t anglais puisqu’elle a rendu visibles les trĂ©sors des collections de la Couronne. À l’occasion de cet Ă©vĂ©nement, les tableaux royaux ont Ă©tĂ© transformĂ©s en marchandise, dĂ©truisant pour toujours leur exclusivitĂ© royale, les ĂŽtant au secret du palais royal et les livrant au monde de la vente publique ». 28En Espagne, depuis la fin du xvie siĂšcle, on voit dans les grandes villes des ventes d’art se dĂ©rouler prĂšs du marchĂ©, sur le perron de San Felipe ou Calle Mayor Ă  Madrid, par exemple, ou rue de Santiago Ă  Valladolid. Des lieux ouverts, une absence de toute rĂ©gulation des transactions on est bien loin des panden de Bruges et d’Anvers. Le marchĂ© est nourri par une importation massive des Pays-Bas et l’accroissement du nombre de peintres espagnols travaillant hors du cadre des corporations. Le dĂ©veloppement du marchĂ© entraĂźne l’utilisation rĂ©pĂ©tĂ©e de mĂȘmes modĂšles et une certaine standardisation de la production. Il faut dire que le marchĂ© amĂ©ricain exige une masse considĂ©rable d’images religieuses. Dans la deuxiĂšme moitiĂ© du xviie siĂšcle, pas moins de 24 000 peintures ont quittĂ© SĂ©ville pour l’AmĂ©rique. Des contrats exigent une grande rapiditĂ© de rĂ©alisation. Par exemple, le 26 juillet 1600, le peintre sĂ©villan Miguel VĂĄzquez s’engage Ă  livrer au marchand Gonzalo de Palma 1 000 portraits de figures profanes » de la mĂȘme taille 63 x 42 cm, Ă  raison de 25 par semaine, payĂ©s 4 reales piĂšce. Miguel Falomir observe que les prix de vente sur les foires et dans les stands de rue sont nettement infĂ©rieurs Ă  ceux offerts pour des Ɠuvres commissionnĂ©es. Cela n’empĂȘche pas des peintres cĂ©lĂšbres de participer aux ventes, comme BartolomĂ© Carducho, peintre du roi et marchand de tableaux. 3 Felipe de Guevara, Comentarios de pintura [vers 1560], Madrid, 1788, p. 4-5. 4 Relations, Lettres et discours
, Paris, 1660, Lettre IX, p. 235-23. 29Dans un marchĂ© de l’art naissant, se pose la question de l’attribution du prix. Quand il suggĂšre Ă  Philippe II d’exposer sa collection, Felipe de Guevara avance que les peintures cachĂ©es et tenues hors de la vue sont privĂ©es de leur valeur, qui rĂ©side dans les yeux des autres et leur apprĂ©ciation par des connaisseurs3 ». Traditionnellement, le prix d’une peinture Ă©tait liĂ© Ă  des critĂšres matĂ©riels comme les matĂ©riaux employĂ©s, le nombre, la taille et le costume des personnages. Cependant, depuis la Renaissance, la valeur est de plus en plus attachĂ©e Ă  un savoir, devient affaire de connaisseur rĂ©putation de l’artiste, authenticitĂ©, originalitĂ© de la composition, deviennent des critĂšres importants quand il s’agit des maĂźtres italiens ou nordiques les plus recherchĂ©s. À quoi s’ajoute pour les peintures anciennes la vie sociale » du tableau provenance, possesseur antĂ©rieur, lieu d’accrochage prĂ©cĂ©dent. Entre 1640-1660, les prix des tableaux anciens augmentent considĂ©rablement sur le marchĂ© parisien ; certains s’en Ă©meuvent, considĂ©rant scandaleux l’argent dĂ©pensĂ© en objets de vanitĂ©, comme Samuel SorbiĂšre, protestant rĂ©cemment converti, qui publie une lettre De l’excessive curiositĂ© en belles peintures4 ». Un dĂ©but de spĂ©culation suscite des rĂ©serves morales. Le dĂ©veloppement du marchĂ© de l’art accompagne une Ă©volution des consciences par rapport Ă  l’argent mais permet aussi une Ă©volution du mĂ©tier d’artiste. 30Nicolas Poussin 1594-1665 est l’exemple exceptionnel d’un artiste libĂ©rĂ© de la commande et vivant du marchĂ© de l’art. À partir de 1630, Ă©loignĂ© des grandes commandes publiques, il ne produit plus que des tableaux de chevalet et peut choisir ses clients qui sont des acheteurs, non plus des commanditaires. Le prix de ses tableaux est multipliĂ© par dix au cours du siĂšcle. Il ne dĂ©pend pas d’une cour ou d’un protecteur, il n’a pas d’atelier, pas d’élĂšves. Au-delĂ  des Barberini et de leur rĂ©seau, les principaux acheteurs de Poussin sont français. Ils sont d’origine sociale variĂ©e on trouve parmi eux, le marĂ©chal de CrĂ©qui, le duc de Richelieu ou le roi lui-mĂȘme, qui rĂ©unit une trĂšs importante collection de Poussin ; des secrĂ©taires d’État, comme La VrilliĂšre ou LomĂ©nie de Brienne ; des titulaires d’offices importants comme Chantelou ; des financiers comme Neyret de la Ravoye ; mais aussi des personnages beaucoup plus obscurs, des nĂ©gociants comme Pointel ou Serisier. Il s’agit lĂ  d’une carriĂšre trĂšs particuliĂšre, permise par la naissance d’un vrai marchĂ© de l’art. Les arts, miroir de leur temps » ? La sociĂ©tĂ© est un théùtre, le théùtre, un reflet de la sociĂ©tĂ© ? 31On ne saurait trop souligner l’importance de la mĂ©taphore théùtrale et en gĂ©nĂ©rale de la vision dans les arts et la littĂ©rature du xviie siĂšcle. Avec la perspective linĂ©aire comme mode de reprĂ©sentation picturale depuis la Renaissance, Les images s’inscrivent dĂ©sormais Ă  l’intĂ©rieur d’un cube ouvert d’un cĂŽtĂ©. À l’intĂ©rieur de ce cube reprĂ©sentatif, sorte d’univers en rĂ©duction, rĂšgne les lois de la physique et de l’optique de notre monde » P. Francastel ; d’oĂč l’importance de la mĂ©taphore théùtrale All the world’s a stage », l' illusion comique » le théùtre est un monde en rĂ©duction, le monde n’est qu’un théùtre. Comment le théùtre du xviie reflĂšte-t-il alors la sociĂ©tĂ© ? 32Si l’on tourne le dos Ă  la scĂšne, le lieu théùtral donne, dans la disposition du public, une image particuliĂšre des hiĂ©rarchies. La structure du théùtre public est partout Ă  peu prĂšs la mĂȘme. Le corral madrilĂšne se partage entre le parterre avec ses places debout ou assises et les loges rĂ©servĂ©es aux personnages importants ; un lieu spĂ©cial est rĂ©servĂ© aux femmes du commun et aux ecclĂ©siastiques, ce qui est une particularitĂ© espagnole. Dans le théùtre Ă©lisabĂ©thain, on a, du moins coĂ»teux au plus cher, les places debout Ă  ciel ouvert, les places assises dans les galeries couvertes et enfin les loges. EntiĂšrement couvert, le théùtre de Bourgogne montre une rĂ©partition analogue, avec ses places au parterre Ă  5 sous et ses places en loges Ă  10 sous. 33Si, dans le cas des reprĂ©sentations privĂ©es chez de nobles particuliers les visites » en France, les particulares » en Espagne le public est socialement homogĂšne, il n’en va pas de mĂȘme du théùtre public. La composition des salles est assez semblable Ă  Londres et Ă  Paris. Le parterre, debout, est volontiers remuant, mĂȘme s’il ne faut pas s’exagĂ©rer le caractĂšre populaire de ces spectateurs. Alfred Harbage montre qu’il est constituĂ©, au théùtre du Globe, de boutiquiers, d’artisans et de journaliers. La variĂ©tĂ© de ton et de genres caractĂ©ristique du théùtre de Shakespeare, comme de la tragĂ©die espagnole, de la poĂ©sie savante Ă  la farce, est destinĂ©e Ă  rĂ©pondre Ă  cette diversitĂ© du public. On distingue les connaisseurs des ignorants du parterre, les mosqueteros » en Espagne, les groundlings » en Angleterre. On peut remarquer que la mĂȘme idĂ©e est souvent exprimĂ©e deux fois dans les piĂšces de Shakespeare, sous une forme Ă©laborĂ©e d’abord, plus simple ensuite. Dans la comedia, le gracioso » est chargĂ© de rĂ©pĂ©ter en clair ce qui risquait de paraĂźtre obscur. Cependant, au cours du siĂšcle, on remarque une diminution globale de la composante populaire du public. Les tĂ©moignages contemporains sur le chahut du parterre ne sont pas exempts de prĂ©jugĂ©s sociaux. En France, le public ne change pas radicalement, mais les poĂštes, leurs mĂ©cĂšnes et les amateurs prĂȘchent pour une Ă©puration du goĂ»t comme du public. Il ne faut pas oublier que la dĂ©fense des rĂšgles et, pour le dire d’un mot, du classicisme, est parallĂšle Ă  une exclusion des Ă©lĂ©ments populaires. Le classicisme, rappelle J. Truchet, suppose un consensus culturel, l’existence d’un public auquel il soit naturel et lĂ©gitime de vouloir plaire, les honnĂȘtes gens », la Cour » et la Ville ». L’unitĂ© du classicisme se fonde moins sur des prĂ©ceptes que sur un milieu ». L’exclusion du menu peuple se fait naturellement par l’augmentation du prix des places au cours du siĂšcle. En France comme en Angleterre, la base sociale du théùtre se rĂ©trĂ©cit. 34La nĂ©cessitĂ© de parler Ă  un trĂšs large public oĂč domine, de plus en plus, les catĂ©gories privilĂ©giĂ©es, implique de renvoyer Ă  une morale commune. N’oublions pas que plaire est une nĂ©cessitĂ© vitale pour le dramaturge du xviie siĂšcle. Souvent, on remarque un certain conservatisme dans la vision de la sociĂ©tĂ© vĂ©hiculĂ©e par le théùtre. Celui-ci enregistre certains changements, comme l’importance croissante du commerce et de l’argent, les transformations de la noblesse ou l’appĂ©tit des roturiers enrichis. Le gentilhomme dĂ©sargentĂ© contraint Ă  la mĂ©salliance, le roturier cherchant une promotion Ă  la cour, le bourgeois gentilhomme, sont quelques thĂšmes rĂ©currents de la comedia espagnole, dont l’influence est grande en France et en Angleterre ; mais en gĂ©nĂ©ral, quelque soit l’origine sociale de l’auteur, la morale de la piĂšce demeure attachĂ©e aux valeurs de la noblesse terrienne traditionnelle, dĂ©favorable aux fortunes issues du commerce et de la spĂ©culation. Par exemple, dans les piĂšces de Lope de Vega, le noble enrichi par le nĂ©goce est condamnĂ©, les marchands, petits ou grands, et les armateurs de SĂ©ville peu reprĂ©sentĂ©s ou peu mis en valeur. Le théùtre jacobĂ©en, face aux bouleversements sociaux, tĂ©moigne d’un attachement Ă  l’ordre ancien A. Bry. MoliĂšre montre de maniĂšre trĂšs nĂ©gative ces femmes qui sortent de leur condition, ces prĂ©cieuses qui se prĂ©valent d’un rĂŽle intellectuel dans ce qui deviendra les salons. Le monde comme théùtre est d’abord une mĂ©taphore de la vanitĂ© des biens de ce monde. Il s’agit moins de reprĂ©senter que de moraliser. CalderĂłn de la Barca l’exprime parfaitement dans Le Grand Théùtre du Monde 1645. On y voit le Monde remettre Ă  chaque acteur, du Roi au Mendiant, les insignes de son rang. Les personnages entrent sur scĂšne par le Berceau et en sortent par la Tombe. LĂ , ils doivent remettre leurs attributs et rendre compte de la façon dont ils ont tenu leur rĂŽle. Seuls le Mendiant et la Prudence ont Ă©chappĂ© Ă  l’orgueil et aux intrigues de la cour. Seuls, ils ont compris la leçon de la piĂšce, c’est-Ă -dire de la vie. Seuls, ils ne seront pas damnĂ©s. Quand le rideau tombe, ne demeurent en scĂšne que les quatre derniĂšres choses » la Mort, le Jugement, le Ciel et l’Enfer. 35Si le siĂšcle est fascinĂ© par les pouvoirs de l’illusion, la concorde entre l’ĂȘtre et le paraĂźtre est un souci constant. Les marques de luxe doivent correspondre Ă  un statut social rĂ©el. L’ouvrage de Pierre Le Muet, La ManiĂšre de bĂątir pour toutes sortes de personnes 1623, est un des plus importants de ces recueils, en vogue en France, qui proposent des modĂšles d’habitation selon le rang du propriĂ©taire. L’architecture doit reflĂ©ter la hiĂ©rarchie sociale. On peut dire que Fouquet, par exemple, n’a pas respectĂ© cette rĂšgle, Vaux outrepasse son rang. L’étude du portrait permet de mieux comprendre ce rapport ĂȘtre/paraĂźtre. Elle permet aussi de mieux comprendre sous quelles conditions les catĂ©gories sociales les moins privilĂ©giĂ©es ont droit Ă  ĂȘtre reprĂ©sentĂ©s. Qui a droit Ă  la reprĂ©sentation ? 36Le problĂšme de la dignitĂ© du sujet reprĂ©sentĂ© se pose particuliĂšrement dans le portrait. Ce dernier genre connaĂźt depuis le xvie siĂšcle un grand dĂ©veloppement. Il constitue Ă  la fin du siĂšcle 20 % des images des intĂ©rieurs de Delft, par exemple. Or, Edouard Pommier a relevĂ©, dans la deuxiĂšme moitiĂ© du xvie siĂšcle, un mouvement de remise en cause de ce genre, notamment d’un point de vue social. Alors qu’il cesse d’ĂȘtre rĂ©servĂ© Ă  la reprĂ©sentation des saints et des princes, le portrait suscite la question de la lĂ©gitimitĂ© de la reprĂ©sentation d’un individu. 5 CitĂ© par Pommier Édouard, ThĂ©ories du portrait, Paris, 1998, p. 128. 37Dans une lettre Ă  Leone Leoni, sculpteur et mĂ©dailleur, l’ArĂ©tin le met en garde ainsi Faites donc les portraits de personnages de ce genre [l’érudit Francesco Molza, mort depuis peu], mais ne faites pas les portraits de ceux qui Ă  peine se connaissent eux-mĂȘmes et que personne ne connaĂźt. Le ciseau ne doit pas tracer les traits d’une tĂȘte, avant que la renommĂ©e ne l’ait fait. Il ne faut pas croire que les lois des Anciens aient permis qu’on fasse des mĂ©dailles de personnes qui n’étaient pas dignes. C’est ta honte, ĂŽ siĂšcle, de tolĂ©rer que des tailleurs et des bouchers apparaissent vivants en peinture5. » Cette idĂ©e d’une vulgarisation du portrait se retrouve dans nombre d’écrits du xvie siĂšcle. On ne devrait reprĂ©senter que les exempla virtutis, ou les grands de ce monde, parce que seuls ils ont droit Ă  la mĂ©moire publique. 6 de Piles R., Cours de peinture par principes, Paris, Ă©d. J. Thuillier, 1989, p. 132. 7 Sorel Charles, La Description de l’üle de Portraiture et de la ville des portraits, Paris, 1659, p ... 38De la dignitĂ© du sujet dĂ©pend son traitement, qui oscille entre l’imitare, qui a le sens de donner l’image de quelque chose, avec une certaine libertĂ© et le ritrarre donner une copie littĂ©rale de quelque chose. Pour le thĂ©oricien Roger de Piles, la stricte fidĂ©litĂ© aux traits du modĂšle n’est requise que pour les grands de ce monde Pour les hĂ©ros et pour ceux qui tiennent quelque rang dans le monde, ou qui se font distinguer par leurs dignitĂ©s, par leurs vertus ou par leurs grandes qualitĂ©s, on ne saurait apporter trop d’exactitude dans l’imitation de leur visage, soit que les parties s’y rencontrent belles, ou bien qu’elles y soient dĂ©fectueuses » car ces sortes de portraits sont des marques authentiques qui doivent ĂȘtre consacrĂ©es Ă  la postĂ©ritĂ©, et dans cette vue tout est prĂ©cieux dans les portraits, si tout y est fidĂšle6. » Cette nĂ©cessitĂ© de rendre fidĂšlement le modĂšle vertueux, l’ĂȘtre de haut rang s’explique par les spĂ©culations physiognomoniques, trĂšs en vogue au xviie siĂšcle. En fait, la pratique conduit souvent Ă  l’inverse il faut donner au personnage les traits convenant Ă  sa fonction et Ă  sa dignitĂ©. Il faut que le paraĂźtre corresponde Ă  l’ĂȘtre social, il faut donner Ă  chaque personnage l’attitude, les vĂȘtements, les attributs de sa “qualitĂ©â€, c’est-Ă -dire sa position dans la sociĂ©tĂ© » E. Pommier. DĂ©jĂ  LĂ©onard de Vinci prĂ©conisait que le roi soit barbu, plein de gravitĂ© dans l’air et les vĂȘtements [
]. Les gens de basse condition doivent ĂȘtre mal parĂ©s, en dĂ©sordre et mĂ©prisables [
] avec des gestes vulgaires et tapageurs ». Dans sa Description de l’üle de portraiture 1659 Charles Sorel se moque lui aussi du succĂšs du portrait, de ces modĂšles qui veulent apparaĂźtre dans des vĂȘtements trĂšs magnifiques, et la plupart ne se souci[ant] point s’ils Ă©taient conformes Ă  leur naturel et Ă  leur condition7 ». Analysant le Portrait d’Omer II Talon Washington, National Gallery peint en 1649 par Philippe de Champaigne, Lorenzo Pericolo remarque qu’en tant qu' avocat gĂ©nĂ©ral au parlement de Paris, le modĂšle usurpe » en quelque sorte une posture et un dĂ©cor typique d’un roi ou d’un aristocrate ». 8 Pour reprendre le titre de l’ouvrage de G. Sadoul, Jacques Callot miroir de son temps, Paris, 19 ... 39E. Pommier montre au long de son livre combien il est difficile d’apprĂ©cier le rĂ©alisme » d’un portrait. L’art, comme le langage, est d’abord un systĂšme de signes qui demandent interprĂ©tation. Il faut donc se mĂ©fier de la tentation de voir dans les romans, les gravures ou les peintures un miroir de leur temps8 ». Ils correspondent aux attentes de la clientĂšle. Le cas des portraits de paysans des Le Nain est intĂ©ressant parce que nous voyons des paysans reprĂ©sentĂ©s avec une grande fidĂ©litĂ© apparente des traits, et en mĂȘme temps une grande dignitĂ©. Dans la peinture hollandaise, on trouve souvent des intĂ©rieurs paysans, comme celui peint par Adriaen Van Ostade vers 1635 Munich, Bayerische StaatsgemĂ€ldesammlungen. On y voit des hommes et des femmes boire et fumer. Mais les physionomies sont viles, bouffonnes, tout Ă  fait conformes aux prĂ©ceptes de LĂ©onard. Les acheteurs d’une telle toile ne sont Ă©videmment pas du mĂȘme milieu et peuvent ainsi apprĂ©cier la distance qui les sĂ©pare de ces comportements. Une mise en garde contre les dĂ©bordements des sens n’est pas absente. En effet, dans un milieu modeste, les passions sont censĂ©es s’exprimer plus librement, en tout cas leur reprĂ©sentation ne requiert pas les mĂȘmes contraintes. Adriaen Brouwer, par exemple, illustre les Ă©motions humaines Ă  travers ses portraits populaires. 9 Antoine 1588 ?-1648, Louis 1593 ?-1648 et Mathieu 1607-1677. Ils ont un atelier commun et si ... 10 Champfleury, Essai sur la vie et l’Ɠuvre des Le Nain, Paris, 1850, p. 38. 40A priori rien de tel dans le Repas de paysans 1642, Paris, Louvre ou la Famille de paysans v. 1645-1648, Paris, Louvre des frĂšres Le Nain9. C’est le rĂ©alisme » de la scĂšne qui frappe. Pour Champfleury, qui est Ă  l’origine de la redĂ©couverte de ces peintres, ce sont des historiens » qui apprennent plus sur les mƓurs de leur temps [
] que bien des gros livres10 ». Une critique marxiste s’est emparĂ© de ces peintres populaires », mais il a vite Ă©tĂ© montrĂ© que les trois frĂšres ont fait partie des membres fondateurs de l’AcadĂ©mie et que Mathieu, qui a vĂ©cu plus longtemps, a pu faire une assez belle fortune et a cherchĂ©, aprĂšs l’achat d’une terre prĂšs de Laon, Ă  se faire appeler seigneur de la Jumelle. Fait exceptionnel pour un peintre, il a Ă©tĂ© fait chevalier du Saint-Michel pour ses services dans la milice de Paris, mais il n’a pu faire preuve de sa noblesse. Pourtant, il a Ă©tĂ© vite remarquĂ© que les paysans reprĂ©sentĂ©s Ă©taient bien habillĂ©s, possĂ©daient des verres, etc. Beaucoup d’historiens ont continuĂ© Ă  vouloir y voir des documents transparents, des fenĂȘtres ouvertes sur le monde paysan des environs de Laon au xviie siĂšcle. Ansi, Neil McGregor voit dans les paysans des Le Nain l’illustration d’un dĂ©veloppement historique ». Pour lui, les acheteurs de ces tableaux sont des membres de la bourgeoisie qui achĂštent alors des terres autour de leurs villes natales et les mettent en valeur eux-mĂȘmes ou les confie Ă  un fermier. Ils auraient plaisir Ă  avoir des portraits de leurs paysans, envers lesquels ils seraient animĂ©s d’une bienveillance patriarcale. La dignitĂ© des attitudes et la noblesse des traits des personnages nous Ă©loignent du dĂ©dain et du rire de Van Ostade. Toutefois, il est difficile de croire Ă  un tĂ©moignage naturaliste sur la condition paysanne. Pierre Goubert et JoĂ«l Cornette, aprĂšs d’autres, ont remarquĂ© les Ă©chos eucharistiques du Repas de paysans, qui reprĂ©sente sans doute une visite de charitĂ©, telles qu’elles Ă©taient organisĂ©es vers 1640 par des institutions comme la compagnie du Saint-Sacrement. On peut alors songer Ă  certains bodegones de VĂ©lasquez, mĂȘme s’ils ne procĂšdent pas de la mĂȘme filiation picturale. Ce genre nĂ© Ă  SĂ©ville et Ă  TolĂšde, qui mĂȘle la nature morte et la scĂšne de genre est un des rares genres profanes de la peinture espagnole. On y voit des gens du peuple se livrer Ă  des activitĂ©s trĂšs quotidiennes notamment autour de la prĂ©paration et de la consommation du repas. Pourtant, il n’est pas si profane que cela. La mĂ©ditation religieuse est quelquefois explicite comme dans Le Christ chez Marthe et Marie 1618, Londres, National Gallery, oĂč l’on voit une jeune femme cuisiner, tandis qu’une vieille femme semble lui montrer une image au statut assez compliquĂ© est-ce une scĂšne vue Ă  travers une fenĂȘtre, est-ce un tableau ? reprĂ©sentant la scĂšne Ă©vangĂ©lique qui donne son nom au tableau. L’interprĂ©tation complĂšte est difficile, mais il s’agit sans doute d’une mĂ©ditation sur la vie active et la vie contemplative, Ă  laquelle se joint peut-ĂȘtre la remarque de ThĂ©rĂšse d’Avila, selon laquelle le chemin du Christ passe par les ustensiles de cuisine
 Le portrait d’hommes et de femmes humbles convient particuliĂšrement aux vertus Ă©vangĂ©liques de pauvretĂ© et de simplicitĂ©. 41Cela n’enlĂšve rien au caractĂšre trĂšs convaincant de la reprĂ©sentation, mais le peintre, qui construit savamment ces scĂšnes dans son atelier, ne cherche pas Ă  faire un reportage sur une famille paysanne. Il cherche certainement la vraisemblance, mais ce respect du rĂ©el est empreint d’une religiositĂ© profonde, et conditionnĂ© par la plus ou moins subtile mĂ©ditation qu’il veut offrir Ă  l’amateur. Les stĂ©rĂ©otypes sociaux dans la littĂ©rature espagnole du SiĂšcle d’or 11 FernĂĄndez Alvarez M., La Sociedad española en el Siglo de Oro, Madrid, 1983. 42La littĂ©rature du SiĂšcle d’or espagnol reflĂšte, souvent avec des caractĂšres sombres, toute une sĂ©rie de stĂ©rĂ©otypes sociaux. L’échantillon le plus complet d’un monde oĂč pullulent les dĂ©shĂ©ritĂ©s mendiants et pauvres honteux, soldats en guenilles, Ă©tudiants dissolus, hidalgos de haute lignĂ©e Ă  la maigre fortune, prostituĂ©es
 et dans lequel se distingue la figure du picaro, personnage qui donna lieu Ă  l’un des genres littĂ©raires les plus en vogue dans l’Espagne du xviie siĂšcle11. L’intention satirique des auteurs de ce genre les conduisit Ă  confronter la vie du picaro Ă  celle des puissants maĂźtres qu’ils servaient seigneurs et ecclĂ©siastiques de toutes conditions principalement dont les dĂ©fauts et l’hypocrisie sont mis en relief par ces antihĂ©ros. Le picaro devient ainsi le personnage antagonique du chevalier vertueux et honorable que le roman de chevalerie avait consacrĂ©. Personnage de basse extraction sociale, abandonnĂ© par la fortune, et qui survit dans le monde de la pĂšgre grĂące Ă  son habiletĂ© dans la tromperie et l’escroquerie. Etranger Ă  tout code de conduite honorable, il atteint ses objectifs grĂące Ă  sa ruse mais sans recourir Ă  la violence. Il aspire par-dessus tout Ă  amĂ©liorer sa condition sociale, bien qu’il Ă©choue constamment dans ses tentatives, reflĂ©tant ainsi l’impermĂ©abilitĂ© sociale qui caractĂ©risa l’Espagne du moment. 12 Maravall J. A., La literatura picaresca desde la historia social, Madrid, 1986. 43Bien que la figure du picaro soit dĂ©jĂ  prĂ©sente avec la plupart des traits qui le dĂ©finissent dans le Lazarillo de Tormes 1554, son plus haut niveau littĂ©raire est obtenu par Mateo AlemĂĄn avec son GuzmĂĄn de Alfarache 1599. Au xviie siĂšcle, QuĂ©vĂ©do consacre cette figure satirique dans sa Vida del BuscĂłn llamado don Pablos 1603 ?, et il existe toute une plĂ©iade de romans durant la premiĂšre moitiĂ© du xviie siĂšcle avec une perspective burlesque de mĂȘme nature, dans lesquels on voit dĂ©filer des personnages, masculins et fĂ©minins, qui rĂ©pondent Ă  ces caractĂ©ristiques, comme El GuitĂłn Onofre Gregorio GonzĂĄlez, 1604, La pĂ­cara Justina Francisco LĂłpez de Ubeda, 1605, La Ingeniosa Elena, fille supposĂ©e de La CĂ©lestine Alonso JerĂłnimo de Salas Barbadillo, 1612 et 1614, le Lazarillo del Manzanares Juan CortĂ©s de Tolosa, 1620, Gregorio Guadaña Antonio EnrĂ­quez GĂłmez, 1644 ou Estebanillo GonzĂĄlez Gabriel de Vega, 1646. Quelques autres personnages de romans qui ne cadrent pas complĂštement avec ce genre littĂ©raire partagent Ă©galement nombre de ses caractĂ©ristiques, comme en tĂ©moignent Rinconete y Cortadillo de CervantĂšs 1613, ou El Diablo Cojuelo de LuĂ­s VĂ©lez de Guevara 1641. Si le picaro est un personnage qui s’épanouit principalement en milieu urbain, le chevalier le fait en milieu rural ; c’est ainsi que le reprĂ©sente Alonso JerĂłnimo Salas Barbadillo dans son Caballero perfecto 1620 et dans son antithĂšse El Caballero puntual 161612. 13 Maravall J. A., Teatro y literatura en la Sociedad Barroca, Barcelona, 1990. 44Face au caractĂšre satirique et critique du roman picaresque, le théùtre, d’aprĂšs Maravall, tenta de maintenir en vigueur un systĂšme de pouvoir préétabli et, par consĂ©quent, la stratification et la hiĂ©rarchie des groupes sociaux13. À travers le théùtre de Lope de Vega, CalderĂłn de la Barca, ou de Tirso de Molina, les espagnols assumĂšrent un systĂšme de conventions » qui soutenait un ordre social dans lequel les autoritĂ©s politique et religieuse Roi et Inquisition garantissaient sa validitĂ©. Ainsi, dans une Ă©poque de crise, comme celle que connut l’Espagne au cours du xviie siĂšcle, le théùtre fut l’un des piliers sur lesquels reposa la campagne de renforcement de la sociĂ©tĂ© seigneuriale. Les conflits sociaux seront la thĂ©matique fondamentale des piĂšces de théùtre, le dĂ©sir d’ascension sociale Ă©tant prĂ©sentĂ© de façon rĂ©currente, bien que les personnages vertueux coĂŻncident toujours avec ceux qui acceptent de bonne grĂące leur statut. Le théùtre privilĂ©gia une sĂ©rie de valeurs traditionnelles comme l’honneur, la puretĂ© de sang, la foi, la richesse – spĂ©cialement celle du laboureur – l’amour pur
 en faisant ressortir Ă©galement la diffĂ©renciation bipolaire de la sociĂ©tĂ© entre riches et pauvres, nobles et vilains, seigneurs et serviteurs, oisifs et travailleurs, et parvenant Ă  identifier richesse avec noblesse. L’arbitrisme 14 NDT Le substantif arbitrismo » n’est pas inclus dans le Diccionario de la Real Academia. Seuls ... 15 Vilar J., Literatura y EconomĂ­a. La figura satĂ­rica del arbitrista en el Siglo de Oro, Madrid, 197 ... 45En Espagne, la sociĂ©tĂ© fut Ă©galement l’objet d’une rĂ©flexion par un courant de pensĂ©e que l’on nomme l’arbitrismo » l’arbitrisme14. Est considĂ©rĂ© arbitrista » l’individu qui propose des plans et des projets arbitrios, insensĂ©s ou rĂ©alisables, pour soulager les Finances Publiques ou remĂ©dier Ă  des maux politiques. Le caractĂšre majoritairement pĂ©joratif du terme est issu de son origine littĂ©raire, car c’est dans ce sens que CervantĂšs l’utilise pour la premiĂšre fois dans son Coloquio de los perros 1613. QuĂ©vĂ©do s’exprima Ă©galement avec une fĂ©rocitĂ© particuliĂšre dans son ouvrage La hora de todos o la fortuna con seso 163515. 16 NDT terme employĂ© ici pour dĂ©clin ou dĂ©cadence. 17 GarcĂ­a CĂĄrcel R., Las culturas del Siglo de Oro, Madrid, 1998. 46Dans l’historiographie actuelle, on entend par arbitrismo » ce courant de pensĂ©e politique et Ă©conomique qui, Ă©mergeant au temps de Philippe II, trouve son groupe le plus fourni de reprĂ©sentants dans la Castille des deux premiers tiers du xviie siĂšcle. La majeure partie de ces Ă©rudits se virent encouragĂ©s Ă  adresser leurs arbitrios » solutions aux principales autoritĂ©s, y compris au Roi, par leur profonde conviction de la dĂ©cadence du Royaume, dont la cause, selon eux, rĂ©sidait dans un ou plusieurs problĂšmes sociaux, Ă©conomiques et financiers qui caractĂ©risĂšrent l’Espagne du SiĂšcle d’or. Parmi ceux-ci on distingue l’augmentation des prix fruit de l’abondance d’or et d’argent en provenance d’AmĂ©rique, la diminution corrĂ©lative de la compĂ©titivitĂ© des produits espagnols et l’introduction correspondante de marchandises Ă©trangĂšres qui provoquaient la ruine de l’industrie nationale, la dĂ©cadence du commerce et l’abandon de l’agriculture et de l’élevage. Les arbitristas » dĂ©noncĂšrent Ă©galement l’appauvrissement progressif de l’État, dont la dĂ©pense publique croissante dĂ©coulant de l’entretien d’une armĂ©e plĂ©thorique, dispersĂ©e sur un vaste territoire Ă©tait compensĂ©e par l’augmentation des impĂŽts, gangrĂšne financiĂšre dont le reflet n’est autre que la ruine de la nation et le dĂ©peuplement. Tout cela, d’aprĂšs de nombreux arbitristas », provoquait l’abandon des activitĂ©s de production et d’investissement de la part des Espagnols, tandis que les Ă©trangers devenaient les maĂźtres des ressorts Ă©conomiques du pays. De la mĂȘme façon, ils imputaient Ă  l’excessive circulation monĂ©taire le goĂ»t du luxe et de l’oisivetĂ© dans les classes possĂ©dantes, et la nĂ©gligence qui s’ensuivait pour les activitĂ©s productives. La consĂ©quence de tout cela fut la declinaciĂłn16 » de la Nation, terme qui rĂ©sumait parfaitement leur impression de vivre un moment de crise Ă©conomique et sociale17. 47Bien que les termes arbitrio » et arbitrista » aient Ă©tĂ© employĂ©s dans la littĂ©rature du SiĂšcle d’or dans un sens clairement pĂ©joratif, les avis de ces individus Ă©tant jugĂ©s insensĂ©s, il est certain que parmi ceux qui Ă©mirent leur opinion, il y eut de nombreux personnages lucides, intelligents et des professionnels de toutes sortes d’activitĂ©s, qui surent observer avec acuitĂ© les problĂšmes Ă©conomiques et sociaux de l’Espagne d’alors et prĂ©voir des solutions. Parmi les plus importantes figures de cette Ă©cole de pensĂ©e il y eut le comptable du TrĂ©sor Luis Ortiz, auteur du Memorial al Rey para que no salgan dineros de España 1558 ; l’avocat de la Chancellerie Royale de Valladolid, MartĂ­n GonzĂĄlez de Cellorigo, continuateur de ce que l’on appela l’Ecole de Salamanque » et auteur du Memorial de la polĂ­tica necesaria y Ăștil restauraciĂłn a la repĂșblica de España 1600 ; le mĂ©decin CristĂłbal PĂ©rez de Herrera, rĂ©dacteur d’un mĂ©moire dans lequel Ă©taient abordĂ©es
 de nombreuses choses touchant au bien, Ă  la propriĂ©tĂ©, Ă  la richesse, Ă  la futilitĂ© de ce royaume et au rĂ©tablissement des gens » 1610 ; le professeur en Écritures SacrĂ©es, Sancho de Moncada, dont les Discursos 1619 seraient rééditĂ©s en 1746 sous le titre RestauraciĂłn polĂ­tica de España ; le chanoine et consultant du Saint-Office, Pedro FernĂĄndez de Navarrete, qui Ă©crivit le livre intitulĂ© ConservaciĂłn de MonarquĂ­as 1626 ; Miguel Caxa de Leruela, du Conseil de Castille et Visiteur GĂ©nĂ©ral du Royaume de Naples, dont l’Ɠuvre la plus connue s’intitulait RestauraciĂłn de la abundancia de España 1631 ; ou le procurateur des galĂ©riens Francisco MartĂ­nez de Mata, auteur de cĂ©lĂšbres Memoriales et Discursos 1650-1660. Traductionsen contexte de "marge de la sociĂ©tĂ©" en français-anglais avec Reverso Context : en marge de la sociĂ©tĂ© Traduction Correcteur Synonymes Conjugaison Plus Les personnes Ă  haut potentiel ont un cerveau qui fonctionne Ă  plein rĂ©gime, une sensibilitĂ© exacerbĂ©e, et une impression de vivre perpĂ©tuellement en marge. Et si cette diffĂ©rence nourrissait la sociĂ©tĂ© de demain ? PubliĂ© le 17/12/2014 Ă  1116 Temps de lecture 8 min Le cerveau d’un HP est en Ă©bullition permanente. Les IRM effectuĂ©es sur ces personnes confirment cette forte activitĂ©, avec une multitude de connexions neuronales qui se traduisent par une pensĂ©e en arborescence une idĂ©e en entraĂźnant une autre, puis une autre... Alors que chez les non-HP, seule une zone spĂ©cifique du cerveau s’anime par fonction, par exemple celle du langage pour traiter une information. Chez le surdouĂ©, penser, c’est vivre. Il n’a pas le choix. Il ne peut arrĂȘter cette pensĂ©e puissante, incessante qui, sans relĂąche, scrute, analyse, intĂšgre, associe, anticipe, imagine, met en perspective
 Aucune pause. Jamais. Alors, il pense sur tout, tout le temps, intensĂ©ment. Avec tous ses sens en alerte, explique la psychologue et auteur de livres sur le sujet, Jeanne Siaud-Facchin 1. C’est un petit vĂ©lo qui tourne sans cesse dans la tĂȘte. J’ai toujours vĂ©cu Ă  cent Ă  l’heure, en utilisant ce petit vĂ©lo au maximum, ce qui m’a permis de crĂ©er mon Ă©cole, confirme VĂ©ronique Meunier, 49 ans, qui a rĂ©ussi Ă  rĂ©aliser ses rĂȘves malgrĂ© les critiques dont elle a fait l’objet. Il y a vingt ans, elle a donc créé Les Ateliers de la Chaise Musicale, une Ă©cole de musique bruxelloise, caractĂ©risĂ©e par sa pĂ©dagogie diffĂ©rente, davantage axĂ©e sur des activitĂ©s ludiques et crĂ©atives que sur un apprentissage basĂ© sur la compĂ©tition. L’école proposant aussi un Ă©veil musical dĂšs l’ñge de 7 mois. On me disait qu’un bĂ©bĂ© n’en avait rien Ă  faire de la musique, que je faisais cela pour l’argent, que c’était dĂ©lirant. Et moi, j’étais convaincue qu’il s’agissait d’un moyen de renforcer les liens parents-enfants et d’un bĂ©nĂ©fice Ă  apporter aux petits. Penser sur le mode WikipĂ©dia Cette arborescence de la pensĂ©e, c’est comme WikipĂ©dia, explique encore la directrice de la Chaise Musicale. Je consulte le site pour comprendre un mot ou un Ă©vĂ©nement, comme le krach boursier, et je me retrouve dans le fin fond de l’Australie dans les annĂ©es 60, sans savoir comment j’y suis arrivĂ©e. Ce sont des hyperliens sur tout et c’est comme ça dans ma tĂȘte Ă©galement. La comparaison avec la plateforme de cette encyclopĂ©die participative en ligne est Ă©difiante. Les cerveaux des HP tournent non seulement Ă  plein rĂ©gime, mais ils crĂ©ent aussi une multitude de liens entre les choses, que d’autres ne perçoivent pas forcĂ©ment. Avec une difficultĂ© qui consiste quelquefois Ă  expliquer aux non-HP ce qu’ils perçoivent comme Ă©vident. CĂŽtĂ© bonus, il s’agit d’un moteur qui leur permet d’ĂȘtre extrĂȘmement crĂ©atifs, innovants et de se surpasser. Quel est le bĂ©nĂ©fice de cette diffĂ©rence ? Une capacitĂ© Ă  pouvoir travailler plus vite et facilement sur diffĂ©rents sujets Ă  la fois. Cela me permet de produire plus au niveau professionnel. Mais je suis aussi trĂšs attentif Ă  des dĂ©tails que d’autres ne perçoivent pas forcĂ©ment, avec une capacitĂ© Ă  m’émerveiller facilement et un besoin de trouver sans cesse de nouvelles idĂ©es. J’ai tendance Ă  un peu charger la barque pour ne pas m’ennuyer, explique Serge Ruyssinck, 48 ans, qui cumule son job de rĂ©alisateur Ă  la RTBF Ă  la gestion d’évĂ©nements pour la chaĂźne et Ă  des prestations pour Eurosport, Ă  Paris. Une sensibilitĂ© accrue Il y a quelques annĂ©es, Serge Ruyssinck a poussĂ© la porte d’un centre d’évaluation des personnes Ă  haut potentiel, parce qu’il se rendait compte de sa mauvaise gestion Ă©motionnelle, particuliĂšrement dans sa vie privĂ©e. GuĂšre Ă©tonnant l’hypersensibilitĂ© est l’une des caractĂ©ristiques de cette diffĂ©rence. Avant, je me laissais submerger par mes Ă©motions. Je n’acceptais pas que les autres soient moins rapides que moi, cela m’irritait lorsqu’on ne comprenait pas vite ce que je racontais, confie le rĂ©alisateur, qui estime s’ĂȘtre “ assagi ” en saisissant mieux les diffĂ©rences comportementales et Ă©motionnelles propres aux HP. Aujourd’hui, son sens de l’empathie lui permet d’ĂȘtre Ă  l’écoute de ses collaborateurs au niveau professionnel, mais aussi dans ses relations amicales. Un atout, selon lui. Mais pour en arriver lĂ , il faut parfois avoir fait du chemin. J’étais quelqu’un de trĂšs empathique, une Ă©ponge Ă  Ă©motions, je ressentais la souffrance d’autrui, mĂȘme s’il ne l’exprimait pas, explique de son cĂŽtĂ© VĂ©ronique Meunier, rĂ©vĂ©lĂ©e HP dans la foulĂ©e d’une demande de diagnostic pour son petit garçon. Depuis que j’ai pris conscience que cette sensibilitĂ© fait partie des spĂ©cificitĂ©s des HP, j’ai rĂ©ussi Ă  dĂ©velopper des mĂ©canismes de protection et ça, c’est extraordinaire, car je prends moins sur moi, avoue-t-elle. PrĂ©curseurs du monde de demain ? En dehors des politiciens ou artistes en tout genre, que deviennent les HP Ă  l’ñge adulte et qu’apportent-ils de diffĂ©rent Ă  la sociĂ©tĂ© ? Tout dĂ©pend de l’ñge de leur diagnostic. Lorsqu’ils prennent conscience de leur altĂ©ritĂ© cognitive et qu’ils l’acceptent, ils passent gĂ©nĂ©ralement par une phase de reconstruction de leur personnalitĂ© et rĂ©alisent alors de grandes choses dans leur domaine de prĂ©dilection. La rĂ©vĂ©lation de leur douance joue souvent un rĂŽle de catalyseur identitaire, ce qui leur permet d’avancer et d’entreprendre. Une personne Ă  haut potentiel qui assume sa diffĂ©rence va ĂȘtre Ă  l’avant-garde de la crĂ©ation, de la recherche, de l’innovation et des idĂ©es. Pour ĂȘtre crĂ©atif, donc ne pas refaire systĂ©matiquement tout ce que les autres font, il faut ĂȘtre un peu rebelle et avoir un sens critique fort dĂ©veloppĂ©, ne pas croire tout ce que l’on nous dit. Le monde avance grĂące Ă  ces personnes aux idĂ©es hors du commun, qui voient des problĂšmes lĂ  oĂč les autres n’en voient pas et qui imaginent des solutions. Les HP sont des gens qui veulent faire avancer le monde ou, au minimum, apporter leur pierre Ă  l’édifice, y compris dans les domaines les plus anonymes. Mais ne nous cachons pas il y a des “ nids Ă  HP ”, notamment dans les milieux artistiques et mĂ©diatiques. La plupart des gens connus le sont, explique Thierry Biren. QI Ă©levĂ© et HP, quelle diffĂ©rence ? Les HP sont-ils des surdouĂ©s ? Ont-ils tous un QI plus Ă©levĂ© que la moyenne ? Selon le coach de l’association Douance, toutes les personnes dont le QI dĂ©passe le score de 128 sont HP. Mais ce ne serait pas la caractĂ©ristique la plus importante Ă  prendre en considĂ©ration, car ce test d’intelligence trĂšs classique a Ă©tĂ© créé il y a un siĂšcle pour servir de rĂ©fĂ©rence en la matiĂšre. Il peut s’avĂ©rer rĂ©ducteur et finalement laisser passer des HP entre les mailles du filet normatif. Une personne qui aurait 125 de QI sera par exemple exclue du diagnostic classique, alors que ces quelques points de diffĂ©rence ont quelque chose d’artificiel, puisqu’il s’agit d’une Ă©chelle Ă©tablie au siĂšcle dernier !, explique le coach. Cela ne signifie pas que cette personne n’est pas HP. C’est pourquoi je prĂ©fĂšre utiliser les tests qualitatifs pour Ă©tablir mon diagnostic. L’image que l’on se fait du surdouĂ© Ă  lunettes qui rĂ©ussit ses Ă©tudes haut la main ne correspondrait finalement qu’à un tiers des HP. Ce sont gĂ©nĂ©ralement ceux qui sollicitent davantage leur cerveau gauche, axĂ© sur le langage, le raisonnement et l’analyse, alors que le cerveau droit que deux tiers des HP sollicitent en premier est associĂ© aux Ă©motions, Ă  l’intuition et Ă  la crĂ©ativitĂ©. La personne ĂŒber-intelligente et efficace serait, en revanche, celle qui mobilise autant son hĂ©misphĂšre droit que le gauche avec, dans un premier temps, le dĂ©bridement de la crĂ©ativitĂ© qui s’enclenche, puis dans un second temps, la capacitĂ© d’exĂ©cuter point par point qu’elle a imaginĂ©. C’est pour cela qu’il y a des juristes au Parlement qui font passer les propositions de lois imaginĂ©es par des politiciens dix ans auparavant !, commente Thierry Biren. Dans la pratique, la plupart des femmes et hommes politiques sont HP, d’oĂč les dĂ©bats houleux qui les opposent, car ils ont forcĂ©ment des idĂ©es diffĂ©rentes qu’ils veulent dĂ©fendre. Par rapport Ă  cette guĂ©guerre sur la place Ă  accorder aux tests de QI, la psychologue Jeanne Siaud-Facchin prĂ©cise que l’on confond souvent l’intelligence et la performance, les compĂ©tences et la rĂ©ussite, ainsi que le potentiel et l’efficacitĂ© intellectuelle. Alors que selon elle, ĂȘtre HP Ă©quivaut avant tout Ă  un comportement psychoaffectif particulier et Ă  une intelligence diffĂ©rente des autres. La vie en dĂ©calĂ© Beaucoup de HP vous le diront ils se sont toujours sentis en dĂ©calage par rapport aux autres, ce qui n’est pas forcĂ©ment facile Ă  vivre. Du coup, certains ont dĂ©veloppĂ© un “ faux-self ”, c’est-Ă -dire une adaptation de leur identitĂ© profonde pour se fondre dans la masse. Un effet camĂ©lĂ©on, inhibiteur de leur douance et souvent mal vĂ©cu
 J’étais en dĂ©calage permanent avec tout le monde et la sociĂ©tĂ©. Pour moi, haut potentiel rimait avec hautement perturbĂ©e ! Une impression d’ĂȘtre “ trop ” dans tout et que les choses n’étaient jamais simples avec moi. J’avais la volontĂ© de ne pas rentrer dans le rang, de ne pas rester prof dans le secondaire ou Ă  l’acadĂ©mie, de ne pas obĂ©ir Ă  des programmes qui ne me plaisaient pas, de pouvoir les crĂ©er moi-mĂȘme. Je n’étais pas consciente que je faisais cela parce que suis HP, mais je savais que je voulais faire les choses autrement, explique VĂ©ronique Meunier. Des annĂ©es plus tard, son Ă©cole ne dĂ©semplit pas. Elle avait vu juste ! Et comme un zeste d’utopie ne fait jamais de mal, on peut se demander si le monde actuel ne serait pas en train de fonctionner un peu plus qu’auparavant selon des caractĂ©ristiques propres Ă  l’hĂ©misphĂšre droit de notre cerveau, qui se traduisent actuellement par une envie croissante de changement sociĂ©tal, une dissĂ©mination de pratiques faisant appel Ă  l’intelligence collective et Ă  une dĂ©brouille crĂ©ative ? Certainement !, atteste Thierry Biren. J’irais mĂȘme plus loin en rappelant que nous vivons dans un monde de plus en plus visuel, grĂące aux nouveaux mĂ©dias. On fait donc aujourd’hui davantage appel Ă  des parties de notre intelligence que nous possĂ©dions dĂ©jĂ , mais qui n’étaient pas autant sollicitĂ©es auparavant. Seul petit bĂ©mol cette Ă©volution n’est pas assez rapide pour ceux qui doivent encore s’adapter Ă  un monde dont la logique de fonctionnement reste malgrĂ© tout celle de l’hĂ©misphĂšre gauche, de l’organisation et de la rationalitĂ© efficace
 Une question de temps ? 1 Auteure de plusieurs livres sur la douance, dont “ Trop intelligent pour ĂȘtre heureux ? L’adulte surdouĂ© ”, Ă©d. Odile Jacob, 2012, 320 p., 23,20 €. Le fil info La Une Tous Voir tout le Fil info Allez au-delĂ  de l'actualitĂ© DĂ©couvrez tous les changements DĂ©couvrir À la Une Entretien Caroline DĂ©sir L’école aujourd’hui c’est bien plus qu’une histoire d’enfants rois» Par Eric Burgraff et Charlotte Hutin Guerre en Ukraine Zelensky rĂ©clame la venue de l’AIEA Ă  la centrale de Zaporijjia Une camionnette fonce sur une terrasse Ă  Bruxelles un dĂ©sastre frĂŽlĂ© de quelques centimĂštres Par Arthur Sente et Louis Colart Europa League l’Union Saint-Gilloise lancera sa campagne Ă  Berlin le 8 septembre Energie la taxation des surprofits toujours dans les limbes Par Jean-François Munster Pessimistes, cinq banques abaissent leurs prĂ©visions de croissance pour la Belgique
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Accueil Revues Espaces et sociĂ©tĂ©s NumĂ©ro 2017/4 n° 171 Zone l’espace d’une vie... Éditorial Zone l’espace d’une vie en marge Suivre cet auteur JĂ©rĂŽme Beauchez, Suivre cet auteur Florence Bouillon, Suivre cet auteur Djemila Zeneidi Dans Espaces et sociĂ©tĂ©s 2017/4 n° 171, pages 7 Ă  18 Suivant ArticlePlanBibliographieAuteursCitĂ© parfile_downloadTĂ©lĂ©charger Article MĂȘme si on dort dans la rue, on n’est pas des loques. On est des chĂŽmeurs, des zonards, des mancheurs, mais on n’est pas des clochards. » Propos anonymes, recueillis dans la rue par Lionelle Reynes 1985, p. 38 1 Alors que le quotidien des jeunes de banlieue » ou des bandes ethniques » focalise depuis plusieurs dĂ©cennies l’attention des sociologues, l’autre visage des jeunesses relĂ©guĂ©es que prĂ©sentent les zonards » reste quant Ă  lui quasi invisible du point de vue des sciences sociales europĂ©ennes. Rares sont en effet les Ă©tudes de ces nomades du vide » Chobeaux, 2004 que seraient ces jeunes de la rue, que l’on dit aussi en errance » Laberge et Roy, 1996 ; Pattegay, 2001 ; Parazelli, 2002. Population sans domicile aux allures bigarrĂ©es, souvent accompagnĂ©e de ses chiens, ils apparaissent surtout dans le rĂŽle du mancheur rĂ©clamant la piĂšce sur le pavĂ© des centres-ville ou au seuil des supermarchĂ©s. À la fois terme vernaculaire et concept proche de l’expĂ©rience, le mot zonard est celui que la plupart choisissent pour se dĂ©signer Pimor, 2014. La zone Ă©voque alors un mode de vie supposant de tracer sa route dans les marges de la sociĂ©tĂ© de consommation Angeras, 2012, d’oĂč les appellations de traceurs ou de routards Ă©galement employĂ©es par certains. 2 L’étymologie du terme renvoie Ă  la zone non aedificandi non constructible qui s’étendait au-delĂ  des fortifications de Paris. AprĂšs la guerre de 1870, la destination exclusivement militaire de cet espace a Ă©tĂ© peu Ă  peu abandonnĂ©e pour cĂ©der la place Ă  l’installation de baraquements, de roulottes et de taudis qui ont regroupĂ© les travailleurs pauvres, les chiffonniers, les vagabonds, les mendiants et autres reprĂ©sentants des classes dangereuses » dont Louis Chevalier a rĂ©alisĂ© une cĂ©lĂšbre historiographie Chevalier, 2002. Aux marges de Paris, les zoniers » incarnent alors la figure du paria urbain qui inquiĂšte ou menace la sociĂ©tĂ© bourgeoise. PhotographiĂ©s par EugĂšne Atget [1] 1913 et filmĂ©s par Georges Lacombe 1928, ils apparaissent comme mis au ban d’une sociĂ©tĂ© industrielle qui les a frappĂ©s d’infamie. 3 Les zonards d’aujourd’hui composent une nouvelle strate de l’archĂ©ologie des marges urbaines. RĂ©cente, elle trouve ses racines syncrĂ©tiques loin des anciennes fortifications de Paris, dans l’entremĂȘlement des subcultures punk et traveller nĂ©es outre-Manche au cours des dĂ©cennies 1970 et 1980. Tandis que la zone d’hier correspondait Ă  un territoire bien dĂ©limitĂ©, celle d’aujourd’hui se matĂ©rialise dans les dĂ©placements de groupes qui Ă©voluent principalement dans les intervalles des villes. Si les zonards contemporains ne sauraient par consĂ©quent ĂȘtre vus comme leurs descendants directs, ils partagent nĂ©anmoins avec les zoniers d’autrefois certaines propriĂ©tĂ©s de situation dans l’espace social. Les uns comme les autres restent en effet confinĂ©s Ă  des espaces caractĂ©risĂ©s par la relĂ©gation, Ă  des situations Ă©rigĂ©es en problĂšme social. Ainsi la prĂ©sence et la visibilitĂ© des zonards – particuliĂšrement remarquĂ©es depuis le tournant des annĂ©es 2000 Ă  l’occasion des festivals dĂ©diĂ©s Ă  la musique ou aux arts de rue – sont-elles le plus souvent envisagĂ©es comme relevant d’une problĂ©matique d’encadrement d’une fraction de la jeunesse considĂ©rĂ©e comme dĂ©viante. Ils font l’objet d’une culture du contrĂŽle » Garland, 2001 qui oscille entre mesures de bannissement prises par certaines mairies et tentatives de rĂ©gulation d’une prĂ©sence dont il s’agit de maĂźtriser les potentiels effets pathogĂšnes. Les questions du sans-abrisme et de l’insĂ©curitĂ© ont dĂšs lors Ă©tĂ© posĂ©es, aux cĂŽtĂ©s des problĂšmes de santĂ© publique liĂ©s aux consommations d’alcool et de produits stupĂ©fiants Chobeaux, 2004, p. 41-42 ; Hurtubise et Vat Laaroussi, 2002 ; Van Hout, 2011. 4 Ainsi la vie et le quotidien des zonards apparaissent-ils essentiellement en nĂ©gatif de ce qu’en disent les pouvoirs publics ou les instances de rĂ©gulation sanitaire et sociale Langlois, 2014. Un nĂ©gatif qui, Ă  la maniĂšre d’une image photographique oĂč les contrastes apparaissent comme inversĂ©s, ne donne Ă  voir qu’un reflet d’une rĂ©alitĂ© dont ressortent les dĂ©fauts, comme les manques. Ce numĂ©ro d’Espaces et SociĂ©tĂ©s a pour objet de proposer une autre prise de vue. Celle-ci ouvre sur une double perspective la premiĂšre cible les modalitĂ©s d’intervention, ou de non-intervention, de la puissance publique vis-à‑vis des habitants et des acteurs de la zone. Hier comme aujourd’hui, comment les institutions font-elles face Ă  des populations qui, de maniĂšre subie ou choisie, se situent Ă  la marge des centralitĂ©s urbaines comme des normes sociales communĂ©ment partagĂ©es ? Quels sont les marges de manƓuvre accordĂ©es, les modalitĂ©s de rĂ©pression, les terrains d’entente Ă©ventuels, et comment se traduisent-ils du point de vue de la gestion de ces indĂ©sirables » ? La seconde focale a pour objet de restituer de l’intĂ©rieur les systĂšmes de valeurs qui orientent les actions des zonards. Du point de vue de ses acteurs, que dĂ©signe au juste ce signifiant dont la plasticitĂ© renvoie aux idĂ©es d’un espace indissociablement physique et symbolique ? Autrement dit, qu’il relĂšve de l’auto-attribution ou du stigmate, Ă  quoi correspond exactement le label zonard dans les mondes de la marge et leurs territoires ? Quels en sont les codes et de quelles façons se transmettent-ils ? 5 Pour rĂ©pondre Ă  cette double interrogation, ce dossier se dĂ©cline en trois thĂ©matiques. Les deux premiers articles traitent de la zone parisienne dans une perspective sociohistorique. Les trois articles suivants proposent une description dense » Geertz, 2003 des modes de vie zonards aujourd’hui, en France, en Allemagne et en Grande-Bretagne. Ces modes de vie valorisent une forme d’entre-soi tentĂ© par le dĂ©tachement vis-à‑vis de la sociĂ©tĂ© instituĂ©e. Enfin, parce que la zone ne constitue jamais un espace totalement Ă  part, l’ensemble se clĂŽt par une analyse du recours aux dispositifs de l’infra-assistance, incluant la maniĂšre dont ce recours s’inscrit dans la construction d’une identitĂ© zonarde revendiquĂ©e. 6 En finalitĂ©, l’objet de ce dossier rĂ©side dans les diffĂ©rentes façons de produire ces formes mouvantes de marginalitĂ©, dont les frontiĂšres indĂ©cises fluctuent entre conceptions Ă©miques la perspective des zonards et visions Ă©tiques celles de la sociĂ©tĂ© instituĂ©e et des pouvoirs publics. PlutĂŽt que de rĂ©duire le flou dont la notion de zone est empreinte, nous avons donc considĂ©rĂ© son caractĂšre labile comme le principal levier d’une approche qui articule espace et histoire ou diachronie et synchronie des usages et des modes de gestion d’une territorialitĂ© marginale. Une sociohistoire de la zone, espace de relĂ©gation7 La premiĂšre partie de notre dossier dĂ©taille le passage de la figure du zonier Ă  celle du zonard, et donc la progressive modification des territoires de la zone. Cette enquĂȘte est ouverte par Anne Granier, laquelle concentre ses efforts sur la pĂ©riode de l’entre-deux-guerres et la microhistoire d’un segment de la zone parisienne situĂ© Ă  Boulogne-sur-Seine. L’auteure s’est consacrĂ©e Ă  retracer la gĂ©nĂ©alogie du peuplement comme des conflits qui ont animĂ© cet espace, marquĂ© par l’la intolĂ©rance des pouvoirs publics Ă  l’égard de ses occupants. En effet, si les pouvoir publics tolĂ©raient l’existence de la zone faute de mieux, par nĂ©cessitĂ© de loger les plus pauvres d’entre les ouvriers qui ne pouvaient s’acquitter des loyers de Paris intra-muros, ils n’avaient pourtant de cesse de vouloir Ă©liminer le problĂšme social qu’ils constituaient Ă  leurs yeux. La tolĂ©rance cĂ©dait alors le pas Ă  l’intolĂ©rance pour des zoniers constamment en porte-Ă -faux vis-à‑vis de la loi. Or, les gens sans aveu » n’ont pas tĂ©moignĂ© seuls subsistent les propos tenus par ceux – dĂ©cideurs politiques, reprĂ©sentants de la loi et, plus rarement, petits propriĂ©taires zoniers – qui Ă©taient en charge de l’administration quotidienne de cette enclave partagĂ©e entre Paris et banlieue, de mĂȘme qu’entre reconnaissance partielle et marginalitĂ©. C’est donc le quotidien de ce territoire ambivalent qu’Anne Granier s’est efforcĂ©e d’exhumer des archives, territoire qui fait moins l’objet d’une rĂ©pression que d’un abandon surveillĂ© oĂč, tout au long des annĂ©es 1920 et 1930, les pauvres sont restĂ©s dans la visĂ©e des pouvoirs publics qui les ont encadrĂ©s mollement, les abandonnant le plus souvent Ă  leur sort, dans l’attente de trouver une hypothĂ©tique solution Ă  leur indigence. 8 Élargissant la focale historique portĂ©e sur la zone de Paris, James Cannon interroge pour sa part la dĂ©clinaison historique des labels de dangerositĂ© et d’infamie que la zone a charriĂ©s tout au long du xxe siĂšcle. De la Belle Époque aux annĂ©es 1970, en passant par l’entre-deux-guerres, l’auteur puise dans diverses sources, dont celles de la littĂ©rature et de la chanson populaire, pour montrer comment les gĂ©nĂ©rations successives de zoniers et de zonards ont incarnĂ© diffĂ©rentes versions des classes dangereuses » Ă©voluant aux marges de Paris. Tour Ă  tour perçus comme des rĂ©volutionnaires en puissance, des agents de l’étranger et des hommes dĂ©pravĂ©s voire les trois Ă  la fois, les zoniers ont constituĂ© une figure marginale et le plus souvent criminalisĂ©e ; cette criminalisation a suivi diverses inspirations, selon les analystes et leurs sensibilitĂ©s idĂ©ologiques ou religieuses. C’est ainsi que la zone et ses habitants apparaissent comme d’efficaces rĂ©vĂ©lateurs de la maniĂšre dont la sociĂ©tĂ© française a construit ses figures de l’altĂ©ritĂ© tout au long du premier xxe siĂšcle. Mais quid des Trente Glorieuses au cours desquelles la zone est effacĂ©e par les travaux du pĂ©riphĂ©rique urbain, disparaissant ainsi en tant qu’espace annulaire qui constituait une ceinture de misĂšre autour de Paris ? Avec l’émergence de la figure moderne du zonard au dĂ©tour de la dĂ©cennie 1970, James Cannon montre que la zone dĂ©mantelĂ©e en tant qu’espace physique se reconstitue comme style de vie marginal ; un style de vie dont les habitudes et les usages de la ville entrent le plus souvent en contradiction avec les rĂšgles, voire les lois en vigueur dans la sociĂ©tĂ© instituĂ©e. La zone, territoire de rĂ©sistances ?9 Le texte de James Cannon, qui se termine par cette Ă©vocation des zonards de la dĂ©cennie 1970, fait ainsi la jonction avec la suite du dossier. En retraçant l’ethnobiographie de Gavroche, JĂ©rĂŽme Beauchez engage en effet un dialogue avec un zonard des annĂ©es 1990 et 2000, dealer de drogues et voyou auto-proclamĂ©, sur le fond d’une anthropologie collaborative [2]. Tandis que le rĂ©cit de cette expĂ©rience de la zone Ă©nonce son code du deal et de la rue, le chercheur interroge les significations d’une telle conduite de vie dont il souligne moins la rĂ©sistance qu’une certaine conformitĂ© avec les principes les plus communs du commerce lĂ©gal et de la sociĂ©tĂ© instituĂ©e. Gavroche dĂ©crit en effet les savoir-faire, comme le savoir-survivre » Zeneidi-Henry, 2002 et les rĂšgles qui prĂ©sident Ă  son mĂ©tier de dealer ; un mĂ©tier dont l’exercice est articulĂ© aux espaces de la zone dans lesquels il fait figure de patron d’une petite entreprise criminelle centrĂ©e sur la maximisation du profit. Les moyens sont ceux des techniques de vente et de management oĂč la violence se justifie par les nĂ©cessitĂ©s d’un marchĂ© dont les Ă©changes – petits ou grands – alimentent un vĂ©ritable capitalisme de la rue. En pĂ©nĂ©trant de plain-pied cette zone partagĂ©e entre les commerces interlopes les plus cachĂ©s et les principes marchands les plus avouĂ©s, l’article offre une perspective incarnĂ©e sur une maniĂšre de vivre et de constituer un territoire dont la marginalitĂ© ne signifie aucunement l’opposition radicale ou l’absence de contact avec la sociĂ©tĂ© instituĂ©e. 10 Une Ă©chelle et un mode de description similaires ont Ă©tĂ© privilĂ©giĂ©s par Marcelo Frediani, dont l’enquĂȘte ethnographique conduite pendant la premiĂšre moitiĂ© des annĂ©es 1990 aux cĂŽtĂ©s des New Travellers en Grande-Bretagne Frediani, 2009 permet d’éclairer la gĂ©nĂ©alogie et le mode de vie de groupes qui ont fortement influencĂ© les gĂ©nĂ©rations actuelles de zonards français [3]. L’auteur dresse un portrait de celles et ceux dont il a partagĂ© la vie quotidienne en camion, sur les routes et dans des campements aussi sauvages qu’éphĂ©mĂšres ; une vie que l’auteur dĂ©crit comme adossĂ©e Ă  une culture alternative inspirĂ©e d’un syncrĂ©tisme d’influences marginales qui vont du mouvement hippie Ă  l’anarcho-punk, en passant par les spiritualitĂ©s new age, la musique Ă©lectronique et les free parties [4]. Tout l’enjeu du texte de Marcelo Frediani consiste dĂšs lors Ă  rassembler ces faisceaux d’influences et d’expĂ©riences autour de la question du besoin radical » d’espace qui aurait conduit les Travellers Ă  prendre la route. Que l’on ne s’y trompe pas un tel besoin n’est pas aussi trivial qu’un simple appel de la vie au grand air. S’il est radical, c’est justement parce qu’il rĂ©pond, selon le chercheur, Ă  une nĂ©cessitĂ© créée par les forces d’éviction du capitalisme nĂ©olibĂ©ral qui poussent les plus fragiles vers les marges du salariat et de l’habitat conventionnel. Il s’agit alors aussi bien d’échapper Ă  la spirale de l’enfermement dans les logiques du dĂ©classement que de combler ses besoins vitaux – se nourrir, se loger, nouer des rapports sociaux – et de s’engager dans une forme de radicalisme infrapolitique, ou de contre-culture, capable de constituer une alternative Ă  l’éviction. Cette alternative s’exprime au travers des communautĂ©s de pratique » que forment les Travellers en s’inscrivant dans des rĂ©seaux d’entraide fondĂ©s sur un socle de valeurs communes. Elle constitue Ă©galement une forme de retournement des stigmates qui conduit les Ă©vincĂ©s Ă  faire de leur Ă©viction un principe de libertĂ© ou, Ă  tout le moins, de rĂ©invention d’un espace du quotidien qui semble reprendre ses droits aux marges de la sociĂ©tĂ© instituĂ©e [5]. 11 Nombre de parallĂšles peuvent ainsi ĂȘtre tracĂ©s avec la zone de Gavroche dĂ©crite par JĂ©rĂŽme Beauchez. Dans les deux cas, l’engagement marginal relĂšve moins d’une opposition que d’une alternative aux fonctionnements socio-Ă©conomiques marquĂ©s par les logiques d’exclusion du capitalisme nĂ©olibĂ©ral. Tandis que Gavroche s’est contentĂ© de les retourner Ă  son avantage dans les territoires oĂč il s’est comportĂ© en patron de sa petite entreprise criminelle, les Travellers rencontrĂ©s par Marcelo Frediani ont pour leur part conçu une critique radicale de ces fonctionnements. Cela Ă©tant, pas plus que Gavroche, ils n’envisagent de fonder un mouvement qui aurait pour objet de promouvoir un changement de sociĂ©tĂ©. De leur point de vue, il s’agirait plutĂŽt d’échapper Ă  sa violence et de prendre le large, entre soi. 12 Un entre-soi que l’anthropologue et photographe Ralf Marsault a Ă©galement documentĂ© depuis sa longue expĂ©rience des Wagenburgen berlinoises. Celles-ci dĂ©signent les rassemblements de caravanes et de camions qui ont commencĂ© Ă  s’établir dans les friches et autres interstices de la ville peu aprĂšs la chute du Mur Ă  la fin de l’annĂ©e 1989 Marsault, 2010. Ouverts illĂ©galement, ces espaces oĂč se sont installĂ©s Travellers, punks et zonards issus de toute l’Europe avec une majoritĂ© de Britanniques et de Français font l’objet d’une certaine tolĂ©rance de la part des pouvoirs publics. De tels campements constituent un excursus europĂ©en Ă  l’histoire des Travellers retracĂ©e par Marcelo Frediani, de mĂȘme qu’une sorte de pendant germanique et fin de siĂšcle le xxe plutĂŽt que le xixe de la zone parisienne. À l’instar de cette derniĂšre, nombre de Wagenburgen se sont en effet Ă©tablies sur une ancienne zone militaire non aedificandi celle du no man’s land qui sĂ©parait l’Est et l’Ouest de Berlin Marsault, 2010, p. 36. Il n’est pas jusqu’à l’appellation de Wagenburg qui ne garde une connotation martiale, puisque le terme a d’abord dĂ©signĂ© une tactique de dĂ©fense consistant Ă  Ă©riger un mur de chariots » Wagen signifiant le vĂ©hicule et Burg l’idĂ©e de place forte pour parer les attaques de l’ennemi sur les champs de bataille. De loin en loin, cette idĂ©e semble perdurer aujourd’hui parmi les Wagenburger. La plupart conçoivent leur mode de vie Ă  la façon d’une rĂ©sistance – certes plus passive qu’agressive – impliquant une stratĂ©gie de repli qui les prĂ©serverait des obligations comme des injonctions Ă  la normalisation. Ralf Marsault se concentre alors sur les constructions qui font la Wagenburg – ses venelles, ses placettes et ses maisons –, et procĂšdent d’un ensemble de matĂ©riaux de rĂ©cupĂ©ration que les Wagenburger dĂ©tournent afin de concevoir une maniĂšre originale d’investir leur territoire et de l’habiter. Ce systĂšme d’objets est conçu par l’auteur comme la projection au sol des reprĂ©sentations qui animent les habitants. Au-delĂ  d’une simple figure du campement, cette hypothĂšse lui permet d’observer la Wagenburg comme une tentative de situationnisme sauvage qui n’est pas sans Ă©voquer une version punk de la Nouvelle Babylone imaginĂ©e par Constant [6]. Tracer les cartes de significations » d’une subculture marginale13 Outre les convergences dĂ©jĂ  relevĂ©es, les trois Ă©tudes prĂ©sentĂ©es au point prĂ©cĂ©dent partagent un mĂȘme intĂ©rĂȘt pour ces territoires qui sont le fait d’individus et de groupes Ă©voluant dans ce que Patrick Brunetaux et Daniel Terrolle Ă©d., 2009 ont appelĂ© l’ arriĂšre-cour de la mondialisation ». Depuis l’enracinement subjectif dans la zone de Gavroche jusqu’aux objets qui peuplent le territoire des Wagenburger en passant par le systĂšme de valeurs des Travellers, cette arriĂšre-cour a Ă©tĂ© investie par des enquĂȘtes qui, sans pour autant sacrifier Ă  une forme de romantisme des marges, ont refusĂ© l’essentialisation misĂ©rabiliste conduisant Ă  enfermer les pauvres dans leur pauvretĂ©, ou Ă  condamner les dĂ©classĂ©s au dĂ©classement. Par la mise en Ă©vidence du tout un savoir-survivre – fĂ»t-il parfois violent comme dans le cas de Gavroche –, il s’est plutĂŽt agi de souligner l’agentivitĂ© alternative [7] dont font preuve celles et ceux qui s’efforcent de construire une Ă©chappatoire et d’inventer leurs territoires en marge de la sociĂ©tĂ© instituĂ©e. Pour autant, celle-ci ne disparaĂźt pas d’un quotidien fait d’évitements, mais aussi de frottements plus ou moins rĂąpeux avec des institutions et des lois censĂ©es encadrer celles et ceux qui affichent leur souhait d’y Ă©chapper. 14 Ces frottements sont au cƓur de l’article signĂ© par CĂ©line RothĂ©, laquelle nous ramĂšne en France, pour conclure ce dossier par une rĂ©flexion sur la façon dont les zonards perçoivent et utilisent les dispositifs d’assistance qui leur sont destinĂ©s, en particulier celui d’un accueil de jour dit Ă  bas seuil d’exigence. Ce lieu est pris dans une nĂ©gociation permanente entre logiques zonardes et relatif effacement des travailleurs sociaux, qui maintiennent toutefois la prĂ©sence discrĂšte d’un cadre assorti de ses rĂšgles. Rien du style de vie des zonards n’est forclos de ce lieu les chiens y ont droit de citĂ© mais en nombre limitĂ©, tout comme les substitutifs aux opiacĂ©s dont la consommation addictive – comme celle d’autres substances – concerne un nombre consĂ©quent de celles et ceux qui disent avoir choisi la rue. L’idĂ©e d’un tel choix, comme ses mises en rĂ©cit, fournissent Ă  la chercheuse un matĂ©riau Ă  partir duquel sont interrogĂ©es des conceptions de la mobilitĂ© et du territoire qui voudraient renverser la situation de relative assistance dans laquelle la sociologue trouve ses enquĂȘtĂ©s. À ce titre, les lieux de l’urgence sociale ne sont pas de simples pourvoyeurs de services de premiĂšre nĂ©cessitĂ© ; ils apparaissent avant tout comme des lieux de socialisation zonarde et de requalification symbolique pour les reprĂ©sentants de ces groupes par ailleurs largement disqualifiĂ©s. 15 La recherche sur la zone et ses expĂ©riences n’en est encore qu’à ses balbutiements. Cette livraison d’Espaces et SociĂ©tĂ©s propose une premiĂšre articulation d’enquĂȘtes Ă  partir desquelles sont retracĂ©es quelques-unes des cartes de significations » qu’utilisent les zonards pour s’orienter dans leurs mondes [8]. Situer de tels rĂ©seaux de signifiance dans l’histoire et les espaces de la zone nous a conduits Ă  apprĂ©hender les diffĂ©rentes façons dont ses acteurs donnent du sens Ă  leurs conduites comme aux styles de vie qu’ils ont privilĂ©giĂ©s ; pratiques fondĂ©es dans une certaine promotion de la solidaritĂ©, mais qui se paye parfois au prix fort de la rue, dont les duretĂ©s n’épargnent pas ceux qui disent l’avoir choisie et l’aimer. 16 Si les anthropo-logiques zonardes sont des visions du monde et des solutions pour le vivre, leur comprĂ©hension de l’intĂ©rieur constitue dans le mĂȘme temps une condition sine qua non pour Ă©tablir une base de dialogue capable de faire socle Ă  une vĂ©ritable rencontre entre le monde des institutions et celui des zonards, lequel ne saurait ĂȘtre rĂ©duit Ă  un espace oĂč rĂ©gnerait l’anomie. Tandis que les communitas qu’ils forment apparaissent au premier regard comme des contre-structures » dont les dĂ©rĂšglements se heurtent aux principes organisateurs de la sociĂ©tĂ© instituĂ©e Turner, 1990, les enquĂȘtes prĂ©sentĂ©es ici laissent apparaĂźtre les multiples points de jonction qui nous rapprochent d’eux. Voici sans doute l’une des questions fondatrices des sciences sociales Ă  laquelle nous confronte l’étude de la zone. Car il en va ici comme de toute production d’altĂ©ritĂ©, qui soit maximise la dissemblance pour la cĂ©lĂ©brer ou la condamner, soit insiste sur la ressemblance afin d’annihiler les diffĂ©rences. PlutĂŽt que de la refermer, ce dossier ambitionne de rĂ©vĂ©ler une nouvelle facette de cette question, qu’il ne faut assurĂ©ment pas cesser d’ouvrir. Notes [1] Atget EugĂšne, 1913, Zoniers, sĂ©rie de photographies rĂ©alisĂ©es Ă  Paris entre 1899 et 1913, archivage sur le site internet de la BibliothĂšque nationale de France, [url consultĂ© le 14 avril 2017. [2] Beauchez a exposĂ© ailleurs la vision comme les dĂ©terminants biographiques de son enquĂȘte Beauchez, 2017. Tout comme Tristana Pimor a rĂ©flĂ©chi dans les colonnes d’Espaces et SociĂ©tĂ©s Ă  ces formes de symĂ©trie dans l’investigation qu’elle a coconstruite avec un groupe de zonards Pimor, 2016. [3] Sur le mĂȘme sujet, voir Ă©galement l’ouvrage pionnier de Kevin Hetherington 2000 ou les photographies publiĂ©es par Traveller Dave Fawcett, qui a mis en images sa communautĂ© nomade et leurs façons d’habiter en perpĂ©tuel voyage Fawcett, 2012. [4] Il s’agit de fĂȘtes techno tenues en plein air, le plus souvent sans autorisation et, donc, sur des terrains ou des champs squattĂ©s pour l’occasion. [5] Cette importance de la rĂ©appropriation d’un territoire en tant qu’ancrage d’une identitĂ© positive – et non plus seulement dĂ©finie par la nĂ©gativitĂ© du dĂ©faut ou du manque – a Ă©tĂ© soulignĂ©e par Emmanuel Renault et Djemila Zeneidi Ă  partir de l’enquĂȘte que celle-ci a menĂ©e pendant plusieurs annĂ©es dans une friche industrielle transformĂ©e en scĂšne artistique anarcho-punk Renault et Zeneidi-Henry, 2008. [6] New Babylon est une utopie architecturale pensĂ©e par Constant Nieuwenhuys, un artiste nĂ©erlandais fondateur du mouvement Cobra et compagnon de route de l’Internationale situationniste. L’idĂ©e fondatrice de la Nouvelle Babylone – Ă  laquelle Constant a travaillĂ© de 1956 Ă  1974, influençant toute une gĂ©nĂ©ration d’architectes et d’urbanistes – est que les relations sociales doivent ĂȘtre au principe de l’édification spatiale d’une ville nomade, entiĂšrement montĂ©e sur pilotis et dont les configurations sont conçues comme perpĂ©tuellement mouvantes les bĂątiments sont modulables au grĂ© des situations que crĂ©ent les habitants Ă  propos de l’Ɠuvre de Constant, voir Zegher et Wigley Ă©d., 2001. [7] Ou de documenter les compĂ©tences prĂ©caires », qui dĂ©signent les multiples savoir-faire et savoir-ĂȘtre, inĂ©galement protecteurs, acquis au cours de l’expĂ©rience de la prĂ©caritĂ© par les acteurs sociaux disposant de faibles ressources Ă©conomiques, sociales et symboliques Bouillon, 2009, p. 203-213. [8] Au sens oĂč Stuart Hall et Tony Jefferson ont Ă©crit que les cartes de signification » maps of meaning consistent dans les aspects d’une subculture Ă  partir desquels ses membres dessinent l’intelligibilitĂ© de leur environnement quotidien Hall et Jefferson Ă©d., 2006, p. 4. Une sociohistoire de la zone, espace de relĂ©gationLa zone, territoire de rĂ©sistances ?Tracer les cartes de significations » d’une subculture marginale RĂ©fĂ©rences bibliographiquesAngeras AnaĂŻs, 2012, Du nomadisme contemporain en France. Avec les saisonniers agricoles en camion, ouvrage ligneBeauchez JĂ©rĂŽme, 2017, L’ethnographe dans le sous-terrain fragments biographiques », Anthropologica, vol. 59, no 1, p. 101-113. En ligneBouillon Florence, 2009, Les mondes du squat. Anthropologie d’un habitat prĂ©caire, Paris, Presses universitaires de Patrick et Terrolle Daniel Ă©d., 2010, L’arriĂšre-cour de la mondialisation. Ethnographie des paupĂ©risĂ©s, Brignais, Les Éditions du Louis, 2002 [1958], Classes laborieuses et classes dangereuses Ă  Paris pendant la premiĂšre moitiĂ© du xixe siĂšcle, Paris, François, 2004 [1996], Les nomades du vide. Des jeunes en errance, de squats en festivals, de gares en lieux d’accueil, Paris, La Traveller Dave, 2012, Traveller Homes, Stroud, Amberley Marcelo, 2009, Sur les routes. Le phĂ©nomĂšne des New Travellers, Paris, Éditions ligneGarland David, 2001, The Culture of Control. Crime and Social Order in Contemporary Society, Chicago, University of Chicago Clifford, 2003 [1973], La description dense. Vers une thĂ©orie interprĂ©tative de la culture », L’EnquĂȘte de terrain, D. CefaĂŻ Ă©d., Paris, La DĂ©couverte, p. Stuart et Jefferson Tony Ă©d., 2006 [1976], Resistance through Rituals. Youth Subcultures in Post-War Britain, Londres-New York, Kevin, 2000, New Age Travellers. Vanloads of Uproarious Humanity, Londres-New York, Cassell. En ligneHurtubise Roch et Vatz Laaroussi MichĂšle, 2002, RĂ©seaux, stratĂ©gies et compĂ©tences pour une analyse des dynamiques sociales Ă  l’Ɠuvre chez les jeunes de la rue », L’homme et la sociĂ©tĂ©, no 143-144, p. ligneLaberge Danielle et Roy Shirley Ă©d., 1996, dossier Jeunes en difficultĂ© de l’exclusion vers l’itinĂ©rance », Cahiers de recherche sociologique, no Georges, 1928, La Zone. Au pays des chiffonniers, court mĂ©trage muet, 28’, Paris, Les Films Charles Dullin. En ligneLanglois Emmanuel, 2014, De l’inconvĂ©nient de n’ĂȘtre le problĂšme de personne cĂ©citĂ© institutionnelle et vulnĂ©rabilitĂ© sociale des jeunes en errance », PensĂ©e plurielle, no 35, p. Ralf, 2010, RĂ©sistance Ă  l’effacement. Nature de l’espace et temporalitĂ© de la prĂ©sence sur les Wagenburgs de Berlin entre 1990 et 1996, Dijon, Les Presses du Michel, 2002, La rue attractive. Parcours et pratiques identitaires des jeunes de la rue, Sainte Foy, Presses de l’universitĂ© du QuĂ©bec. En lignePattegay Patrice, 2001, L’actuelle construction, en France, du problĂšme des jeunes en errance. Analyse critique d’une catĂ©gorie d’action publique », DĂ©viance et sociĂ©tĂ©, no 3, p. 257-278. En lignePimor Tristana, 2014, Zonards. Une famille de rue, Paris, Presses universitaires de France. En ligne— 2016, Les espaces zonards vers une observation collaborative », Espaces et sociĂ©tĂ©s, no 164-165, p. ligneRenault Emmanuel et Zeneidi-Henry Djemila, 2008, Formes de reconnaissance conflictuelle relations sociales, appropriation de territoire, culture et politique dans un groupe de punks squatters », La reconnaissance Ă  l’épreuve. Explorations socio-anthropologiques, Payet et A. Battegay Ă©d., Villeneuve d’Ascq, Presses universiatires du Septentrion, p. Lionelle, 1985, La manche », Informations sociales, no 5, p. Victor, 1990 [1969], Le phĂ©nomĂšne rituel. 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Connectez-vous simplement avec Facebook et suivez les instructions qui vous sont donnĂ©es par les dĂ©veloppeurs. Cette page contient des rĂ©ponses Ă  un puzzle Mode de vie des artistes en marge de la sociĂ©tĂ©.
RecensĂ© Gwen Allen, Artists’ Magazines, an alternative space for art, MIT Press, 2011 Qu’est-ce qui fait la spĂ©cificitĂ© des magazines ? Selon Gwen Allen, c’est leur nature Ă©phĂ©mĂšre publier un magazine, c’est entrer dans une relation Ă©troite avec le moment prĂ©sent. A l’inverse des livres, qui doivent ĂȘtre lus par les gĂ©nĂ©rations futures, les magazines sont essentiellement Ă©phĂ©mĂšres [1] » Contrairement aux magazines traditionnels qui contiennent principalement des rubriques critiques et des pages de publicitĂ© pour les galeries d’art, les magazines d’artistes sont beaucoup plus crĂ©atifs et permettent une participation directe des artistes. Depuis le dĂ©but du XIXe siĂšcle ces publications ont toujours Ă©tĂ© trĂšs liĂ©es Ă  l’avant-garde artistique c’est ici que les idĂ©es artistiques furent non seulement conservĂ©es et Ă©changĂ©es, mais Ă©galement créées ; ici que les mouvements d’avant-garde naquirent et prirent de l’importance [2] » Les artistes utilisent ainsi de plus en plus ce format Ă©phĂ©mĂšre afin d’explorer et de communiquer leurs idĂ©es innovantes sur l’art [3] ; cette proximitĂ© est encore renforcĂ©e au XXe siĂšcle quand de nouvelles techniques d’impression permettent aux artistes d’imprimer plus facilement leurs magazines. Mais ce qui rend ces magazines diffĂ©rents dans les annĂ©es 1970 et 1980 – et c’est lĂ  la thĂšse principale du livre de Gwen Allen – c’est le fait que les artistes les utilisent Ă  des fins artistiques jusque lĂ  inĂ©dites. À la fin des annĂ©es 1960, en effet, les artistes commencent Ă  Ă©laborer des Ɠuvres d’art conceptuelles qui peuvent ĂȘtre imprimĂ©es sur les pages mĂȘmes des magazines. Sous le nom de projets d’artistes [4] », ces Ɠuvres imprimĂ©es transforment la nature des magazines qui les publient. Comme les projets d’artistes peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des Ɠuvres authentiques et reproductibles, les magazines d’artistes passent de simples transmetteurs d’information Ă  de vĂ©ritables mediums artistiques [5]. Le livre de Gwen Allen explore cette transformation Ă  travers l’étude prĂ©cise de sept publications, qui apparaissent de la fin des annĂ©es 1960 au dĂ©but des annĂ©es 1980, Ă  un moment oĂč les artistes de l’avant-garde s’intĂ©ressent Ă  l’art conceptuel et aux autres formes de pratiques artistiques comme le land art, les installations, la performance et l’art vidĂ©o. Ces magazines illustrent ainsi parfaitement la pluralitĂ© des formes artistiques qui apparaissent au cours des annĂ©es 1970, accompagnant le dĂ©clin du modernisme tardif high modernism. Aspen, publiĂ© Ă  New York de 1965 Ă  1971, prend par exemple la forme d’un magazine tridimensionnel contenant divers objets d’art, tandis que 0 to 9 1967-1969, Avalanche 1970-1976, Art-Rite 1973-1978, et Real-Life 1979-1994, tous publiĂ©s Ă  New York, documentent les activitĂ©s artistiques des groupes d’artistes implantĂ©s dans le sud de la ville Downtown Manhattan. Le livre offre enfin une perspective internationale en s’intĂ©ressant Ă  File 1972-1989 et Interfunktionen 1968-1975, deux magazines documentant les scĂšnes alternatives de Toronto Canada et Kassel Allemagne. Gwen Allen est une historienne de l’art dont les travaux sur les publications d’artistes prĂ©sentent un aspect relativement nĂ©gligĂ© de l’histoire des Ɠuvres [6]. Son travail met en effet en valeur ce qui est d’ordinaire perçu comme pĂ©riphĂ©rique Ă  l’Ɠuvre d’art les publications courtes qui les font connaitre et les discutent. En explorant de surcroĂźt les liens qui existent entre l’art et la culture des nouveaux mĂ©dias dans les annĂ©es 1960 et 1970 [7], le livre rappelle et prolonge les Ă©crits prĂ©coces de Walter Benjamin sur la reproduction et la distribution de l’Ɠuvre Ă  travers les mĂ©dias de masse, la perte de son aura en tant qu’Ɠuvre unique et son potentiel gain de pouvoir politique [8]. À travers huit Ă©tudes de cas, Gwen Allen propose un panorama trĂšs fouillĂ© des changements artistiques qui eurent lieu en AmĂ©rique du Nord et en Europe au moment oĂč l’art conceptuel devient une pratique de plus en plus courante parmi les artistes, et le formaliste un discours de plus en plus critiquĂ© pour son Ă©litisme et son refus d’accepter de nouvelles formes d’art. En plus de ces sept Ă©tudes de cas, Gwen Allen propose dans les annexes un compendium international – et trĂšs bien illustrĂ© – des principaux magazines d’artistes publiĂ©s entre 1945 et 1989. De nouveaux mediums pour l’art d’avant-garde À la fin des annĂ©es 1960, l’art conceptuel apparaĂźt comme une nouvelle forme d’art dont le principe repose sur l’idĂ©e, ou le concept, qui est Ă  l’origine de l’Ɠuvre. L’importance ne se trouve plus dans la matĂ©rialisation physique de l’Ɠuvre, ou dans ses qualitĂ©s esthĂ©tiques finales, mais dans l’idĂ©e initiale qui l’a produite [9]. L’art conceptuel ne transforme pas simplement la dĂ©finition de l’Ɠuvre, elle en modifie Ă©galement profondĂ©ment les modes d’exposition. L’art conceptuel ne produit plus des objets uniques, mais un sous-ensemble Ă©trange de documents – des textes, des photographies, des cartes, des listes, des diagrammes [10] » p. 15. Le magazine de Vito Acconci, 0 to 9, offre un bon exemple de la façon dont le langage peut ĂȘtre utilisĂ© afin de produire des Ɠuvres conceptuelles les magazines Ă©laborĂšrent rapidement une comprĂ©hension nouvelle de ce que la matĂ©rialitĂ© du langage pouvait apporter, tandis que les poĂštes et les artistes poussaient le langage au-delĂ  de son existence bidimensionnelle sur la page [11] » p. 77. Autrement dit, les Ɠuvres conceptuelles se dĂ©tachent dans les annĂ©es 1970 des mediums traditionnels comme la peinture et la sculpture, et reposent sur une plus grande variĂ©tĂ© de mĂ©diums comme les livres, les affiches, les catalogues d’exposition, les livrets photocopiĂ©s, et les magazines » Gwen Allen montre ainsi comment, au cours de cette pĂ©riode, le magazine d’art devient un support idĂ©al, et donc un nouveau medium bidimensionnel, grĂące auquel les artistes peuvent exposer leur travail autrement. La plus grande partie du livre est consacrĂ©e aux nouvelles relations Ă©tablies entre ces magazines et les Ɠuvres d’art conceptuelles qui y sont reprĂ©sentĂ©es par le biais de projets d’artistes originaux, visibles uniquement dans les pages de ces magazines. Dans son numĂ©ro de printemps 1972, le magazine Avalanche publie les Page Drawings de Sol Lewitt, un travail qui consiste en une sĂ©rie d’instructions imprimĂ©es que les lecteurs peuvent suivre et appliquer directement sur la page, utilisant cet espace comme un support pour une Ɠuvre unique et participative. Art-Rite, un magazine Ă©galement publiĂ© Ă  New York et documentant la scĂšne alternative de SoHo, confie la rĂ©alisation de sa premiĂšre de couverture aux artistes Christo emballa’’ le numĂ©ro 5 d’une couverture en trompe-l’Ɠil imitant un sac en papier brun, une image faisant rĂ©fĂ©rence aux emballages architecturaux et scĂ©niques monumentaux de l’artiste, mais Ă©galement Ă  la façon dont on emballait habituellement les magazines pornographiques dans des sacs en papier [12] » p. 129. Les artistes utilisent ainsi la matĂ©rialitĂ© des pages de magazines comme des mediums bidimensionnels. Parfois, ces Ɠuvres imprimĂ©es vont jusqu’à transformer le magazine en objet tridimensionnel, ou autrement dit en vĂ©ritable espace d’exposition. Le magazine Aspen est par exemple conçu comme une boĂźte en carton contenant des objets artistiques reproductibles, tels que des pamphlets, des livrets de divers formats, des articles, des projets d’artistes, des disques, et des films. En tant que nouveau medium, le magazine d’artistes rend la frontiĂšre poreuse entre les Ɠuvres originales et leur reproduction. Il s’interroge aussi simultanĂ©ment sur son propre statut Ă©tait-ce un magazine d’art ? Etait-ce un espace d’exposition ? Etait-ce la combinaison de ces deux choses ? [13] » p. 97. L’auteur nous renvoie aux questions complexes que soulĂšve la prĂ©sence de ces nouvelles formes d’art dans les annĂ©es 1960 et 1970, des questions qui s’étendent au statut des magazines d’art, comme en effet miroir. Les enjeux d’authenticitĂ© et de reproduction concernent aussi d’autres formes d’art processuelles que ces magazines documentent les performances, les installations, le Land Art. Quel est par exemple le statut des photographies documentant les performances de Vito Acconci et Gordon Matta Clark ? Qu’est-ce qui, de ces photographies ou de la performance elle-mĂȘme, reprĂ©sente l’Ɠuvre d’art authentique ? Selon Gwen Allen, les magazines d’artistes peuvent ĂȘtre utilisĂ©s comme des mediums artistiques en raison de leur nature essentiellement flexible et Ă©phĂ©mĂšre. En tant que publications instables, dont la durĂ©e de vie est courte, ces magazines peuvent ĂȘtre modifiĂ©s d’un numĂ©ro sur l’autre, avec une souplesse qui rĂ©pond parfaitement aux spĂ©cificitĂ©s des nouvelles pratiques artistiques. Le format tridimensionnel de Aspen permet par exemple d’intĂ©grer une pluralitĂ© de formes artistiques son format multimĂ©dia Ă©tait un atout essentiel, permettant Ă  la fois de documenter, mais Ă©galement de stimuler la diversitĂ© croissante de formes d’art utilisant les nouveaux mĂ©dia [14] » p. 47. Au cours de deux annĂ©es 1967-1969, le contenu du magazine de Vito Acconci O to 9 change progressivement avec chaque numĂ©ro, accompagnant la progression de l’artiste de la poĂ©sie expĂ©rimentale vers la performance. Des espaces d’exposition alternatifs Si Gwen Allen Ă©tudie et illustre avec minutie le fonctionnement interne de ces sept magazines amĂ©ricains, canadien et allemand, elle s’attache Ă©galement Ă  les replacer dans le contexte politique de leur publication. Un coup d’Ɠil rapide Ă  ce contexte montre que le contenu des magazines d’artistes n’a pas simplement un impact artistique, mais qu’il possĂšde aussi une valeur politique et sociale [15]. En effet, de la fin des annĂ©es 1960 au dĂ©but des annĂ©es 1980, le monde de l’art institutionnel et marchand est violemment critiquĂ© par l’avant-garde artistique qui dĂ©nonce les pratiques racistes, sexistes et Ă©litistes des musĂ©es et galeries, Ă  New York, mais Ă©galement Ă  Toronto et Kassel. La consĂ©quence immĂ©diate de cette critique formulĂ©e Ă  l’encontre du monde de l’art traditionnel mainstream art world est le dĂ©veloppement d’un mouvement artistique alternatif [16] », auquel Gwen Allen relie explicitement la publication des sept magazines dont elle dresse ici le portrait. Tout comme les espaces alternatifs qui se dĂ©veloppent Ă  la mĂȘme Ă©poque pour contrer les habitudes conservatrices des musĂ©es et des galeries d’art, les magazines d’artistes cherchent Ă  s’émanciper du monde institutionnel et marchand, afin de crĂ©er un nouveau public et de renouveler le genre du magazine lui-mĂȘme tout comme les espaces et les collectifs indĂ©pendants et Ă  but non lucratif gĂ©rĂ©s par les artistes, les magazines remirent en question les institutions et l’économie du monde de l’art traditionnel [17] » En comparant le fonctionnement des magazines d’artistes Ă  celui des espaces alternatifs, l’auteur Ă©tend les idĂ©aux politiques et artistiques de la scĂšne alternative aux magazines d’artistes. Les magazines d’artistes cherchent eux aussi Ă  se placer en dehors des circuits marchands les galeries d’art et institutionnels les musĂ©es. À cette fin, ils dĂ©veloppent diverses stratĂ©gies Ă©ditoriales leur permettant d’exposer des Ɠuvres originales sans l’aide des galeries ; l’élaboration de nouveaux discours sur l’art leur permet en outre de transformer la critique d’art. L’auteur nous rappelle de ce fait la nature essentiellement alternative de l’art conceptuel, dont l’idĂ©al dĂ©mocratique originel est de contourner le marchĂ© de l’art avant d’ĂȘtre lui-mĂȘme rĂ©cupĂ©rĂ© par ce mĂȘme marchĂ© dans les annĂ©es 1970. En imprimant des Ɠuvres accessibles Ă  un plus large public, les magazines d’artistes rĂ©pondent prĂ©cisĂ©ment Ă  cette ambition politique. Les artistes n’ont plus besoin ni des musĂ©es ni des galeries commerciales pour exposer leur travail puisqu’ils ont Ă  leur disposition l’espace du magazine. Gwen Allen fait donc remarquer que l’art conceptuel est l’un des premiers espaces permettant d’échapper Ă  ce que Brian O’Doherty identifie quelques annĂ©es plus tard comme le Cube Blanc » White Cube ou encore l’idĂ©ologie de la galerie » the Ideology of the gallery [18]. En tant qu’espaces d’exposition, les magazines d’artistes sont devenus dans les annĂ©es 1970 des sites d’exposition alternatifs, contrĂŽlĂ©s exclusivement par les artistes. Ces magazines ont enfin pour but de dĂ©velopper des rĂ©seaux sociaux alternatifs. Selon Gwen Allen, la circulation des magazines permet de former de nouveaux contre-publics », un terme que l’auteur emprunte Ă  Oskar Negt et Alexandre Kluge [19] afin de faire rĂ©fĂ©rence aux groupes sociaux mineurs qui se dĂ©veloppent en marge de la sphĂšre publique dominante [20]. Souvent issus de la collaboration de plusieurs artistes, la plupart des magazines ont pour origine des communautĂ©s d’individus plus ou moins bien structurĂ©es, des communautĂ©s qu’ils tentent d’étendre et de renforcer grĂące Ă  la publication rĂ©guliĂšre de leurs numĂ©ros. Parmi les exemples dĂ©veloppĂ©s ici, Avalanche est ainsi trĂšs proche de la communautĂ© artistique de SoHo Avalanche servait de guide de SoHo » p. 95 [21]. Avec un tout autre objectif Ă©ditorial, le magazine de Vito Acconci 0 to 9 cherche Ă  dĂ©finir une communautĂ© d’écrivains et de lecteurs dans laquelle trouver des individus qui partageraient l’esprit du magazine et ainsi de dĂ©couvrir un public [22] » D’autres magazines sont directement publiĂ©s par des espaces alternatifs spĂ©cifiques, Ă  l’exemple de File, publiĂ© Ă  Toronto par les artistes de General Idea, un espace alternatif local. MĂȘme si la question du public n’est pas abordĂ©e dans le dĂ©tail au cours des chapitres sans doute par manque d’information sur ce thĂšme, l’auteur insiste sur la prĂ©sence initiale de ces communautĂ©s d’artistes, ainsi que sur leur rĂŽle essentiel dans la dĂ©finition de l’identitĂ© alternative de ces magazines. La lecture de ce premier livre de Gwen Allen permet donc de comprendre les nouveaux rĂŽles assignĂ©s aux magazines d’artistes dĂšs la fin des annĂ©es 1960 ; utilisĂ©s comme de nouveaux mĂ©diums pour l’avant-garde artistique et comme des espaces d’exposition alternatifs, Gwen Allen explique aussi comment et pourquoi ces publications sont essentielles Ă  la production artistique d’une Ă©poque qui constitue pour les arts visuels une transition du modernisme vers le postmodernisme. Les numĂ©ros relativement rares de ces magazines, publiĂ©s il y a tout juste quelques dĂ©cennies, sont aujourd’hui des objets de commerce prĂ©cieux dont les prix peuvent atteindre des sommes extravagantes. Ainsi rĂ©intĂ©grĂ©es au marchĂ© de l’art, il est lĂ©gitime de s’interroger sur le succĂšs des ambitions dĂ©mocratiques initiales de ces publications. MalgrĂ© tout, leur pertinence en tant que nouveaux mĂ©diums artistiques ne fait aucun doute et la rĂ©cente publication du facsimilĂ© des treize numĂ©ros d’Avalanche [23] est bien la preuve que leur contenu artistique ne cesse d’intĂ©resser.
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Biographies Visites d'Atelier LĂ©onard de Vinci RaphaĂ«l Marc Chagall GaudĂ­ Edward Hopper Accueil > Artistes > Biographies AbonnĂ©s Lee Ufan, artiste minimaliste et sculpteur du temps Artiste minimaliste corĂ©en incontournable, Lee Ufan est, Ă  86 ans, encore au cƓur de la crĂ©ation contemporaine. AprĂšs deux centres en CorĂ©e et au Japon oĂč il a travaillĂ© de nombreuses annĂ©es, l'artiste en ouvre un Ă  Arles dans le Sud de la France. À cette occasion, retour sur la vie et la carriĂšre d'un artiste discret et brillant. AbonnĂ©s 9 romans sur l’art Ă  glisser dans sa valise cet Ă©tĂ© Historiques, fantastiques, biographiques ou poĂ©tiques, ces neuf ouvrages raviront les amateurs de fictions en quĂȘte d'Ă©motions ou les avides d'histoires vraies sur le parcours de divers artistes. DĂ©couvrez notre sĂ©lection de romans Ă  dĂ©vorer cet Ă©tĂ©. AbonnĂ©s Qui Ă©tait Rosa Bonheur, artiste hors norme ? Artiste novatrice, icĂŽne de l’émancipation des femmes, Rosa Bonheur plaça le monde animal au cƓur de son art. Elle s'engagea pour la reconnaissance des animaux et chercha Ă  exprimer leur Ăąme ». NĂ©e dans la prĂ©caritĂ©, farouchement indĂ©pendante, elle connut la richesse et la cĂ©lĂ©britĂ© grĂące Ă  son talent et son travail hors normes. AbonnĂ©s Biographie Raoul Dufy, le bonheur en couleurs Fauviste Ă  ses dĂ©buts aprĂšs avoir flirtĂ© avec l’impressionnisme, Raoul Dufy parcourt les terres du maĂźtre CĂ©zanne dont il traduira les leçons sur l’espace et les volumes par des courbes et des arabesques. Artiste d’avant-garde d’une activitĂ© dĂ©bordante, grand voyageur, Dufy n’aura de cesse d’explorer les infinies possibilitĂ©s de son art. Retour sur l’histoire d’une vie consacrĂ©e Ă  la lumiĂšre, la couleur, le ciel, l’eau, les fleurs et les arbres. AbonnĂ©s Biographie GaudĂ­, architecte par nature DerriĂšre les extravagants bĂątiments de GaudĂ­ se cache une conception rationnelle, exploitant les surfaces gĂ©omĂ©triques pour distribuer autrement les forces et augmenter l’espace. Mais l’imagination de l’architecte est Ă©galement Ă  l’Ɠuvre, nourrie de sources orientales, des montagnes de Montserrat et de la contemplation de la nature. AbonnĂ©s Dans la lumiĂšre de Sorolla l’art en bord de mer Aux Bassins des LumiĂšres de Bordeaux, un programme court est consacrĂ© Ă  JoaquĂ­n Sorolla, l’un des grands noms de la peinture espagnole du XXe siĂšcle. Son Ɠuvre sublime le pittoresque des jardins, des familles, des paysages et des plages espagnoles, Ă  travers le bleu d'une lumiĂšre douce, qui caresse les ombrelles des femmes et la houle des vagues. AbonnĂ©s Du Quattrocento Ă  Jean Cocteau, l’aventure artistique de Christian BĂ©rard Coqueluche du Paris artistique et mondain des annĂ©es 1930-1940, Christian BĂ©rard fut un crĂ©ateur inspirĂ©. Peinture, mode, dĂ©cor de théùtre, son Ɠuvre multiple s’expose au Palais LumiĂšre d’Évian. AbonnĂ©s Gallen-Kallela et la Finlande un art aux sources de la culture nordique De langue maternelle suĂ©doise, Gallen-Kallela dĂ©couvre pourtant trĂšs jeune la langue et les rĂ©cits finnois. Il se met Ă  rechercher les traces d’une ancienne culture nordique et explore les territoires les plus reculĂ©s de son pays. Tant de connaissances qui façonneront son art. Le musĂ©e Jacquemart-AndrĂ© Ă  Paris lui fait honneur dans l'exposition Gallen-Kallela. Mythes et nature », visible du 11 mars au 25 juillet 2022. AbonnĂ©s Kandinsky et l’odyssĂ©e de l’abstraction Jusqu'au 2 janvier 2023, l'Atelier des LumiĂšres Ă  Paris dĂ©voile l'odyssĂ©e de Kandinsky et son univers peuplĂ© de crĂ©atures graphiques. Retour sur son odyssĂ©e de l'abstraction, de l'hĂ©ritage russe au cosmos, en passant par le Bauhaus. AbonnĂ©s Qui Ă©tait Meret Oppenheim, ambassadrice du bizarre ? De Berne Ă  New York, une sĂ©rie de rĂ©trospectives de Meret Oppenheim 1913-1985 met enfin en valeur la cohĂ©rence d’une Ɠuvre apparemment disparate, sous influence surrĂ©aliste tout en Ă©tant trĂšs singuliĂšre, bizarre, imprĂ©visible, dĂ©rangeante. AbonnĂ©s Rembrandt, un artiste entre ombre et lumiĂšre Rembrandt van Rjin est sans doute le peintre hollandais le plus connu. À l'occasion du 352e anniversaire de sa mort, retour sur la carriĂšre d’un gĂ©nie aux mille facettes qui fit du clair-obscur sa spĂ©cialitĂ©. AbonnĂ©s Georgia O’Keeffe, une artiste Ă  la nature sauvage histoire d’un mythe amĂ©ricain IcĂŽne de la peinture amĂ©ricaine, Georgia O'Keeffe bĂ©nĂ©ficie d'une premiĂšre rĂ©trospective en France, au Centre Pompidou. Rappel des grandes Ă©tapes de sa vie, qui l'ont conduite des gros plans de fleurs Ă  connotation sexuelle aux paysages du Nouveau-Mexique. Qui Ă©tait Frida Kahlo, artiste rebelle et lĂ©gende mexicaine ? PrisonniĂšre d’un corset pendant presque toute son existence, Frida Kahlo, femme libre et moderne, a créé une oeuvre autobiographique d’une puissance et d’une originalitĂ© exceptionnelles. Elle a 18 ans quand elle rencontre Diego Rivera, un colosse de vingt ans son aĂźnĂ©, cĂ©lĂšbre pour ses fresques murales racontant l’humanitĂ© en marche. Deux vies indissociablement liĂ©es par l’amour, l’art, l’engagement, l’attachement Ă  la terre mexicaine. RĂ©cit. RĂ©cit d’une vie JosĂ©phin PĂ©ladan, l’occultisme en cuissardes et dentelles Excentrique catholique et lĂ©gitimiste, occultiste, Ă©crivain capable du meilleur et surtout du pire, PĂ©ladan fonda en 1892 le Salon de la Rose+Croix. Retour sur ce personnage extravagant qui eut un rĂŽle majeur dans le mouvement symboliste de la fin du XIXe siĂšcle. JĂ©rĂŽme Bosch, faiseur de diables et peintre du destin des hommes CrĂ©ateur de monstres et de visions infernales, JĂ©rĂŽme Bosch vers 1450-1516 n’a pourtant pas le profil d’un hĂ©rĂ©tique ou d’un artiste en marge. FormĂ© dans l’atelier familial de Bois-le-Duc, il intĂšgre l’influente confrĂ©rie de Notre-Dame, vouĂ©e au culte de la Vierge. Peintre de culture humaniste, en phase avec l’élite urbaine de son temps, il travaille pour une clientĂšle aristocratique, voire princiĂšre. RĂ©cit d’une vie LĂ©onard de Vinci, un gĂ©nie universel LĂ©onard de Vinci, l’auteur du tableau le plus cĂ©lĂšbre du monde apparaĂźt comme un vĂ©ritable mythe, un homme au savoir encyclopĂ©dique et Ă  l’invention illimitĂ©e, ayant excellĂ© dans toutes les disciplines. Il Ă©tait pourtant un homme de son temps. Retour sur la carriĂšre d’une personnalitĂ© tout Ă  la fois exceptionnelle et appartenant pleinement Ă  son Ă©poque. AbonnĂ©s Aux sources de la peinture de VelĂĄzquez Les peintures de la rĂ©alitĂ© quotidienne exĂ©cutĂ©es par VelĂĄzquez, aux ambiances sombres peuplĂ©es de figures humbles, longtemps considĂ©rĂ©es comme hĂ©ritiĂšres du caravagisme, le sont tout autant de la tradition vĂ©nĂ©to-flamande et de l’art naturaliste des bodegones. Tamara de Lempicka, une pionnière du star system GrĂące Ă  un talent innĂ© pour la communication et la mĂ©diatisation, Tamara de Lempicka 1898-1980 a savamment construit son personnage de femme peintre. Furieusement Ă  la mode dans l’entre-deux-guerres, elle intĂ©gra les codes de la sociĂ©tĂ© du spectacle naissante, crĂ©ant des Ɠuvres aussi efficaces que des affiches publicitaires ou des photos hollywoodiennes. RĂ©cit d’une vie Frank Lloyd Wright, l’archi-rĂ©volutionnaire GĂ©nial concepteur de la Maison sur la cascade, Frank Lloyd Wright est l’un des architectes les plus marquants du XXe siĂšcle. Retour sur l'Ɠuvre et la vie tumultueuse du dĂ©fenseur de l'architecture organique, Ă  qui l'on doit le fantastique Guggenheim Museum de New York. Foujita, les Ɠuvres d’une vie 1 [podcast] DĂ©couvrez la vie et l'oeuvre du dessinateur et peintre japonais Tsuguharu Foujita 1886-1968, nĂ© japonais et shintoĂŻste, mort français et catholique. Pouvoir, gloire et passion Artemisia Gentileschi, le roman d’une vie D’Artemisia Gentileschi, on connaĂźt le viol et le scandale du procĂšs. On sait moins que toute sa vie fut un roman dominĂ© par la passion et par une quĂȘte Ă©perdue de gloire et de libertĂ©. Kiki, reine des Montparnos NĂ©e dans une famille bourguignonne modeste, Alice Prin, rebaptisĂ©e Kiki », devint Ă  20 ans la muse de Man Ray, le modĂšle de Foujita, de Kisling et de bien d'autres artistes de Montparnasse. Portrait d'une lĂ©gende des AnnĂ©es Folles. Manet, l’inventeur du moderne en 6 dates clefs Pourquoi Le DĂ©jeuner sur l'herbe et l'Olympia ont-ils provoquĂ© des scandales ? Quels artistes a-t-il frĂ©quentĂ© ? Retour en 6 dates sur la vie d'Édouard Manet, ce bourgeois cultivĂ© et Parisien Ă©lĂ©gant qui n'aimait rien tant que le succĂšs. Berthe Morisot une vie pour la peinture DĂ©couvrez la vie de Berthe Morisot, une femme issue de la grande bourgeoisie au destin exceptionnel qui a voulu vivre de son art et pour son art. Portrait d’une personnalitĂ© indĂ©pendante et non conformiste, dĂ©crite par son entourage comme farouche et solitaire, mais obstinĂ©e et fidĂšle Ă  son engagement dans la peinture. Egon Schiele fragments d’une vie Retour sur la fulgurante existence d’Egon Schiele, mort le 31 octobre 1918 Ă  l'Ăąge de 28 ans. AprĂšs avoir claquĂ© la porte de l’AcadĂ©mie, le jeune homme exhibe crĂ»ment les souffrances profondes de l’ĂȘtre dans ses nus, portraits et autoportraits. Soutenu par Gustav Klimt et plusieurs mĂ©cĂšnes, il est loin d’ĂȘtre l’artiste maudit que la postĂ©ritĂ© s’est longtemps plu Ă  prĂ©senter. RĂ©cit d’une vie Henri de Toulouse-Lautrec Henri de Toulouse-Lautrec, descendant des comtes de Toulouse fera de Paris, ses cabarets et ses maisons closes, son univers de prĂ©dilection. DĂ©couvrez la carriĂšre prolifique et fulgurante de cet artiste inclassable. IdĂ©e lecture Sonia Delaunay, La Vie magnifique Cet Ă©tĂ©, dĂ©couvrez la vie de Sonia avant, pendant et aprĂšs Delaunay racontĂ©e par Sophie Chauveau, aux Éditions Tallandier. IdĂ©e lecture Je suis le carnet de Dora Maar Dans notre sĂ©lection fĂ©minine, laissez-vous tenter par la biographie - dictionnaire de Dora Maar, Ă©crite par Brigitte Benkemoun, aux Ă©ditions Stock. Le roman vrai de Louise Bourgeois Sur la plage ou Ă  l'ombre sur une terrasse, lisez la biographie de Louise Bourgeois Ă©crite par Marie-Laure Bernadac. IdĂ©e lecture Delacroix ou la culture de l’audace FamiliĂšre du peintre EugĂšne Delacroix 1798-1863, Dominique de Font-RĂ©aulx nous offre un vĂ©ritable monument Ă©levĂ© Ă  la gloire de cet ancien Ă©lĂšve de GuĂ©rin, haussĂ©, hors de tout statut officiel malgrĂ© les commandes publiques reçues, en chef de file de la peinture romantique française. Les machines Ă  message de Fabien Chalon Retraçant vingt-cinq ans de carriĂšre, les sculptures en nĂ©on ou installations sonores en mouvement de Fabien Chalon, parfois dotĂ©es de vidĂ©os, investissent une nouvelle fois l’espace d’Olivier Waltman. Disparition de John Richardson, biographe de Picasso L'ami et biographe de Picasso, John Richardson est dĂ©cĂ©dĂ© Ă  New York, le 12 mars Ă  l'Ăąge de 95 ans. IdĂ©e Lecture La double vie de Paul Signac Inconditionnels de Paul Signac, ne lisez pas ce livre. Ou plutĂŽt si, lisez-le, pour savoir qui Ă©tait Ă  la ville ce peintre dont vous admirez la touche pointilliste et les Ă©blouissantes vues maritimes peintes dans le sud de la France, Ă  Antibes ou Saint-Tropez. IdĂ©e Lecture Frida Kahlo intime La vie de Frida Khalo 1907-1954, peintre et compagne de Diego Rivera, pouvait-elle encore receler des aspects mĂ©connus ? IdĂ©e Lecture Jean Fournier ou la vie de galeriste D'emblĂ©e, on se plonge avec dĂ©lices dans ces photographies d’archives
 Le premier ouvrage de cette collection lancĂ©e Ă  l’initiative du ComitĂ© professionnel des galeries d’art, permet de dĂ©couvrir comment travaillait Jean Fournier, des annĂ©es 1950 Ă  2000. RĂ©cit d’une vie Louis-Philippe, le Roi des Français passionnĂ© d’Histoire VilipendĂ© par les lĂ©gitimistes comme par les rĂ©publicains, Louis-Philippe, roi entre deux chaises, est injustement nĂ©gligĂ©. Deux expositions Ă  Versailles et Fontainebleau rĂ©vĂšlent son rĂŽle majeur dans la rĂ©habilitation des palais royaux. RĂ©cit d’une vie Sigmund Freud, mĂ©decin psychanalyste Au musĂ©e d'Art et d'histoire du JudaĂŻsme, Ă  Paris, l’historien de l’art Jean Clair met en lumiĂšre la vie de Sigmund Freud Ă  travers deux cents ouvrages, photographies, objets scientifiques, peintures, dessins et gravures, dans la premiĂšre exposition en France sur l’inventeur de la psychanalyse. Misia, encore ! AprĂšs une exposition au musĂ©e d'Orsay et l'hommage rendu Ă  son mari JosĂ© Maria Sert au Petit Palais, la belle Misia Sert 1872-1952, muse du Tout-Paris littĂ©raire et artistique de 1900 Ă  la Seconde Guerre mondiale, est Ă  nouveau sous les feux de la rampe. Quand la vie l’emporte sur l’Ɠuvre CĂ©lĂšbres, maudits, scandaleux les artistes, ou tout du moins leurs biographies, ont parfois Ă©clipsĂ© leurs Ɠuvres. Romanciers, cinĂ©astes et mĂȘme certains historiens se sont repus de leurs destinĂ©es. Des expositions au musĂ©e Marmottan-Monet ou Ă  la PinacothĂšque de Paris remettent Ă  l'honneur le plus important l'Ɠuvre de ces artistes. 1»1 VivreEn Marge De La Societe Original Qui Vit En Marge De La Societe Il Vit En Marge De La Societe; Se Met En Marge De La Societe; Jeune Vivant Plus Ou Moins En Marge De La Societe; En Marge De La Societe; Mode De Vie Des Artistes En Marge De La SociĂ©tĂ©; Il Vit Sans Regles, En Marge De La Societe; Mene Une Existence Au Jour Le La compagnie de production Tour de Bras prĂ©sente les Rencontres de Musiques SpontanĂ©es numĂ©ro 32 les 7, 9 et 10 octobre prochain, Ă  la CoopĂ©rative Paradis de Rimouski. Le festival de musiques improvisĂ©es accueillera des artistes quĂ©bĂ©cois, canadiens et internationaux. Soulignons au passage la prĂ©sence de l’important musicien Ă©lectroacoustique Erikm, du rĂ©putĂ© Quatuor Bozzini ainsi que des musiciens d’Hubert Lenoir dans le projet DooDooDoo. Le festival prĂ©sentera Ă©galement des musiciens essentiels des musiques crĂ©atives europĂ©ennes, dont la percussionniste Camille Émaille et le trompettiste et manipulateur de synthĂ©tiseurs tchĂšque Petr Vrba. Cet automne, Tour de Bras s’associe au Quatuor Bozzini pour faire rayonner les musiques nouvelles Ă  travers le QuĂ©bec avec l’évĂ©nement QuĂ©bec Musiques ParallĂšles QMP. QMP est association informelle d’artistes, de producteurs et de diffuseurs, de lieux Ɠuvrant sur des routes parallĂšles, en marge de l’industrie, reliant les rĂ©gions et les grands centres. Humainement et virtuellement. Sous la double direction artistique d’Isabelle Bozzini et d’Éric Normand, l’évĂ©nement souhaite faire rayonner les musiques de crĂ©ation d’ici dans toutes les rĂ©gions du QuĂ©bec et hors des grands centres. Ne ratez pas nos concerts Ă  Matane, RiviĂšre-du-Loup, L’Isle-Verte et Albertville! Tous les concerts des RMS 32 s’inscrivent dans la programmation de QuĂ©bec Musiques ParallĂšles. Programmation complĂšte CoopĂ©rative Paradis, Rimouski Le jeudi 7 octobre 20 h – ErikM // Camille Émaille trio ErikM – Idiosyncrasie Camille Émaille en trio avec Petr Vrba et Éric Normand Le samedi 9 octobre 20 h – DooDooDoo // Haliriki Co-prĂ©sentĂ© avec E27 et Suddenly Listen DooDooDoo Pierre-Emmanuel Beaudoin, batterie Alexandre Martel, traitement sonore Lou-Adriane Cassidy, traitement sonore Jean-Étienne Colin-Marcoux, traitement sonore Haliriki Norman Adams, violoncelle Brandon Auger, Ă©lectroniques Éric Normand, basse et effets Antoine LĂ©tourneau-Berger, percussions et Ă©lectroniques Le dimanche 10 octobre 19 h – Quatuor Bozzini + RĂ©my BĂ©langer de Beauport // LĂ -dehors. » Quatuor Bozzini Clemens Merkel, violon StĂ©phanie Bozzini, alto Isabelle Bozzini, violoncelle Alissa Cheung, violon RĂ©my BĂ©langer de Beauport LĂ -dehors Eric Brochard, Spatialisation, reverb et traitement informatique EriKm, Lutherie informatique LoĂŻc GuĂ©nin, Percussions, objets acoustiques trouvĂ©s, voix Les billets sont disponibles sur Quoi Vivre Ă  Rimouski Autres spectacles prĂ©vus au Bas-St-Laurent et en GaspĂ©sie 6 octobre – Matane Camille Émaille + Petr Vrba + Éric Normand / ErikM 7 octobre – Albertville NOORG / Quatuor Bozzini 8 octobre – RiviĂšre-du-Loup Camille Émaille + Petr Vrba + Éric Normand / ErikM 9 octobre – Mont-Louis NOORG / Quatuor Bozzini 17 octobre – L’Isle-Verte – Quatuor Bozzini / Chorale Joker
ModeDe Vie Des Artistes En Marge De La Société, Définitions : BohÚme - Dictionnaire De Français Larousse. Avec le concept d'habitus de Pierre Bourdieu, on peut souligner qu'une norme influe d'autant plus sur les comportements qu'elle a été intériorisée comme habitude. L'individu peut donc difficilement échapper à la société: présente de sa
Le 24 mai dans les locaux au Quai Ă  PĂ©rigueux, s'est tenue une confĂ©rence dĂ©bat autour du thĂšme "Revenu universel utopie ou futur proche?" Erwan Dubarry-Baete, membre de la nouvelle Ă©quipe reconstituĂ©e depuis mars 2016, a prĂ©sentĂ© l'association créée en 1996 et soucieuse de faire de l'Ă©ducation populaire en organisant des dĂ©bats, des expositions et autres manifestations culturelles. Le sujet abordĂ© ce soir-lĂ  concernait le revenu de base, une idĂ©e de plus en plus mĂ©diatisĂ©e en France. La question est importante Ă  l'heure oĂč de nombreux mouvements sociaux agitent la France oĂč, par ailleurs, la rĂ©volution numĂ©rique est en cours. En effet, le temps libĂ©rĂ© par les ordinateurs et les robots diminue le besoin de main d'oeuvre et rend l'humain plus disponible. Cette Ă©volution pose des questions sur le partage du temps de travail et des richesses. Face Ă  cela, des rĂ©ponses existent comme le revenu de base prĂ©sentĂ© ce soir-lĂ  par Arthur Mignon du Mouvement Français pour un Revenu de Base MFRB et le salaire Ă  vie, thĂšme du film d'Usul, commentĂ© par Nadja Martinez, prĂ©sidente du Quai. de gauche Ă  droite Nadja Martinez, Erwan Dubarry Baete, Arthur Mignon Arthur Mignon a soulignĂ© le caractĂšre exceptionnel d'un dĂ©bat de ce type oĂč les deux rĂ©ponses Ă©taient confrontĂ©es. Ayant rejoint le Mouvement en 2015, il a repris le groupe local de PĂ©rigueux. Pour introduire son propos, il a lu la prĂ©sentation d'une piĂšce jouĂ©e le 3 mai dernier, au Palace Ă  PĂ©rigueux, Relaps, dont nous avons rencontrĂ© le metteur en scĂšne il y a quelques mois Evoquant la gĂ©nĂ©ration Y, elle met en scĂšne des personnages "nĂ©s dans les annĂ©es 80 et Ă©levĂ©s avec la garantie que leur vie serait meilleure que celle de leurs parents, ils n'ont pas d'accĂšs au travail, ou de façon prĂ©caire. Au fait, en veulent-ils vraiment un?". Membre de cette gĂ©nĂ©ration, Arthur Mignon a expĂ©rimentĂ© les affres de "l'assistance sociale" oĂč il s'agit avant tout de mettre les usagers sur le chemin de l'emploi, considĂ©rant qu'il est leur unique besoin, nĂ©gligeant des besoins aussi importants que la culture, par exemple. Se rĂ©fĂ©rant Ă  Thomas More qui dĂ©crivait dĂ©jĂ  au XVIĂš siĂšcle comment le pouvoir canalisait le peuple en lui Ă©vitant d'accĂ©der Ă  l'argent et Ă  la libertĂ©, il a montrĂ© que le revenu de base permettait de remettre en cause les rapports de domination en jeu oĂč le peuple Ă©tait contraint de vendre sa force de travail et oĂč les banques Ă©taient toutes-puissantes. Poursuivant ses rĂ©fĂ©rences historiques, il a citĂ© Thomas Paine, un rĂ©volutionnaire anglo-amĂ©ricain, Ă©lu dĂ©putĂ© Ă  l'AssemblĂ©e Nationale en 1792 qui souhaitait contribuer Ă  la dĂ©mocratie effective alors que c'est la dĂ©mocratie reprĂ©sentative de l'AbbĂ© SieyĂšs que l'Histoire a retenue. image extraite de Pour Thomas Paine, auteur de La justice agraire 1795, il n'y avait de dĂ©mocratie que si les citoyens Ă©taient Ă©conomiquement libres et disposaient donc de revenus. En cela, il Ă©tait proche des idĂ©es des physiocrates la richesse provenait de la terre et quand on en disposait pas, il Ă©tait nĂ©cessaire de bĂ©nĂ©ficier d'une indemnisation qui assurait sa subsistance et permettait de rĂ©tablir l'Ă©galitĂ© de moyens entre les possĂ©dants de la terre et les autres. Ces idĂ©es novatrices de la pĂ©riode rĂ©volutionnaire ont Ă©tĂ© reprises au XXĂš siĂšcle mais parfois dĂ©tournĂ©es. L'Ă©conomiste libĂ©ral, Milton Friedman, a proposĂ© un crĂ©dit d'impĂŽts tandis que Paine parlait d'une dotation versĂ©e Ă  la majoritĂ©. L'idĂ©e de revenu de base a vraiment pris de l'ampleur dans les annĂ©es 1970-80. Au Canada, elle a Ă©tĂ© expĂ©rimentĂ©e dans une ville pendant plus de 10 ans. Dans les annĂ©es 1980, l'Ă©conomĂštre Yoland Bresson a lancĂ© avec Henri Guitton l'Association pour l'Instauration du Revenu d'Existence AIRE. C'est Marc de Basquiat qui a pris la prĂ©sidence Ă  sa mort en 2014. En 2013, c'est Gaspard Koenig qui a fondĂ© le think-tank GĂ©nĂ©rationLibre et publiĂ© Liber, un revenu de libertĂ© pour tous Ce sont des auteurs libĂ©raux qui ont mauvaise presse chez les progressistes, a expliquĂ© Arthur Mignon, mais c'est la vision la plus connue du revenu de base. Au sein du MFRB, créé le 3 mars 2013, dans le contexte de l'initiative citoyenne europĂ©enne pour le revenu de base, il existe un large spectre de propositions. Ainsi, Baptiste Mylondo, Ă©cologiste, qui a beaucoup Ă©changĂ© avec Bernard Friot, dĂ©fenseur du salaire Ă  vie, estime que si l'on se base sur le PIB, le revenu disponible par habitant serait de plus de 1000 euros par mois pour un partage strictement Ă©galitaire, soit plus du double de la proposition de GĂ©nĂ©rationLibre. Tandis que le premier estime que l'impĂŽt sur le revenu peut ĂȘtre financĂ© dĂšs le 1er euro gagnĂ©, le second souhaite la conservation d'un modĂšle progressif oĂč les plus pauvres ne seront pas taxĂ©s et prĂ©conise l'instauration d'une derniĂšre tranche d'impĂŽt sur le revenu Ă  100%. Selon Baptiste Mylondo, le revenu de base tel qu'il l'envisage remet en cause le chĂŽmage comme une institution artificielle qui maintient la population dans la peur du lendemain. Elle est compatible avec la capitalisme mais en Ă©branle tous les fondements. Quant Ă  AndrĂ© Gorz, prĂ©sentĂ© par Arthur Mignon comme un philosophe Ă©co-socialiste, il Ă©tait favorable au partage du temps de travail une libre rĂ©partition du nombre d'heures affectĂ©es pour la vie active. Puis, il s'est rangĂ© du cĂŽtĂ© d'un revenu de base inconditionnel sans contrepartie en constatant que raisonner par nombre d'heures de travail n'avait plus de sens dans un contexte post-fordiste. Il Ă©tait une remise en cause des fondements du capitalisme mais pas de la monnaie dont les Etats n'avaient plus le monopole de crĂ©ation. Les banques commerciales la crĂ©aient grĂące au crĂ©dit constituĂ© de 3 parties l'emprunt lui-mĂȘme, les intĂ©rĂȘts, qui servent surtout Ă  enrichir les banquiers mais aussi Ă  produire des piĂšces et billets, et les assurances sur le crĂ©dit pour se prĂ©munir des dĂ©fauts de paiement et protĂ©ger les profits. Le systĂšme perdurait du fait de l'existence du crĂ©dit. Ces notions ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©es par GĂ©rard Foucher dans Les secrets de la monnaie et qui a donnĂ© une confĂ©rence gesticulĂ©e Ă  PĂ©rigueux en 2014. Il propose de remplacer la monnaie dette par une monnaie libre de dette la monnaie Ă  dividende universel. Quant Ă  StĂ©phane Laborde, il dĂ©veloppe la ThĂ©orie relative de la monnaie. Il pense qu'il ne faut pas confier le monopole de la crĂ©ation monĂ©taire aux banques mais aux individus sous forme d'un revenu de base. La monnaie serait créée avec ce revenu. Plus la masse monĂ©taire est importante, plus le montant du revenu de base versĂ© rĂ©guliĂšrement Ă  chaque partie prenante du systĂšme est Ă©levĂ©. L'unitĂ© de compte est le revenu de base lui-mĂȘme. Quant Ă  l'association Positive Money, elle lutte contre le programme d'assouplissement quantitatif Quantitative Easing lancĂ© par la Banque Centrale EuropĂ©enne et milite en faveur d'une politique alternative la BCE financerait des investissements publics ou distribuerait de l'argent Ă  tous les citoyens sous forme d'un revenu de base. Pour Arthur Migon, alors que dans le systĂšme actuel, on dĂ©finit qui a droit Ă  l'argent redistribuĂ©, avec les monnaies libres Ă  dividende universel, tout le monde a droit Ă  l'argent de façon inconditionnelle. Donner ce revenu aussi aux riches casserait le rapport de domination que l'argent entretient, un de ses rĂŽles fondamentaux au-delĂ  de couvrir un besoin. Pour l'intervenant, instaurer un systĂšme de gratuitĂ© oĂč il n'existe plus de fraudeur ni de voleur est une maniĂšre d'abattre la sociĂ©tĂ© de classe. Nadja Martinez a ensuite commentĂ© le film. Le salaire Ă  vie est l'une des options possibles pour changer le systĂšme. Il n'est pas question de le mettre en opposition avec le revenu de base, d'autant que tous deux ont les mĂȘmes ambitions se libĂ©rer du marchĂ© de l'emploi, dĂ©connecter la population de son aliĂ©nation Ă  la surproduction marchande en tant que producteur et consommateur, permettre de faire des choses qui paraissent utiles, dĂ©cider de ce que l'on produit, comment et pourquoi. Selon elle, le salaire Ă  vie va plus loin dans son rapport au capital et semble plus long Ă  mettre en place que le revenu de base, parce que celui-ci pose simplement la question du partage des richesses. Le Quai s'est intĂ©ressĂ© Ă  cette question car il renvoie Ă  la situation des artistes qui bĂ©nĂ©ficient en France du rĂ©gime de l'intermittence. Celui-ci reconnaĂźt un temps de crĂ©ation qui doit ĂȘtre rĂ©munĂ©rĂ© sans que cela gĂ©nĂšre immĂ©diatement une production. En son absence, la crĂ©ation risque d'ĂȘtre l'apanage d'un groupe de rentiers loin de la contre-culture et peu enclin Ă  soulever des questions qui traversent une sociĂ©tĂ© de classe. La prĂ©sidente du Quai a ensuite choisi de prĂ©ciser des termes abordĂ©s dans le film, comme celui de la valeur ajoutĂ©e qui est produite par les forces de travail et reprĂ©sente le chiffre d'affaire d'une entreprise, ses consommations intermĂ©diaires dĂ©duites. Le capital est rĂ©munĂ©rĂ© sous forme de dividendes et d'intĂ©rĂȘts d'emprunts qui reprĂ©sentent 700 milliards pour 2000 milliards produits, le reste Ă©tant redistribuĂ© en salaires et cotisations. En mettant fin Ă  la propriĂ©tĂ© lucrative, on met fin Ă  cette ponction et le travail est envisagĂ© comme une activitĂ© et non comme un emploi qui enlĂšve le statut de producteur quand on n'en a plus. Dans le salaire Ă  vie, le travail englobe toutes les activitĂ©s humaines comme productrices de valeur d'usage. La cotisation est prĂ©fĂ©rable Ă  l'impĂŽt car celui-ci est ponctionnĂ© sur les revenus une fois distribuĂ©s distribution secondaire tandis que le premier l'est par distribution primaire. L'impĂŽt implique de reconnaĂźtre la propriĂ©tĂ© privĂ©e lucrative. Les cotisations Ă©tant prĂ©levĂ©es sur la valeur ajoutĂ©e, elles ne sont pas une dĂ©pense, idĂ©e vĂ©hiculĂ©e par les mĂ©dias dominants, mais une redistribution, d'autant plus si l'on reconnaĂźt la valeur d'usage et la production non marchande dans la valeur Ă©conomique. La propriĂ©tĂ© lucrative ayant disparue, les travailleurs deviennent propriĂ©taires de leurs moyens de production. RĂ©seau salariat est une association d'Ă©ducation populaire visant l'institution d'un statut politique du producteur, donnant droit Ă  un salaire Ă  vie attachĂ© Ă  la qualification personnelle qui donne donc un salaire diffĂ©rent. Suite Ă  cette intervention, le dĂ©bat Ă©tait lancĂ© avec la salle. Une question a Ă©tĂ© posĂ©e sur la position des gouvernements concernant ces sujets. En Suisse, une votation a eu lieu le 5 juin pour inscrire ou non le revenu inconditionnel et universel dans la Constitution et instaurer ensuite une loi mais elle a rejetĂ© le projet. En France, le Premier ministre, aprĂšs avoir parlĂ© de revenu de base ciblĂ©, a Ă©voquĂ© un revenu universel. Le MFRB a quelques dĂ©fenseurs parmi les dĂ©putĂ©s de gauche comme de droite qui ont fait des propositions de loi ou amendements mais pour l'instant sans suite. On peut citer FrĂ©dĂ©ric Lefebvre des RĂ©publicains, Delphine Batho, Isabelle Attard, proche de JosĂ© BovĂ©. La stratĂ©gie du MFRB se situe aussi Ă  l'Ă©chelle rĂ©gionale et locale. EELV a lancĂ© une Ă©tude de faisabilitĂ© pour automatiser le RSA sans que l'usager n'ait de dĂ©marches Ă  faire. C'est un premier pas vers l'instauration de ce revenu. Logo du Mouvement Français pour le Revenu de Base Un bibliothĂ©caire fonctionnaire a tĂ©moignĂ© de sa situation ayant vu sa bibliothĂšque fermĂ©e, et privĂ© de tĂąche, il est devenu malade de ne pas travailler. Il constatait qu'il Ă©tait plus actif en arrĂȘt maladie qu'au travail. A l'inverse, une travailleuse sociale a dĂ©clarĂ© ĂȘtre "en suractivitĂ©" et s'est dit intĂ©ressĂ©e par ce revenu qui lui permettrait d'envisager son travail diffĂ©remment, notamment en l'orientant vers un accompagnement plus humain, moins axĂ© sur l'Ă©valuation des situations de personnes susceptibles de rentrer ou non dans des dispositifs. Une fois le revenu de base acquis, on en ferait que l'on voudrait car il serait neutre non assorti d'obligations. Une autre membre du public se prĂ©sentant comme "en marge du marchĂ© de l'emploi" a insistĂ© sur l'importance de ce revenu qui permettait de favoriser le dĂ©veloppement personnel, dont Ă©taient soucieux un nombre croissant d'individus, a constatĂ© Erwan Dubarry Baete. Le dĂ©bat a ensuite portĂ© sur le salaire Ă  vie diffĂ©rent en fonction du grade, sachant que le 1er grade commencerait Ă  1500 euros. L'idĂ©e dĂ©veloppĂ©e par Bernard Friot lui aurait Ă©tĂ© inspirĂ©e par sa propre situation de fonctionnaire universitaire. Bernard Friot Nadja Martinez a expliquĂ© que l'Ă©volution de ces grades et les rĂ©munĂ©rations affĂ©rentes seraient dĂ©cidĂ©es dĂ©mocratiquement. Une personne a considĂ©rĂ© que le revenu de base laissait la possibilitĂ© de prendre un travail ou pas et permettait de renouer avec une certaine libertĂ© telle qu'elle existait dans les annĂ©es 70, Ă©voquĂ©e par une autre personne. Arthur Mignon est revenu sur les deux modes de financement du revenu de base les prĂ©lĂšvements obligatoires comme les impĂŽts et la rĂ©forme de la crĂ©ation monĂ©taire qui ne serait plus le privilĂšge des banques formant actuellement une sorte d'"Etat financier". La crĂ©ation de la monnaie se ferait en dividende universel. L'Association pour l'Ă©conomie distributive plaidait dans ce sens. Erwan Dubarry Baete, se voulant rassembleur sur les deux propositions du salaire Ă  vie et du revenu de base en montrant qu'elles permettaient toutes les deux de pouvoir subvenir Ă  ses besoins, s'est demandĂ©, malgrĂ© tout, si le revenu de base n'Ă©tait pas la roue de secours du capitalisme. En effet, pour le Medef, le revenu de base permettrait de diminuer le salaire minimum. Par ailleurs, croire que l'on retrouverait le plein-emploi Ă©tait une hĂ©rĂ©sie. Les questions de l'activitĂ© et de l'emploi ont Ă©tĂ© ensuite distinguĂ©es, la situation de chĂŽmage n'empĂȘchant pas d'ĂȘtre actif dans la sociĂ©tĂ©, par exemple. Une personne a ainsi dĂ©clarĂ© qu'elle n'avait "pas envie de travailler mais de contribuer". Plusieurs intervenants ont semblĂ© d'accord pour affirmer la nĂ©cessitĂ© de se libĂ©rer du capitalisme, de sortir de l'esclavage. Un homme s'est toutefois montrĂ© pessimiste en faisant allusion Ă  la loi El Khomry qui risquait de dĂ©truire la sĂ©curitĂ© au travail et ne voyait pas comment le revenu de base pourrait advenir dans la sociĂ©tĂ© telle qu'elle fonctionnait. Puis, le dĂ©bat s'est rĂ©orientĂ© sur la question de la monnaie qui aurait pu faire l'objet d'une soirĂ©e entiĂšre de discussions. Elle Ă©tait Ă©minemment politique, supposait une refonte de la sociĂ©tĂ©. Pour Arthur Mignon, instaurer la gratuitĂ© de l'argent Ă©tait une maniĂšre de saper les bases culturelles de la sociĂ©tĂ© et de dĂ©truire le clivage entre les sans-emplois et ceux qui y avaient accĂšs. La remise en cause du capitalisme Ă©tait plus longue. Une jeune femme impliquĂ©e dans une association oĂč se cĂŽtoyaient salariĂ©s et bĂ©nĂ©voles a montrĂ© combien, au regard des missions de cette structure, ce qui importait Ă©tait la conviction de chacun, pas le statut. Le revenu de base permettrait d'ĂȘtre libĂ©rĂ© de ce rapport au salariat et de se concentrer sur le sens du travail lui-mĂȘme. Arthur Mignon a conclu la soirĂ©e par quelques citations Ă  mĂ©diter et Nadja Martinez a rappelĂ© le souci du Quai d'oeuvrer Ă  l'Ă©ducation populaire et d'accĂ©der gratuitement Ă  la culture. Cette soirĂ©e-dĂ©bat en Ă©tait un exemple. Texte et photos sauf copyright contraire Laura Sansot etles femmes et la libertĂ© de chacun y compris dans le choix de son mode de vie. Il appartient Ă  l’école de faire vivre ces valeurs, de dĂ©velopper et de conforter le libre arbitre de chacun, de garantir l’égalitĂ© entre les Ă©lĂšves et de promouvoir une fraternitĂ© ouverte Ă  tous. En protĂ©geant l’école des revendications communautaires, la loi conforte son rĂŽle Chers fans de CodyCross Mots CroisĂ©s bienvenue sur notre site Vous trouverez la rĂ©ponse Ă  la question Mode de vie des artistes en marge de la sociĂ©tĂ© . Cliquez sur le niveau requis dans la liste de cette page et nous n’ouvrirons ici que les rĂ©ponses correctes Ă  CodyCross Saisons. TĂ©lĂ©chargez ce jeu sur votre smartphone et faites exploser votre cerveau. Cette page de rĂ©ponses vous aidera Ă  passer le niveau nĂ©cessaire rapidement Ă  tout moment. 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If you provide content to customers through CloudFront, you can find steps to troubleshoot and help prevent this error by reviewing the CloudFront documentation. Generated by cloudfront CloudFront Request ID Hv10lb5i_J6HCuQWHlUG2zPcYL1OIW7LCjV2L3NA_6z4A1o5PXKw5w== En1932, le ComitĂ© central du Parti communiste promulgua une rĂ©solution restructurant les organisations artistiques. Staline devenait le seul hĂ©ros Ă  glorifier. Il fallait que les arts s’y plient. Certes, la mainmise du pouvoir sur la culture n’empĂȘchait pas des poches de rĂ©sistances. Mais le pli de la rĂ©action Ă©tait pris.

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE Les codirecteurs de l'OFFTA, Vincent de Repentigny et Jasmine Catudal, et une des crĂ©atrices, Monia Chokri. En marge du Festival TransAmĂ©riques, l'OFFTA propose de nouveau cette annĂ©e une Ă©dition consacrĂ©e Ă  la jeune crĂ©ation d'avant-garde en théùtre, en danse et en performance. Ce festival d'arts vivants se dĂ©roulera du 27 mai au 1er juin. Il met en scĂšne plusieurs artistes locaux ayant en commun une dĂ©marche qui privilĂ©gie le risque et le dĂ©cloisonnement des pratiques artistiques. Parmi les crĂ©ateurs qui font partie de la programmation de cette huitiĂšme prĂ©sentation, concoctĂ©e par les codirecteurs de l'OFFTA, Jasmine Catudal et Vincent de Repentigny, mentionnons Monia Chokri, RaphaĂ«lle de Groot, Navet Confit et Caroline Laurin-Beaucage. Les Ă©vĂ©nements sont prĂ©sentĂ©s dans 10 lieux du centre-ville. Une soirĂ©e de clĂŽture hors normes » se tiendra Ă  l'Ă©glise Sainte-Brigide de Kildare avec, entre autres, des performances d'Étienne Boulanger et de Julie-AndrĂ©e T. À noter, l'OFFTA offre des laissez-passer individuels qui donnent droit Ă  un accĂšs illimitĂ© Ă  tous les spectacles pour 60 $. Les laissez-passer et les billets de cette 8e Ă©dition sont en vente Ă  la billetterie centrale du OFFTA au Monument-National. Pour plus de renseignements Cinq Ă©vĂ©nements Ă  ne pas manquer MIXOFF Comme le nom l'indique, les MixOff invitent des artistes issus de diverses disciplines l'espace d'un happening » unique oĂč se rencontrent des univers et des sensibilitĂ©s artistiques. Le groupe indie-folk Dear Criminals s'associe donc Ă  l'actrice et cinĂ©aste Monia Chokri pour une foire agricole », Ă  l'occasion de la soirĂ©e d'ouverture, le 27 mai, au Monument-National, Ă  21 h. SOIRÉE QUI GOÛTE LE MAUVE La directrice artistique de Zone HoMa, Mellissa LariviĂšre, prĂ©sente SoirĂ©e qui goĂ»te le mauve, le 28 mai Ă  20 h, au Théùtre Aux Écuries. L'interprĂšte de formation veut dresser un portrait, un instantanĂ© », de ce qui Ă©merge de la jeune scĂšne montrĂ©alaise en danse, en théùtre et en performance. Avec Cube blanc, l'auteur et metteur en scĂšne Gabriel Plante tentera de nous reconnecter avec l'Autre et l'inaccessible ». Son oeuvre, Ă  mi-chemin entre le théùtre et les arts visuels, mise sur le talent et l'intĂ©gritĂ© » d'artistes provenant de milieux diffĂ©rents, dans le but de faire naĂźtre un nouveau langage. À La Licorne, les 28 et 29 mai, 18 h. PAN/POP/R FANTASMAGORIE SUR LÉON THÉRÉMINE Dans un presque Ă©quilibre communiste », une petite communautĂ© de six artistes Maxime Carbonneau, Navet Confit, Charles Dauphinais, Simon-Pierre Lambert, Mellissa LariviĂšre, Patrice Charbonneau-Brunelle dirige une biographie fantasmĂ©e d'un rĂ©volutionnaire. Pan/Pop/R Fantasmagorie sur LĂ©on ThĂ©rĂ©mine promet de secouer le théùtre La Licorne, les 30 et 31 mai, Ă  22 h. Mix Off 2 rĂ©unit l'auteur, performeur et pamphlĂ©taire Jacob Wren Hospitality et l'artiste visuelle RaphaĂ«lle de Groot pour une performance/vente-dĂ©barras qui se veut une rĂ©flexion sur la notion d'errance et de l'appartenance territoriale ». Ça se passe au Théùtre d'Aujourd'hui le 31 mai dĂšs 11 h.

DĂ©jĂ Ă  l’ùre des pierres, des tribus, en marge de leurs activitĂ©s de chasse et de pĂȘche, commençaient Ă  graver sur des roches des signes, des reprĂ©sentations de leur totem, qui devenaient plus tard les premiers Ă©crits de la langue pictographique. Il s’agissait d’une inscription, et par lĂ , d’une communication et d’une transmission des scĂšnes du travail et

Face Ă  l'explosion de popularitĂ© de l'application de vidĂ©oconfĂ©rence Zoom, les autoritĂ©s amĂ©ricaines s'inquiĂštent des garanties pour le respect de la vie privĂ©e offertes par ce service. Un recours collectif en justice a mĂȘme Ă©tĂ© dĂ©posĂ© lundi, arguant que Zoom avait partagĂ© sans autorisation des donnĂ©es personnelles avec Facebook. Le service est utilisĂ© par des professeurs qui doivent donner des cours Ă  distance, des artistes qui font des performances en direct, des amis qui veulent fĂȘter un anniversaire ensemble mĂȘme s'ils sont Ă  des kilomĂštres les uns des autres, confinĂ©s chez eux par ces temps de lutte contre le Covid-19. Mais Zoom, l'application de vidĂ©oconfĂ©rence qui a le vent en poupe actuellement, intĂ©resse aussi les autoritĂ©s judiciaires amĂ©ricaines. Un recours collectif en justice a Ă©tĂ© dĂ©posĂ© en Californie, lundi 30 mars, arguant que l'application avait partagĂ© illĂ©galement des donnĂ©es personnelles sensibles avec Facebook. Le mĂȘme jour, le bureau du procureur gĂ©nĂ©ral de New York a envoyĂ© une lettre Ă  la start-up amĂ©ricaine pour obtenir des Ă©claircissements sur la maniĂšre dont la vie privĂ©e des utilisateurs est protĂ©gĂ©e. Car la folle success-story de Zoom depuis le dĂ©but de l'Ă©pidĂ©mie de coronavirus a attirĂ© l'attention, aussi bien des organisations de dĂ©fense de la vie privĂ©e en ligne que des pirates informatiques. Les Ă©quipes de l'appli de vidĂ©oconfĂ©rence ont dĂ» modifier en toute hĂąte certaines des fonctions les plus discutables, il reste cependant des zones d'ombre qui pourraient valoir Ă  la sociĂ©tĂ©, créé il y a neuf ans, une enquĂȘte en bonne et due forme des autoritĂ©s minĂ© pour la vie privĂ©eJusqu'Ă  la semaine derniĂšre, les quelques 15 millions d'utilisateurs avançaient en terrain trĂšs minĂ© pour leur vie privĂ©e lorsqu'ils rejoignaient Zoom pour une rĂ©union de travail virtuelle avec des collĂšgues ou cherchaient simplement Ă  maintenir un semblant de lien social en organisant un chat vidĂ©o Ă  plusieurs. La longue liste des soucis avait donnĂ© lieu Ă  un rapport au vitriol, le 24 mars, du trĂšs respectĂ© Consumer Report, Ă©quivalent amĂ©ricain de 60 Millions de consommateurs. Zoom ne se contentait pas des utilisations Ă  des fins publicitaires de certaines informations personnelles qui sont monnaie courante dans la Silicon Valley. Les rĂšgles de politique de confidentialitĂ© indiquent aussi que le service peut "partager avec des tierces entreprises" le contenu des discussions et les d'autres termes, une sĂ©ance de psychanalyse tenue en utilisant zoom ou encore les rĂ©ponses d'Ă©coliers durant un cours Ă  distance pourraient ĂȘtre utilisĂ©es par des publicitaires. Pire, ces images seraient, en thĂ©orie, susceptibles d'ĂȘtre exploitĂ©es par des sociĂ©tĂ© travaillant sur des logiciels de reconnaissance faciale, souligne le Consumer Report. Une analyse de l'application par le site amĂ©ricain Vice a aussi dĂ©montrĂ© que Zoom prĂ©parait un rapport personnalisĂ© sur chaque utilisateur spĂ©cifiquement pour Facebook."Zoom ne fait pas forcĂ©ment tout ça, mais les termes et services de son application lui donnent une grande marge de manƓuvre en la matiĂšre", Ă©crit Bill Fitzgerald, spĂ©cialiste des questions de vie privĂ©e pour le Consumer start-up n'est pas la seule Ă  avoir un grand pouvoir sur le contenu des vidĂ©os. Les administrateurs de chaque session comme des employeurs qui organisent une rĂ©union par exemple peuvent rĂ©cupĂ©rer l'intĂ©gralitĂ© de la vidĂ©oconfĂ©rence, peuvent savoir Ă  tout instant qui se connecte au service, et combien de temps il l'utilise. Zoom offre mĂȘme la possibilitĂ© d'ĂȘtre alertĂ© si un participant Ă  une vidĂ©oconfĂ©rence passe plus d'une trentaine de secondes Ă  vagabonder ailleurs sur Internet. Difficile, donc, de faire un petit dĂ©tour discrĂštement sur YouTube pendant qu'un collĂšgue fait une prĂ©sentation barbante
 Un niveau de flicage qui a alertĂ© les dĂ©fenseurs de la vie et webcam piratĂ©eCritiquĂ© de toute part, Zoom a procĂ©dĂ© Ă  une importante mise Ă  jour de ses conditions d'utilisation qui adresse la plupart des reproches, dimanche 29 mars. La jeune sociĂ©tĂ© s'est, notamment, engagĂ©e Ă  ne plus partager les informations personnelles avec Facebook et affirme, dorĂ©navant, que le contenu d'une vidĂ©o ne peut ĂȘtre utilisĂ© Ă  des fins les soucis de sĂ©curitĂ© informatique qui sont au cƓur de l'intĂ©rĂȘt portĂ© Ă  Zoom par le bureau du procureur gĂ©nĂ©ral de New York. "Nous aimerions savoir si les pratiques existantes en matiĂšre de sĂ©curitĂ© informatique sont suffisantes pour faire face Ă  l'augmentation soudaine en volume et en sensibilitĂ© des donnĂ©es qui transitent par les serveurs de Zoom", s'interroge l'autoritĂ© judiciaire derniers jours, des bidouilleurs informatiques ont dĂ©couvert une faille permettant de s'inviter Ă  une vidĂ©oconfĂ©rence sans y avoir Ă©tĂ© conviĂ© et de diffuser leur contenu sur l'un des Ă©crans partagĂ©s. Ce phĂ©nomĂšne, appelĂ© "Zoombombing", a envahi les classes virtuelles aux États-Unis des pirates informatiques viennent y projeter des vidĂ©os pornographiques ou Ă  caractĂšres racistes et antisĂ©mites. Ainsi, le 24 mars, un nĂ©onazi a interrompu un cours sur l'antisĂ©mitisme en exhibant un tatouage de croix gammĂ©e sur son torse, a rapportĂ© l'Anti-Defamation risque d'exposer les plus jeunes Ă  des contenus haineux ou sexuels a poussĂ© plusieurs Ă©coles amĂ©ricaines Ă  dĂ©conseiller l'utilisation de Zoom pour les cours Ă  distance. Un paradoxe pour le bureau du procureur de New York qui regrette que cet outil "parfaitement adaptĂ© pour assurer un suivi scolaire" durant la pĂ©riode de confinement risque de se retrouver boycottĂ© Ă  cause de failles de sĂ©curitĂ© ce n'est pas le seul problĂšme. L'an dernier, une brĂšche avait Ă©tĂ© dĂ©couverte dans l'application permettant Ă  des pirates informatiques de prendre le contrĂŽle des webcams utilisĂ©s par les participants Ă  une visioconfĂ©rence. Zoom n'avait corrigĂ© le problĂšme que 90 jours aprĂšs en avoir Ă©tĂ© informĂ©. Pour le bureau du procureur de New York, cette lenteur Ă  rĂ©agir n'est pas de bon augure maintenant que Zoom a envahi des millions de foyers Ă  travers le monde. C'est pourquoi, il voudrait s'assurer que le service a fait un mĂ©nage le plus complet possible des Ă©ventuelles failles qui pourraient ĂȘtre exploitĂ©s par des acteurs a assurĂ© vouloir "coopĂ©rer pleinement" avec les autoritĂ©s. La start-up semble dĂ©terminĂ©e Ă  rĂ©agir face aux critiques afin de ne pas ternir sa rĂ©putation Ă  un moment clef pour sa croissance. Mais qu'en est-il des pratiques de ses concurrents – les Houseparty, Bunch et autres – qui gagnent aussi en popularitĂ© sans ĂȘtre soumis Ă  la mĂȘme vigilance des autoritĂ©s ? Autant de services qui, bien qu'utiles en cette pĂ©riode de confinement, risquent d'ajouter un nouveau niveau de surveillance, que ce soit par les publicitaires ou les employeurs. AprĂšs les États qui utilisent de plus en plus les donnĂ©es tĂ©lĂ©phoniques pour s'assurer du respect des rĂšgles de confinement, ces outils de vidĂ©oconfĂ©rence sont une nouvelle dĂ©monstration de l'un des paradoxes de cette Ă©pidĂ©mie plus les individus doivent s'isoler, moins ils semblent avoir de vie privĂ©e.
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